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Les M’nông s’affairent aux préparatifs du Nouvel An lunaire aussitôt la saison de la récolte terminée. Les personnes vivant et travaillant loin rentrent chez eux pour les retrouvailles familiales. Tout le monde met la main à la pâte. On décore sa maison mais on s’apprête également à abattre cochons et volailles, certains foyers plus aisés possédant même veaux et vaches.
Les festivités commencent généralement au 24e jour du dernier mois de l’année lunaire et durent jusqu’au 5e jour du premier mois du Nouvel An.
Maintenir la flamme pour une année faste
Une des traditions les plus singulières des M’nông est que pendant les premiers jours de l’année, les habitants doivent garder le feu du foyer allumé à tout moment. Ce dernier est considéré comme l’élément le plus important pendant ces quelques jours. Il est strictement interdit de l’éteindre ou partager la flamme avec d’autres familles, au risque de perdre sa bonne fortune. De plus, les aliments aussi sont cuits ou grillés sur ce brasier.
Afin d’obtenir de bons plats grillés, il faut que la flamme soit stabilisée, ce qui n’est pas chose facile et exige une grande habileté. Par ailleurs, la force du feu, qui doit être ni trop forte ni trop faible, influence grandement la saveur du plat. En ce qui concerne les boissons, l’alcool reste un indispensable pour régaler les invités.
À l’occasion du Têt, les M’nông confectionnent leur alcool à base de riz gluant, et non de simple riz blanc, de maïs ou de manioc comme à l’ordinaire. Les plats généralement servis aux invités pour accompagner le fameux breuvage sont notamment du poulet grillé, ou des plats à base de tripes, d’intestins, de foie et de sang de porc.
Les plats traditionnels des M’nông
Le plat "canh thut". |
Photo : BGL/CVN |
Le "canh thut" et le "biap pu" sont les deux plats phares du Têt de ce groupe ethnique des hauts plateaux du Centre.
Le premier est à base de feuilles de plantes de forêt, de piments frais, de pousses de bambou, de poissons séchés et de côtelettes de porc. Le caractère original de ce plat réside dans sa manière de préparation. D’abord, on doit aller chercher un Bambusa balcooa (une espèce de bambou) qui doit être ni trop jeune ni trop vieux, puis le couper en tronçons de 0,5 mètre de long qui serviront de récipients à la cuisson. Ensuite, on y verse les ingrédients puis on dépose le tout sur le feu. Pendant la cuisson, on utilise une baguette pour fréquemment remuer l’intérieur du tronçon pour s’assurer que tous les ingrédients soient bien cuits.
Le deuxième, quant à lui, est à base de feuilles, de riz, de peaux de bananes séchées, de viande de porc et de poisson. Il faut dans un premier temps mélanger des feuilles sèches avec du riz, puis pilonner le tout afin d’obtenir un mélange poudreux. On y verse ensuite de l’eau tiède avant de cuire le tout dans une casserole avec poisson et viande. Ce qui rend ce plat si particulier c’est qu’au lieu d’utiliser du sel comme épice, on brûle de la peau de banane séchée jusqu’à obtenir de la cendre. Pour finir, on la pilonne puis on verse de l’eau avant de filtrer. Ce que l’on obtient alors sert de condiment et est utilisé pour rendre le plat plus salé et savoureux.
Chez les M’nông, on considère qu’une jeune fille atteint l’âge de maturité une fois qu’elle parvient à cuisiner le biap pu. À ce moment-là, seulement elle est capable de fonder une famille et de gérer les tâches de la vie quotidienne.
Les M’nông préparent le riz gluant uniquement pendant les jours de fête du Nouvel An. Sa confection également sort de l’ordinaire ; on met du riz gluant et de l’eau dans de jeunes tronçons de bambou avant de les déposer sur le feu. Une fois bien cuit, la saveur du riz se mélange à celle du bambou ce qui lui donne un parfum particulier et des plus appétissants.
Pour les repas, les plats sont placés sur un plateau en bronze recouvert de feuilles de bananier. Ils doivent non seulement être bien présentés et goûteux, mais également exprimer la tradition et l’originalité de l’ethnie.