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L’Italien Massimo Nizzora dans l’épreuve du Tu Linh Dao. |
Né au Vietnam, le maître Dinh Xuân Anh Tuân (58 ans, délégation Hoa Long Vo Dao, France) a quitté son pays natal il y a 47 ans. Pour son retour, il accompagnait de très jeunes élèves venus assister aux championnats du monde des arts martiaux traditionnels vietnamiens. Ce qui a fait monter en lui des émotions indescriptibles. «J’ai appris de nombreux types d’arts martiaux, mais aucun ne me comblait vraiment. Lorsque je me suis mis aux arts martiaux traditionnels vietnamiens, je me suis senti transformé et plus efficace. De plus, le fait de les pratiquer me permet de me rapprocher du pays qui m’a vu naître. Pour moi, c’est une philosophie de vie».
Et le «virus» ne touche pas que des Vietnamiens expatriés. Exemple avec Joël Irigo, 22 ans, étudiant à l’université des sports, en Côte-d’Ivoire : «J’apprends les arts martiaux vietnamiens pour une simple et bonne raison : la diversité de techniques qu’ils proposent».
Cet événement sportif international, organisé tous les deux ans, lui a permis de rencontrer de nombreux passionnés comme lui. Joël Irigo espère revenir de son séjour au Vietnam avec un bagage technique supplémentaire. Il veut aussi en apprendre plus sur les valeurs culturelles que véhicule cette combinaison de disciplines.
La jeune Parisienne Emilie Noreira, 16 ans, a fait la découverte des arts martiaux vietnamiens tout à fait fortuitement, grâce à ses parents qui l’ont envoyée dans une école pour améliorer ses aptitudes physiques. Elle avait alors 12 ans. Aujourd’hui, le Vietnam n’a plus de secrets pour elle : «J’ai fait dix séjours au Vietnam. J’ai visité beaucoup de lieux et de sites intéressants, entrecoupés d’entraînements avec mes amis vietnamiens. Ici, il y a beaucoup de différences par rapport à la France, notamment en ce qui concerne la circulation et la météo. Les Vietnamiens sont enthousiastes et super sympas !».
Fair-play, tolérance et elegance
Des pratiquants israéliens. |
De nombreuses délégations étrangères sont venues dix jours avant l’ouverture des championnats des arts martiaux traditionnels, afin de perfectionner leurs compétences et leurs propres numéros pour la cérémonie d’ouverture, mais aussi de s’imprégner de l’atmosphère environnante. «L’organisation vietnamienne était tout simplement parfaite. La soirée d’ouverture était grandiose, spectaculaire. J’ai été impressionné par les numéros des élèves de Hô Chi Minh-Ville. La prestation de Van Lang Vo Dao a été bonne également et nous sommes fiers d’avoir contribué au succès de l’ouverture», a indiqué Rafiq Benjelloun (54 ans), un membre du groupe Van Lang Vo Dao (Maroc).
Rafiq Benjelloun a découvert les arts martiaux vietnamiens au cours de son enfance. Mais, pour diverses raisons, l’expérience a tourné court. Il a repris sur le tard, il y a cinq ans environ, en s’inscrivant à l’école Van Lang Vo Dao. Au Maroc, de nombreuses écoles de vovinam se sont ouvertes avec toujours plus d’adeptes.
Après une dizaine de journées d’entraînement - et des heures supplémentaires pour les plus assidus - sous les conseils avisés des maîtres vietnamiens, ces derniers ont estimé que leurs disciples étrangers étaient aptes à mettre en pratique les nouvelles techniques assimilées.
«J’aime beaucoup ce sport, mais les techniques sont difficiles à apprendre. Ici, j’ai suivi des cours, entouré d’ados vietnamiens. Mais il n’y a pas de honte à cela, quand on voit le panel de techniques qu’ils possèdent par rapport à moi...», s’amuse l’Italien Massimo Nizzola, 65 ans.
Au-delà de la compétition, ces championnats des arts martiaux traditionnels vietnamiens ont fait avant tout office de lieu de rencontres, avec une foule cosmopolite mue par l’amour d’un même sport qui prône le fair-play, la tolérance, l’élégance et l’humanité.
Croire au développement du vovinam
Démonstration de jeunes Vietnamiens. |
Cette grande compétition organisée à Hô Chi Minh-Ville a prouvé une chose : le respect et la passion des adeptes étrangers pour cet ensemble de pratiques martiales. Beaucoup ont pris des congés sans solde pour faire partie de ce voyage initiatique, qu’ils ont le plus souvent financé sur leurs propres deniers. Au regard de l’engouement suscité, les maîtres vietnamiens d’outre-mer et du Vietnam ne se font plus d’inquiétude quant à l’essor du vovinam à travers le monde, qui suscite même des vocations, comme chez ce jeune Moscovite de 12 ans, Oleg Popov. «Je veux devenir un grand maître des arts martiaux vietnamiens pour pouvoir le propager à travers la Russie. Je veux aussi apprendre l’esprit et mettre en pratique les valeurs que véhicule le vovinam comme l’héroïsme, la solidarité, la tolérance et le fair-play pour tous».
«Quand on voit l’attitude qu’a eue l’ensemble des participants à l’événement, on ne peut qu’applaudir et les remercier ! C’est excellent pour l’image des arts martiaux traditionnels vietnamiens au niveau international», se félicite Mai Ba Hung, vice-directeur du Service de la culture et des sports de Hô Chi Minh-Ville.
Autre point à souligner, le fait que pour la première fois, ces championnats se sont déroulés avec des règlements stricts édictés avant le début de l’événement. Les combats ont été arbitrés par des juges internationaux. L’objectif est que le vovinam et ses disciplines associées soient reconnus en tant que sport international et figurent un jour, pourquoi pas, au programme des Jeux olympiques.
Texte et photos : Quang Châu/CVN