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Le président kurde irakien Massoud Barzani (centre), lors d'une assemblée à Kirkouk, le 12 septembre 2017. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Jugeant que cette consultation, prévue le 25 septembre, serait "provocatrice" et "déstabilisatrice", Washington réaffirme sa conviction qu'elle serait une entrave à la lutte contre le groupe État islamique (EI) et à la stabilisation des zones libérées.
"Nous appelons le gouvernement régional kurde à abandonner le référendum à entamer un dialogue sérieux avec Bagdad dans lequel les États-Unis ont toujours été prêts à jouer un rôle de facilitateur", a indiqué l'exécutif américain dans un communiqué au ton ferme.
Le Parlement kurde irakien, basé à Erbil, a approuvé vendredi soir 15 septembre, d'un vote à main levée, le rendez-vous électoral annoncé par le président Massoud Barzani en juin et pour lequel la campagne bat son plein depuis des jours.
Le vote s'est tenu en l'absence de l'opposition qui a refusé cette séance exceptionnelle convoquée alors que le Parlement kurde ne siège plus depuis deux ans en raison de différends entre partis politiques.
Sur 68 députés présents, 65 ont voté en faveur du référendum dans une assemblée clairsemée. À l'issue du vote, au milieu de sièges vides, ils se sont levés et ont brandi des drapeaux kurdes et entonné l'hymne du Kurdistan irakien.
Le référendum, qui concerne quelque 5,5 millions de Kurdes irakiens, inquiète les pays voisins, comme la Turquie ou l'Iran, qui redoutent que le référendum encourage les velléités séparatistes de leurs minorités kurdes.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a jugé que ce serait une "très mauvaise chose", soulignant que le Conseil de sécurité turc se réunira le 22 septembre pour adopter une position officielle.
Les États-Unis et leurs alliés ont présenté jeudi soir 14 septembre à M. Barzani un "projet" proposant des "alternatives" au référendum, selon l'émissaire américain auprès de la coalition anti-jihadiste en Irak, Brett McGurk. Le président kurde s'est engagé à répondre "rapidement".
Selon Michael Knights, du Washington Institute for Near East Policy, les kurdes irakiens, qui sont "depuis le départ extrêmement déterminés" sur la tenue de cette consultation, seront peu enclins à accepter un accord "à moins qu'il ne contienne des garanties internationales très claires", avec en particulier un calendrier vers l'indépendance si les discussions avec Bagdad échouent.
"Protéger l'unité de l'Irak"
Ce vote voulu par M. Barzani intervient par ailleurs alors que son mandat a expiré en 2015. Il s'est cependant maintenu au pouvoir, en arguant que l'Irak et le Kurdistan étaient engagés dans une campagne pour repousser les jihadistes et que les conditions ne permettaient pas de tenir des élections.
Cette réunion de l'Assemblée du Kurdistan irakien se tient après que le Parlement fédéral a voté à deux reprises cette semaine des mesures contre le référendum d'indépendance. À chaque fois, les députés kurdes ont quitté la salle en signe de protestation.
Mardi 12 septembre, le Parlement fédéral a voté contre la tenue de cette consultation pour "protéger l'unité de l'Irak", et jeudi 14 septembre, il a limogé le gouverneur de la province disputée de Kirkouk qui avait décidé, contre l'avis de Bagdad dont il dépend, d'organiser le référendum dans sa région.
Le Kurdistan bénéficie depuis 1991 d'une autonomie qui s'est élargie au fil des ans. En annonçant en juin avoir fixé la date du référendum, M. Barzani a envoyé le signal clair, estiment les experts, que l'Irak entrait dans une nouvelle phase.
Après plus de trois années de combat pour chasser les jihadistes qui ont un temps tenu près d'un tiers de l'Irak, le pays revient aux problématiques confessionnelles et ethniques d'avant l'EI.
Les craintes s'accroissent sur de possibles violences impliquant notamment les peshmergas (combattants kurdes) et la myriade d'unités paramilitaires disséminées à travers le pays qui pourraient se disputer les zones reprises aux jihadistes.
L'influent commandant chiite Hadi al-Ameri, chef de l'organisation Badr, puissant groupe paramilitaire irakien soutenu par Téhéran, a multiplié ces derniers temps les mises en garde contre "la guerre civile".
AFP/VNA/CVN