Attentats
Le mystère Abaaoud plane, l'état d'urgence renforcé en vote à l'Assemblée

Abdelhamid Abaaoud a-t-il été tué le 18 novembre dans l'assaut de Saint-Denis? Est-il en fuite? L'incertitude plane toujours le 19 novembre sur le sort du cerveau présumé des attentats du 13 novembre, tandis qu'un projet de loi renforçant l'état d'urgence est soumis au vote des députés.

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L'assaut mené le 18 novembre au petit matin par les policiers du Raid et de la BRI à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) visait celui qu'on surnomme, au sein de l'organisation État islamique, Abou Omar al-Baljiki ("le Belge" en arabe) et soupçonné d'être l'organisateur des plus sanglants attentats de l'histoire française qui ont fait au moins 129 morts et 352 blessés le soir du 13 novembre.

Cette opération a débouché sur l'arrestation de huit personnes, placées en garde à vue. Mais ni Abaaoud, ni Salah Abdeslam, autre suspect-clé toujours recherché, n'en font partie, a affirmé le 18 novembre le procureur de Paris François Molins.

Le Premier ministre, Manuel Valls, le 18 novembre à l'Assemblée
Photo : AFP/VNA/CVN

Les enquêteurs sont désormais suspendus aux conclusions des équipes de police technique et scientifique, engagées dans un laborieux travail d'identification des corps retrouvés sur place et sévèrement abîmés par les violentes fusillades et explosion.

M. Molins a fait état d'"au moins deux morts" parmi les occupants de l'appartement: un "corps criblé d'impacts" et inidentifiable visuellement, et une personne qui s'est faite exploser à l'arrivée des policiers d'élite, vraisemblablement celui d'une femme "mais ce point devra cependant être vérifié par l'examen des corps et des débris de corps", a-t-il précisé.

Le ministère de l'Intérieur n'a également "pas exclu" qu'un "troisième terroriste" ait pu être tué, les constatations étant compliquées par l'état des corps morcelés.

Abaaoud en France ?

La possible présence en France d'Abdelhamid Abaaoud, tête d'affiche du contingent des jihadistes francophones de l'EI, interroge et inquiète.

Selon François Molins, les enquêteurs ont recueilli lundi un témoignage "faisant état de la présence d'Abaaoud sur le territoire français". Ce témoignage, "qui a fait l'objet de nombreuses vérifications téléphoniques et bancaires", a abouti à l'assaut contre l'appartement de Saint-Denis.

Et "tout laisse à penser que (...) ce commando pouvait passer à l'acte", a ajouté le procureur de Paris.

La traque se poursuit par ailleurs contre Salah Abdeslam, 26 ans, soupçonné d'être un des membres du groupe qui a mitraillé vendredi les terrasses de cafés et restaurants parisiens, avec son frère Brahim Abdeslam, qui s'est fait exploser.

Il est activement recherché, notamment en Belgique où les attaques ont été organisées selon les autorités françaises et où il aurait été exfiltré le 14 novembre depuis Paris. Deux complices présumés de cette fuite, Mohammed Amri (27 ans) et Hamza Attou (20 ans), ont été arrêtés à Bruxelles et inculpés par la justice belge pour "attentat terroriste".

Un autre jihadiste non identifié serait aussi en cavale, à moins qu'il ne s'agisse d'un des deux complices présumés de l'exfiltration.

Plusieurs kamikazes ont déjà été identifiés, tous Français : Brahim Abdeslam (31 ans), Bilal Hadfi (20 ans), Samy Amimour (28 ans) et Omar Ismaïl Mostefaï (29 ans). Il reste notamment à mettre un nom sur un cinquième homme passé par la Grèce cet automne et auprès duquel a été retrouvé au Stade de France un passeport syrien à l'authenticité douteuse, dont les policiers ont diffusé la photo.

Autre individu dans le collimateur des enquêteurs: Fabien Clain, Français de la Réunion converti à l'islam et vétéran du jihadisme, qui a revendiqué les attaques au nom de l'EI dans un enregistrement.

Vers un état d'urgence renforcé

C'est dans ce contexte pesant que les députés votent le 19 novembre un projet de loi renforçant l'état d'urgence, décrété par François Hollande dès le 13 novembre.

Ce texte, qui devrait recevoir un très large assentiment de l'Assemblée avant d'être soumis le 13 novembre au vote du Sénat en vue d'une adoption définitive, prévoit la prolongation de l'état d'urgence pour une durée de trois mois à compter du 26 novembre, soit jusqu'à fin février.

Il élargit notamment le régime des assignations à résidence de personnes dangereuses à toute personne à l'égard de laquelle il existe des raisons sérieuses de penser que son comportement constitue une menace pour la sécurité et l'ordre public. Il n'est pas exclu que soit ajouté le 19 novembre le port d'un bracelet électronique ou allongée la durée de l'assignation au domicile, changements souhaités par Les Républicains.

Jusqu'à présent, la loi prévoyait, pendant l'état d'urgence, la possibilité d'assigner à résidence une personne "dont l'activité s'avère dangereuse" pour l'ordre public.

Alors que se multiplient les appels à fermer les mosquées et lieux de prières radicalisés et à expulser les imams étrangers extrémistes, le texte intègre également dans l'état d'urgence la dissolution de groupes et associations extrémistes participant à des actes portant une atteinte grave à l'ordre public, les facilitant ou y incitant.

Sur le front extérieur, les frappes aériennes en Syrie, accentuées depuis le 15 novembre en riposte aux attentats de Paris, se poursuivent.

Elles seront appuyées par l'arrivée "à la fin de la semaine" en Méditerranée orientale du porte-avions Charles-de-Gaulle qui a appareillé de Toulon le 18 novembre, a indiqué le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian.

Ce renfort va tripler la capacité de frappes française, avec un total de 38 avions dans la région.

Depuis le 15 novembre, les chasseurs français ont largué "une soixantaine de bombes sur le centre névralgique (de l'EI) à Raqa", dans le Nord de la Syrie, a affirmé M. Le Drian. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), les raids aériens français et russes ont causé en trois jours la mort de 33 jihadistes de l'EI.

AFP/VNA/CVN

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