Minh Tu est montée jusqu’au Mât au drapeau de Lung Cu, sur la montagne Rông (à 1.700 m d’altitude), point le plus septentrional du pays. |
Photo : CTV/CVN |
Pendant un mois et demi, de mi-mars à fin avril 2015, à califourchon sur une moto Rebel, Minh Tu a sillonné le Vietnam, du Sud au Nord et vice-versa. «Le pays est magnifique. Chaque région a ses charmes. Je suis ravie d’être allée un peu partout et d’avoir découvert des choses merveilleuses», confie-t-elle, enthousiaste.
Courageuse et un brin téméraire
Originaire de Hô Chi Minh-Ville, Van Thi Minh Tu est partie aux États-Unis avec ses parents à l’âge de 16 ans. La jeune fille a rapidement fait preuve d’un caractère bien trempée, notamment dans son choix de carrière : le 7e art. «Après avoir obtenu mon diplôme universitaire en économie, j’ai décidé de me tourner vers la cinématographie. Pour avoir de quoi continuer mes études, j’ai fait divers boulots, comme mannequin pour des pubs, serveuse», raconte-t-elle.
Une fois sa situation professionnelle bien assise, Minh Tu décide d’assouvir sa soif de voyage, aux États-Unis d’abord. Au printemps 2014, à bord d’une voiture, la Viêt kiêu est partie à la découverte de son pays d’accueil. En deux mois, elle a traversé 34 États.
Le succès de ce voyage lui en a inspiré un autre : traverser le Vietnam.
Son pays d’origine, elle y était revenue 16 fois, pour revoir la famille surtout. Elle en avait profité pour visiter certaines villes comme Hanoi, Dà Nang (Centre) mais «c’était vraiment insuffisant pour moi qui souhaitait découvrir le Vietnam profond», explique Minh Tu.
Voyager, pour Minh Tu, c’est vivre pleinement. On part à la découverte des autres, mais c’est surtout soi-même que l’on découvre. |
Au printemps 2015, elle revient au Vietnam avec un projet de voyage au long cours. Elle l’explique à un cousin qui se propose de lui prêter une moto Rebel, mieux adaptée aux routes de campagne que les classiques scooters et mobylettes des villes. «J’ai choisi l’aventure à moto, plutôt que le bus. Voyager à moto est en vogue parmi les jeunes Vietnamiens. Mais à la différence d’eux qui partent toujours en groupe, j’ai décidé de partir seule», dit-elle avec un sourire malicieux. Une décision plutôt téméraire, car «contrairement à la plupart des voyageurs à moto, je n’avais et n’ai toujours aucune connaissance en mécanique», avoue-t-elle.
À la découverte des autres et de soi-même
Minh Tu démarre son périple le 13 mars, à Hô Chi Minh-Ville. L’itinéraire est simple : nationale 1 le long de la côte vers le Nord, Hanoi, Hai Phong, provinces montagneuses de l’extrême Nord. Puis retour à travers les hauts plateaux du Centre, les provinces du delta du Mékong jusqu’à Cà Mau, à l’extrémité Sud du pays.
Chaque jour, la motarde roule 150-200 km. L’endroit de son repos nocturne est aussi celui de la découverte. Parfois, elle s’arrête un ou deux jours pour découvrir un coin qui lui plaît. «Je suis rentrée en contact avec des clubs d’amateurs de motos. Mes nouveaux amis m’ont accueillie à bras ouverts, et ont accepté de bon gré d’examiner ma Rebel», confie-t-elle.
Le Mât au drapeau de Lung Cu, sur la montagne Rông, point le plus septentrional du pays. |
La première nuit de son long séjour, Minh Tu l’a passée à Dai Lanh, province de Phu Yên, endroit le plus avancé vers la Mer Orientale. Là, elle a visité une école primaire, construite il y a quelques années grâce au don d’une amie new-yorkaise. Dans la province de Quang Binh (Centre), à Vung Chua face à la Mer Orientale, Minh Tu a été se recueillir sur la tombe du général Vo Nguyên Giap. Plus au Nord, dans la province de Nghê An (Centre), elle s’est arrêtée au village de Sen, pour visiter le lieu où Hô Chi Minh vécut ses premières années. C’est également la terre natale du père de la jeune Viêt kiêu.
Le coin qu’elle a le plus aimé ? Sans hésiter : «les provinces montagneuses septentrionales, qui m’ont beaucoup impressionnée». Elle se souvient de l’hospitalité et des visages souriants des habitants d’ethnie Thai du village de Lac, à Mai Châu, province de Hoà Binh (Nord). Passant par le col de Ma Pi Leng, Minh Tu est entrée dans le Géoparc du haut plateau de Dông Van, dans la province de Hà Giang (Nord). C’est l’un des 66 géoparcs mondiaux et l’un des rares à être habités. Elle est ensuite montée jusqu’au Mât au drapeau de Lung Cu, sur la montagne Rông (à 1.700 m d’altitude), point le plus septentrional du pays. «Là, j’ai pu embrasser du regard un paysage magnifique. Et contempler avec fierté le grand drapeau rouge frappé de l’étoile jaune ondulant dans le vent», s’exclame-t-elle.
Sur le chemin du retour vers le Sud, la jeune motarde a pris la route Hô Chi Minh qui, contrairement à la côtière nationale 1, est beaucoup moins fréquentée et traverse le Vietnam de l’intérieur. Elle a fait une halte dans la ville de Buôn Ma Thuôt, province de Dak Lak, capitale nationale du café. «J’aime le café, notamment celui de Buôn Ma Thuôt. Cette ville a préservé ses paysages sauvages. J’ai pu ressentir l’ambiance paisible d’une localité en pleine mutation», observe-t-elle.
Le voyage de découverte de Minh Tu a continué dans le delta du Mékong, pays du riz, des fruits et de l’eau. «Voyager, pour moi, c’est vivre pleinement. On part à la découverte des autres, mais c’est surtout soi-même que l’on découvre. Chaque rencontre est enrichissante», conclut la motarde.