>>Célébrations de la Journée des invalides et des morts pour la Patrie
>>Une statue monumentale pour honorer la Mère Héroïne
Avant 1975, le hameau de Chin Chu, entouré de haies de bambous, se situait au confluent de deux rivières (La Tho et Cô Co). Faisant partie du village de Dông Hô, district de Diên Bàn, province de Quang Nam (Centre), il s’étendait sur une longueur de 1,5 km, pour 500 m de large. Neuf foyers y étaient installés. Difficilement accessible, l’endroit était une position stratégique des forces révolutionnaires durant la guerre contre les Américains. Un lien entre Diên Bàn et Dà Nang.
Monument commémoratif pour les habitants de Chin Chu ayant contribué à la Révolution nationale. |
Cible de nombreux bombardements, les familles y résidant ont été durement touchées durant le conflit. Après 1975, le village a été déplacé à 300 m de son emplacement d’origine. De violentes crues l’inondaient fréquemment.
Des villageois courageux
Le temps a passé et le quotidien des habitants a évolué. Mais les locaux gardent toujours en tête les journées durant lesquelles ils ont participé héroïquement aux activités révolutionnaires. Des souvenirs parfois douloureux.
«Pour forcer les habitants de Dông Hô à abandonner leur maison et isoler les forces révolutionnaires dans le district de Diên Bàn, les ennemis ont mené une série d’expéditions et utilisé des armes modernes. Ils ont torturé les villageois, mais ils n’ont jamais réussi à leur soutirer des informations», raconte Nguyên Thi Tân, ancien chef du groupe de propagande de la commune de Diên Thang. Et de souligner : «De nombreux habitants de Dông Hô, et notamment de Chin Chu, ont été tués. Mais leurs enfants continuaient à participer aux activités révolutionnaires pour protéger leur hameau et le pays».
«En 1968, l’une des périodes les plus dures de la guerre, Nguyên Hông Thang, secrétaire de l’Organisation du Parti communiste vietnamien du district de Diên Bàn, est venu à Chin Chu, malgré les risques que ce voyage impliquait. Et ce pour les encourager à continuer à se battre. Il nous a dit que si Dông Hô tombait, il en serait de même pour plusieurs bases révolutionnaires stratégiques. Diên Bàn était, en effet, considérée comme le bouclier de Dà Nang», se souvient Lê Van Thi, vétéran du district de Diên Bàn.
La Mère Héroïne Nguyên Thi Giao, 95 ans, a perdu cinq enfants durant la guerre. |
D’après Lê Van Nuôi, secrétaire de l’Organisation du Parti communiste vietnamien du village de Dông Hô, la localité dénombre 151 morts pour la Partie et 29 Mères Héroïnes (*). Sur ce nombre, dix-sept morts et neuf Mères Héroïnes viennent de Chin Chu. En juillet 2013, après près de quatre mois de travaux, un monument en hommage aux citoyens tombés pour la Patrie de ce hameau a été inauguré. «Les jeunes peuvent ainsi en apprendre davantage sur la tradition patriotique de la province de Quang Nam», dit-il.
Un hameau fier de ses habitants
Parmi les neuf Mère Héroïnes de Chin Chu, seule Nguyên Thi Giao est encore vivante. Elle a eu dix enfants (cinq filles et cinq garçons). Cinq sont morts pour la Patrie, un est invalide de guerre. À 95 ans, elle a toujours l’esprit très vif et raconte sans hésiter ses souvenirs. «La journée, j’apportais de la nourriture aux soldats, à pied. Le soir, j’en ravitaillais d’autres en jonque. J’ai été incarcérée et torturée à plusieurs reprises. Mais je ne leur ai livré aucune information», dit-elle.
Dans une famille révolutionnaire du hameau de Chin Chu. |
Lorsqu’elle parle, Nguyên Thi Giao mentionne souvent sa fille aînée, Lê Thi Kha. Cette dernière a adhéré à la guérilla de la commune de Diên An à 14 ans. Elle est morte au combat. Malgré la tristesse, Mme Giao a encouragé ses cinq garçons à accomplir leur service militaire. Quatre sont morts. Seul Lê Viêt Hùng a survécu, mais il est invalide.
«À l’époque, tous les foyers de Chin Chu étaient prêts à se dévouer pour la Patrie et la Révolution, décrit la Mère Héroïne. Mes enfants sont donc morts quand ils étaient très jeunes. Certains ne se sont même pas mariés».
Dinh Thi Ai, 74 ans, une villageoise de Chin Chu et fille de la Mère Héroïne Nguyên Thi ôm ajoute que «le hameau était très fier de sa guérilla ainsi que de ses gardiens de buffle, âgé de 10 à 12 ans, qui faisaient le lien entre les villageois et les soldats». Dans sa famille, deux personnes se sont sacrifiées pour la Patrie, trois sont invalides de guerre.
Quê Anh/CVN
(*) Conditions pour être reconnue Mère Héroïne, à titre posthume également :
- Avoir deux de ses enfants et son mari morts pour la Patrie
- Avoir deux enfants ou un enfant unique décédés pour la Patrie
- Avoir trois de ses enfants morts pour la Patrie
- Avoir un enfant unique et son mari tombés pour la Patrie