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Le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif à Genève, le 9 janvier. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Une délégation du FMI est arrivée mardi 31 janvier à Islamabad pour négocier le versement d'une nouvelle tranche d'aide financière, dans le cadre d'un programme suspendu depuis des mois.
Le gouvernement pakistanais a tout fait pour éviter l'amère potion du FMI - qui réclamait la fin des subventions au secteur de l'énergie et des interventions sur le marché des changes, ainsi que la hausse des taxes -, par peur d'en payer le prix dans les urnes lors des élections législatives en fin année. Mais il a finalement dû se rendre à l'évidence.
"Je ne vais pas rentrer dans les détails, mais simplement dire que notre défi économique est inimaginable. Les conditions du FMI que nous allons devoir accepter dépassent l'imagination. Mais nous devrons les accepter", a déclaré M. Sharif à la télévision, depuis la ville de Peshawar (nord-ouest).
L'économie du cinquième pays le plus peuplé au monde s'est effondré parallèlement à une crise politique latente, avec une chute de la roupie et une inflation qui atteint des niveaux inégalés depuis des décennies, ainsi que des difficultés récurrentes à rembourser son énorme dette.
Les inondations dévastatrices de l'été dernier et une importante pénurie d'énergie ont accentué la pression.
En janvier, la hausse des prix a atteint 27,55% sur un an, selon le bureau des statistiques, un pic depuis mai 1975.
Jeudi 2 février, la banque centrale du Pakistan a annoncé que ses réserves de change avaient encore chuté, tombant à 3,1 milliards d'USD, soit à peine de quoi couvrir 18 jours d'importations, selon les analystes.
Pendant des mois, M. Sharif a refusé de se plier aux exigences du FMI, se tournant vers les pays amis du Golfe ou la Chine pour obtenir des prêts à meilleures conditions.
Mais les quelques nouvelles aides et facilités de paiement obtenues se sont révélées insuffisantes. Et face au risque que le Pakistan ne se retrouve en défaut de paiement, il a fini par céder sous la pression.
Pas d'autre alternative
Des repas gratuits sont proposés par des associations, à Karachi, le 1er février. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le gouvernement a finalement accepté de laisser le marché fixer librement le cours de la roupie, la faisant plonger la semaine dernière à un plus bas historique par rapport au dollar. Puis il a augmenté le prix de l'essence, au risque de s'aliéner un peu plus les électeurs.
Des concessions qui ont rendu possible la visite du FMI. Les discussions avec l'institution de Washington portent sur la reprise des versements d'un prêt échelonné de 6 milliards d'USD, accordé en 2019 et porté ultérieurement à 6,5 milliards. La moitié de cette somme seulement a pour l'instant été versée.
Mais le FMI veut de nouvelles hausses du coût de l'essence, du gaz et de l'électricité, pour s'attaquer au problème structurel de la "dette circulaire" du secteur énergétique, la réduction du déficit budgétaire, la fin des exonérations de taxes à l'export et une amélioration du recouvrement de l'impôt, a indiqué à l'AFP une source gouvernementale pakistanaise.
"Le Pakistan n'a pas d'autre choix, même si accepter les conditions du FMI aura des conséquences politiques pour les partis (de la coalition) au pouvoir", a déclaré Abid Hasan, un ancien économiste de la Banque mondiale.
"Accepter les conditions du FMI augmentera à coup sûr les prix", a-t-il ajouté. Mais le Pakistan "n'a pas d'autre alternative, sinon il y a la crainte d'une situation semblable à celle du Sri Lanka ou du Liban."
En raison de la pénurie de dollars, les banques refusent d'ouvrir de nouvelles lettres de crédit pour les importateurs, hormis pour les denrées alimentaires essentielles et les produits médicaux. Des milliers de conteneurs se retrouvent ainsi bloqués dans le port de Karachi.
L'industrie a lourdement payé ces blocages, en particulier dans le secteur du textile, dont plusieurs usines ont momentanément dû fermer leurs portes.
Le pays se débat aussi dans d'immenses difficultés d'approvisionnement énergétique, en raison d'infrastructures médiocres et d'une gestion défectueuse. La semaine dernière, une gigantesque panne d'électricité, causée par des mesures d'économies, a touché la majeure partie du pays pendant près d'une journée entière.
AFP/VNA/CVN