Lê Dung, le sabre, le feu et l’eau

Nguyên Thi Lê Dung, 31 ans, est surnommée la «reine» du sabre vietnamien. Championne des SEA Games à neuf reprises entre 2003 et 2015, elle a remporté une pléthore de médailles d’or lors des compétitions nationales et au niveau de l’Asie du Sud-Est.

>>Une qualification de plus pour les Jeux olympiques de 2016

>>L’escrime vietnamienne sabre le champagne

Malgré sa blessure à un genou, Lê Dung espère faire un bon résultat aux JO de Rio.

À première vue, difficile de dire que Nguyên Thi Lê Dung est escrimeuse, l’une des meilleures du Vietnam de surcroît, et actuellement à Rio de Janeiro pour les Jeux olympiques (JO). Peut-être en raison du saisissant contraste entre la fureur qu’elle déploie en compétition et sa douceur dans la vie quotidienne. Mais c’est encore un des entraîneurs de la sélection nationale d’escrime qui en parle le mieux : «Alors que sur la piste, Lê Dung dégage une aura comparable à un feu ardent, elle est tout l’inverse en dehors des compétitions, semblable à un ruisseau qui coule paisiblement».

Concilier carrière et vie de famille

Pour le coach Pham Anh Tuân, chef de la discipline escrime de Hanoi, Lê Dung est «parfaite», elle qui sait si bien concilier travail et famille : «Sabre en main ? C’est une lionne ! Elle fait montre d’une énergie et d’une férocité extraordinaires. Mais dès qu’elle remise son équipement, elle se consacre à sa famille, en rendant notamment visite le plus souvent possible à ses parents».

Lê Dung, qui s’intéresse toujours à ses coéquipiers de sélection, fait pour eux figure de grande sœur et d’exemple à suivre. «Un sportif doit avoir à l’esprit qu’avant la notoriété, il faut devenir une bonne personne. L’humilité et l’assiduité à l’entraînement sont gages de succès. Lê Dung en est la parfaite illustration», philosophe Pham Tuân Anh. Et d’ajouter : «À 31 ans, Lê Dung a déjà réalisé une immense carrière. Mais elle ne compte pas s’arrêter là. Elle continue à s’entraîner, sans relâche, pour s’améliorer. Parce qu’elle veut faire quelque chose de significatif pour l’escrime vietnamienne».

Cette année, elle participe pour la première fois à des JO. Ce sera aussi la dernière, puisqu’elle a décidé de tirer sa révérence à Rio.

Lê Dung après sa victoire aux SEA Games 28, en 2015 à Singapour.
Photo : CTV/CVN

Après 15 années dédiées à l’escrime du pays, Lê Dung connaît parfaitement les sacrifices qu’exige la discipline. Tout d’abord, l’intensité d’entraînement est très forte. Au lieu d’aller jouer avec ses camarades ou de sortir avec ses amis, elle reste au palais omnisport pour parfaire sa technique des heures durant. Puis viennent les stages d’entraînement à l’étranger, qui en plus d’être d’une extrême difficulté durent des mois. Pendant que d’autres célèbrent le Têt en famille, elle, loin de ses proches, doit s’entraîner encore et encore, subissant divers traumatismes et blessures.

«Je suis actuellement blessée à un genou. Les médecins au centre national de l’entraînement sportif de Hanoi ont envoyé la radiographie à leurs confrères singapouriens pour consultation. Après les JO de Rio, je m’envolerai pour Singapour afin de me faire opérer», confie-t-elle.

Avec à son actif neuf médailles d’or lors des Jeux sportifs d’Asie du Sud-Est (SEA Games) entre 2003 et 2015 et plusieurs autres décrochées lors des Championnats d’Asie du Sud-Est, Nguyên Thi Lê Dung se pose comme l’égérie de l’escrime vietnamienne et plus largement du Sud-Est asiatique. Néanmoins, elle fait toujours partie des sportifs en enchaînant les contrats à durée déterminée du Service de la culture et des sports de Hanoi. Interrogée sur son avenir, elle botte en touche : «S’il n’y avait pas eu de sport, je ne serais pas là aujourd’hui. Personne ne me connaîtrait. D’autre part, et c’est pour moi le point le plus important, l’escrime m’a permis de découvrir mes capacités comme ma personnalité».

Originaire du district de Soc Son, en banlieue de Hanoi, Lê Dung n’avait jamais entendu parler de ce sport avant 2001, date à laquelle un groupe de scouts du Service municipal de l’éducation physique et des sports de Hanoi se rend à Soc Son en vue de détecter les jeunes talents susceptibles d’intégrer la sélection d’escrime pour disputer les SEA Games 22.

Ayant vent de la nouvelle, Nguyên Thi Lê Dung et sa sœur jumelle Nguyên Thi Hoài Thu décident de tenter leur chance.

De victoires en victoires

Avec leur silhouette élancée et une allonge particulièrement propice à la pratique de l’escrime, les deux jumelles s’attirent la sympathie de l’entraîneur de la sélection hanoïenne et de l’expert de la cellule détection de la sélection. Elles sont convoquées à la sélection de l’escrime junior de Hanoi.

Après seulement deux ans de pratique, en 2003, Lê Dung est inscrite au tournoi d’escrime élargi en Thaïlande pour accumuler de l’expérience avant le «vrai combat», prévu peu de temps après, dans le cadre des SEA Games 22. Venue pour simplement se tester, elle décroche finalement le bronze en individuel. Mais elle garde le meilleur pour les SEA Games 22, où, pour sa première participation, elle rafle le titre en sabre individuel, à la surprise générale.

L’année suivante, elle fait coup double, remportant le titre individuel et par équipes aux Championnats d’Asie du Sud-Est, avant de récidiver en 2005 lors des SEA Games 23 aux Philippines. Des victoires qui inscrivent le Vietnam sur la liste des nouvelles nations de la région fortes en escrime. Depuis, elle a remporté une pléthore de médailles d’or lors des compétitions nationales et au niveau de l’Asie du Sud-Est. Et sa participation olympique cette année vient parachever un parcours exceptionnel.

Phuong Nga-Diêu An/CVN

Rédactrice en chef : Nguyễn Hồng Nga

Adresse : 79, rue Ly Thuong Kiêt, Hanoï, Vietnam

Permis de publication : 25/GP-BTTTT

Tél : (+84) 24 38 25 20 96

E-mail : courrier@vnanet.vn, courrier.cvn@gmail.com

back to top