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Les craquelures de dessication sont aujourd’hui légion dans le delta du Mékong. |
Photo : Huy Hoàng/VNA/CVN |
Le delta du Mékong est placé en état d’alerte depuis la fin décembre. En cause : la sécheresse et la pénétration massive de l’eau de mer dans les terres, accentuée par l’étiage. Parmi les 13 villes et provinces de la région, les plus touchées sont Kiên Giang, Cà Mau, Bên Tre, Soc Trang, Trà Vinh et Bac Liêu. Les agriculteurs et les arboriculteurs sont les plus affectés, leurs plantations ne donnant parfois rien. Un désastre.
Des rizières sans épis
Accroupi dans son champ constellé de craquelures de dessiccation, Dinh Van Thang, 41 ans, riziculteur de profession et domicilié dans la commune de Hoà Diên (province de Kiên Giang), exprime, désemparé : «Depuis des semaines, nous nous faisons du mauvais sang, ma femme et moi. Notre rizière, qui est en train de donner des épis, se dessèche à vue d’œil en raison du manque d’eau alimentant le système d’irrigation». La famille de Thang exploite quatre hectares de rizières. Il informe que l’eau salée entre dans le système régional de canaux depuis la fin janvier. Ce paysan risque de tout perdre pour cette campagne hiver-printemps et ne sait comment faire pour rembourser les emprunts pour l’achat d’engrais.
Situation identique pour Mme Hoài Thuong, propriétaire de la rizière de 1,5 ha d’à côté. «C’est toute la région qui manque d’eau douce pour l’irrigation alors que l’eau salée pénètre de plus en plus profondément dans les terres et les sols. Je risque de perdre toute ma production si l’eau salée ne se retire pas d’ici une semaine», se lamente-t-elle.
Le paysan Danh Coi, (domicilié dans la commune de Binh Son, district de Hon Dât, province de Kiên Giang) et sa rizière victime de la salinisation des sols. |
Photo : Lê Sen/VNA/CVN |
Menant son inspection du jour, Nguyên Van Huy, responsable des ouvrages hydrauliques de la commune, informe : «Aujourd’hui, la quasi-totalité des canaux est remplie d’eau saumâtre, en raison du faible débit des cours d’eau qui les alimentent, avec pour effet d’accentuer les remontées d’eau salée. Il n’y a pas d’autre alternative que d’irriguer les rizières avec cette eau. Le problème est que les variétés cultivées ici ne supportent pas une salinité supérieure à 2‰ et ce, sur une durée maximum de 14 jours. Or ce seuil est aujourd’hui dépassé et les bulletins hydrologiques ne prévoient pas d’amélioration avant des semaines...».
La province de Kiên Giang est parmi les provinces les plus touchées, avec 34.000 ha de rizières plus ou moins durement affectées, selon les chiffres des autorités locales. Les provinces de Cà Mau et Bên Tre, Soc Trang ont communiqué le chiffre de plus de 10.000 ha de rizières touchées. D’autres comme Bac Liêu et Trà Vinh, entre 6.000 et 8.000 ha. Il faut savoir que dans ces provinces, les sources d’eau douce au service de l’irrigation sont épuisées. La salinisation atteint 2,9‰ voire plus alors que, comme l’a précisé Nguyên Van Huy, le riz ne peut supporter une salinité supérieure à 2‰. Mi-février, la salinité dans les terres arables du district de Ba Tri (province de Bên Tre) a atteint un pic sans précédent, de 5‰.
«Mes orangers sont ravagés»
D’autres cultures sont affectées par ce phénomène dans le delta du Mékong, à commencer par les vergers et d’autres plantes vivrières. Dans son orangeraie de 2 ha, Nguyên Van Hiên, domicilié dans la commune de Hoa Tiên (province de Hâu Giang), cherche à sauver ses plantes. Lui et son fils creusent un puit près du verger. «En attendant le reflux qui nous permettra de pouvoir pomper à nouveau l’eau des canaux, on doit recourir à d’autres solutions. Mais le problème est que les sources d’eau douce sont insuffisantes. Je n’ose pas imaginer à quoi ressemblera mon verger dans les prochains jours», s’exaspère-t-il. Les arbres fruitiers et plantes vivrières comme les courgettes peuvent, eux, résister à une salinité plus élevée, de l’ordre de 4‰.
«Mes plantes peuvent supporter l’actuelle teneur en sel de l’eau d’irrigation. Mais si dans les jours prochains, la salinité s’intensifie, il sera difficile de les protéger», s’inquiète Mme Huong, qui cultive un hectare de courges. Domiciliée dans la commune de Tân Phuoc, district de Go Công Dông (province de Tiên Giang), la maraîchère affirme que c’est la première fois depuis 20 ans qu’elle voit les canaux de sa région dans cet état.
Pour se faire une idée plus précise de la gravité de la situation, les statistiques montre que fin février, ce sont plus de 500.000 ha de riz de la campagne hiver-printemps qui étaient endommagés par la sécheresse et la salinisation dans le delta du Mékong. Et le bilan ne peut que s’aggraver, le pic étant attendu pour la mi-mai.