"Le dessin, c’est devenu mon pain quotidien"

Désireux d’offrir aux enfants un espace de jeux sain et - pourquoi pas - de susciter chez eux des vocations artistiques, le Club des beaux-arts de Cô Dô a ouvert une classe de dessin gratuite, à l’attention des élèves du primaire, une classe que Anh Tuân nous invite à découvrir sans plus attendre.

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La classe de dessin gratuite de Cô Dô.
Photo : GDVN/CVN

C’est l'après-midi, au bord du fleuve Rouge. Les bateaux de pêcheurs glissent sur l’eau tandis qu’aux alentours, s’élèvent des fumées de cuisine. C'est le moment pour les futurs artistes de Cô Dô de faire leurs devoirs.

Comme tous les jours, après avoir aidé ses parents aux champs, Nguyên Hoàng Viêt, qui est élève à l'école primaire de Cô Dô, rejoint ses amis du village pour suivre des cours de dessin au Musée des beaux-arts de Cô Dô. Pour Viêt, dessiner offre un bon moment de détente, surtout après une journée de labeur acharné.

"Au départ, j’ai suivi mes copains, juste pour voir, pour passer le temps", nous dit-il. "Et puis je me suis découvert une passion pour le dessin. Grâce aux professeurs qui sont ici, j’ai fait des progrès très rapides et maintenant, le dessin, c’est devenu mon pain quotidien", a souligné Viêt.

Ces cours gratuits ont débuté en 2016, avec au départ une cinquantaine d’élèves. Il y en a le double, aujourd’hui. Pour une bonne moitié, ce sont des enfants issus de famille en difficulté, de familles méritantes ou de familles de militaires. Certains d’entre eux sont même handicapés. Mais peu importe: tous sont là pour apprendre à dessiner et pour donner un peu de couleur à leurs existence.

Quant aux professeurs, ce sont tous des membres du Club des beaux-arts de Cô Dô: "En dehors des enseignements de base, on voudrait sensibiliser les enfants à la magie de l’acte", nous explique Nguyên Truong Yên, l’un d’entre eux.

"C’est vraiment le bonheur"

"Rien n’est plus extraordinaire que de pouvoir dessiner un beau paysage soi-même. Ça élève… Et justement, c’est bien de ça qu’ils ont besoin : un peu d’élévation… Quelque chose qui les fait aller au-delà de leurs petites misères quotidiennes… ", dit-il.

Il n’est pas rare que les cours aient lieu en plein air, histoire de permettre aux enfants de croquer un paysage: des rizières, un village de pêcheurs…

"Quand on les voit en train de réaliser un beau dessin, pour nous, c’est vraiment le bonheur ", nous confie Nguyên Truong Yên. "C’est ça qui nous motive. Et puis c’est comme ça aussi qu’on arrive à déceler des talents."

Les enfants et leurs parents sont bien sûr très heureux. Bien que Nguyên Ngoc Anh, victime de l’agent orange, ait une malformation à la main droite, elle réalise de magnifiques paysages.

"Depuis que je suis ces cours de dessin, j'aime la nature, j'aime les animaux", nous raconte-t-elle. "Et puis ça m’apporte beaucoup de joie, tout simplement, sans compter qu’avec tous ces dessins, je peux décorer ma maison… "

De son côté, le père de Nguyên Ngoc Anh a bien senti des changements positifs chez sa fille.

"Elle sourit beaucoup plus et elle arrive à entrer dans la vie quotidienne de la famille", constate-t-il. "Sa malformation ne la gène plus et il lui arrive parfois de l'oublier. Mieux encore, elle aime aller à l’école, ce qui aurait été impensable avant. Pour nous, c’est une grande joie…"

Le village de Cô Dô est réputé pour être les vocations artistiques qui y ont été suscitées. Et c’est vraiment affaire de vocation, où le rapport à la nature joue bien évidemment un rôle primordial. Pour Nguyên Truong Yen, il ne s’agit pas de former des dessinateurs professionnels, mais tout simplement de donner à chacun de ces enfants un violon d’Ingre. Et c’est déjà beaucoup…


VOV/VNA/CVN

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