Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault dans une interview de la chaîne de télévision TF1, le 6 novembre à Paris. |
"Au total, ce dispositif, bien ciblé, entièrement financé, devrait permettre à horizon 2017 de soutenir l'activité à hauteur de 0,5 point de PIB et de créer plus de 300.000 emplois!", a déclaré le Premier ministre Jean-Marc Ayrault dans un entretien au quotidien économique Les Échos à paraître le 7 novembre.
Interrogé dans la soirée par la chaîne de télévision TF1, M. Ayrault a évoqué "plusieurs centaines de milliers d'emplois, autour de 300.000 à 400.000". "C'est parfaitement réaliste et avec une augmentation de la croissance de +0,5%", a-t-il affirmé.
Concrètement, l'exécutif va faire un chèque aux entreprises sous la forme d'un crédit d'impôt indexé sur la masse salariale déclarée en France pour des niveaux allant jusqu'à 2,5 fois le salaire minimum.
Ce ballon d'oxygène aux entreprises, qui représente l'équivalent d'une baisse de 6% du coût du travail selon le gouvernement, grèvera le budget à partir de 2014 puisque les entreprises l'obtiendront pour la première fois cette année-là sur leur exercice 2013. Ce crédit sera de 10 milliards la première année, puis 5 milliards les deux années suivantes, avant d'atteindre un rythme de croisière annuel de 20 milliards d'euros.
Il sera financé par des économies supplémentaires dans les dépenses publiques sur deux ans (2014-2015), et par une hausse de la TVA et la mise en place d'une fiscalité écologique.
"Cet effort est exigeant", a concédé le Premier ministre, "mais il est à notre portée : 10 milliards d'euros d'économies en 2 ans, c'est moins de 1% de la dépense publique totale qui atteint 1.100 milliards d'euros".
Augmentation de TVA
Le taux principal de la TVA va augmenter légèrement de 19,6% à 20%, le taux intermédiaire (qui concerne notamment la restauration et le bâtiment) va passer de 7% à 10%. En revanche, le taux réduit, pour les produits de première nécessité, baissera de 5,5% à 5%.
En décidant d'augmenter cet impôt honni par la gauche pour voler au secours de la compétitivité de l'économie française, le gouvernement opère un revirement spectaculaire. "C'est une avancée majeure parce que jusqu'à présent la gauche considérait que la TVA était un impôt injuste frappant les ménages les moins fortunés", observe l'économiste Elie Cohen, parlant d'un "changement de cap" du président François Hollande. "Le pouvoir socialiste reconnaît désormais comme légitimes la réduction des dépenses de l'État et la hausse d'un impôt payé par tous les Français", souligne-t-il.
Globalement, l'ancien patron d'EADS Louis Gallois a dressé un diagnostic sans appel : la France a besoin d'un "choc de confiance" et de "patriotisme" pour enrayer un "décrochage" industriel qui s'est accéléré depuis dix ans, a-t-il affirmé dans son rapport.
La part de l'industrie dans la valeur ajoutée du pays est passée de 18% en 2000 à 12,5% en 2011, plaçant la France au 15e rang de la zone euro. En 30 ans, la France a perdu plus de deux millions d'emplois industriels. Et le chômage, en hausse continue, touche maintenant plus de trois millions de personnes.
Le gouvernement reprend aussi des mesures suggérées par M. Gallois, qui visent notamment à soutenir l'exportation et la recherche, ainsi que des simplifications administratives, le développement de l'apprentissage ou l'entrée des salariés dans les conseils d'administration des grandes entreprises.
AFP/VNA/CVN