>>Régionales : percée historique pour le FN, le PS se retire dans le Nord et PACA
Dans un second tour marqué par un bond de la participation, l'extrême droite a échoué en duel tant dans le Nord, où la présidente du FN Marine Le Pen affrontait Xavier Bertrand (LR), qu'en Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca), théâtre de la bataille entre sa nièce Marion Maréchal-Le Pen et Christian Estrosi.
Idem en triangulaire, dans le Grand Est pour Florian Philippot et en Bourgogne-Franche-Comté pour Sophie Montel.
Marion Maréchal-Le Pen (centre), le soir du 13 décembre |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Battue largement dans le Nord où la gauche s'était retirée pour faire barrage à l’extrême droite, Marine Le Pen a fustigé un "régime à l'agonie" depuis le fief frontiste d'Hénin-Beaumont.
Forte d'un double record national, en pourcentage (plus de 28%), et en voix - au moins 6,6 millions soit davantage qu'au premier tour de la présidentielle de 2002 - la fille de Jean-Marie Le Pen a lancé en vue de 2017 : "rien ne pourra nous arrêter".
La gauche, qui avait appelé à voter pour la droite dans trois régions où le FN était en bonne position de l'emporter, "n'a pas eu la déroute annoncée", selon la formule du patron du PS, Jean-Christophe Cambadélis.
Alors qu'elle dirigeait la quasi totalité des anciennes régions, elle en a remporté 5 des 13 nouvelles, plutôt sur la façade ouest: Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes, Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées, et Bretagne, où Jean-Yves Le Drian cumulera la présidence avec son poste de ministre de la Défense. La victoire a été serrée devant la droite en Centre-Val-de-Loire et Bourgogne-Franche-Comté.
La Corse est tombée dans l'escarcelle de l'autonomiste Gilles Simeoni.
S'ils ne réalisent pas de "vague bleue", Les Républicains de Nicolas Sarkozy alliés aux centristes emportent sept régions : Nord-Pas-de-Calais-Picardie et Paca, Alsace-Lorraine-Champagne-Ardennes, Auvergne-Rhône-Alpes, Pays-de-la-Loire et Normandie. La droite a aussi conservé la Réunion.
Et la plus belle à son tableau de chasse : l'Ile-de-France, gérée par la gauche depuis dix-sept ans, où Valérie Pécresse a battu de peu son rival socialiste Claude Bartolone.
"Inflexion"
À droite comme à gauche, le ton n'était pas à l'euphorie : "succès sans joie" pour le numéro un du PS Jean-Christophe Cambadélis, tandis qu'aux yeux de l'ancien Premier ministre François Fillon "ce sursaut est un réconfort mais il n'efface pas le 6 décembre qui reste le véritable baromètre de l'état du pays".
"Tout cela nous oblige à entendre davantage les Français, à agir sans relâche, plus vite, pour obtenir plus de résultats", a assuré le Premier ministre Manuel Valls, citant en particulier l'emploi, dont François Hollande a fait une pierre angulaire.
M. Cambadélis a demandé à l'exécutif une "inflexion" pour les 18 mois à venir, "contre la précarité et pour l'activité" mais aussi "pour faire barrage aux inégalités".
Pas suffisant pour la gauche de la gauche : le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, a réclamé un "vrai changement de cap", le porte-voix du Parti de gauche Jean-Luc Mélenchon appelant à un "véritable front populaire" pour 2017.
Jean-Yves Le Drian ( |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Face à des résultats "durs", "il est temps que l'ensemble de la gauche s'interroge", selon la dirigeante d'EELV Emmanuelle Cosse.
À droite, Nicolas Sarkozy a promis de prendre en compte "les avertissements" lancés aux régionales et répondre aux "grandes questions qui angoissent les Français" (Europe, chômage, sécurité...). Dans une mise en garde à "tous les responsables de l'opposition", il a lancé que "l'unité et l'union ne peuvent pas être de circonstance".
Certains de ses contestataires n'ont pas tardé à se faire entendre, à quelques mois de la primaire. Pour Bruno Le Maire, les Français attendent "une autre politique" et "des visages nouveaux, y compris à droite". Numéro 2 du parti, Nathalie Kosciusko-Morizet a de nouveau critiqué le "ni PS ni FN" porté par l'ancien chef de l'État.
"Plafond de verre" pour le FN
Quant au FN, son échec à confirmer sa forte poussée du premier tour découle d'une combinaison de facteurs : mode de scrutin, "front républicain", mobilisation des électeurs (+8 à 9 points de participation par rapport au premier tour, encore plus que lors du duel Chirac-Le Pen en 2002) mais aussi "plafond de verre" qui l'empêche de gagner des seconds tours, selon les analystes.
"Le plafond de verre n'existe pas" vu la progression persistante du parti, a lancé Marion Maréchal-Le Pen depuis son QG marseillais, où ses partisans criaient à la "manipulation".
Hasard du calendrier, le dernier scrutin du quinquennat s'est déroulé un mois jour pour jour après les attentats (130 morts). La campagne a été largement marquée par ce drame, dans un contexte d'état d'urgence décrété jusqu'à la fin février.
Depuis une semaine, la forte poussée du FN a braqué les regards de l’Europe entière sur la France et l'entre-deux tours a été dominé par la mobilisation face à l'extrême droite. Droite et gauche se sont activées toute la semaine pour mobiliser les quelque 50% de Français qui avaient boudé les urnes au premier tour.
Appel visiblement entendu, puisque sur l'ensemble de la journée la participation (58 à 59%) a connu un rebond énorme.
"Sursaut citoyen", titre L'Humanité en Une le 14 décembre, tandis que Libération se dit "Soulagés, mais...", sous une photo de Marine Le Pen, et La Croix retient "La défaite pour tous".