Lê Cung, le «Cauchemar d’Asie». |
Né le 25 mai 1972 à Saigon, Lê Cung part vivre à San José en Californie (États-Unis) à l’âge de quatre ans, avec ses parents. À 10 ans, inquiète de sa chétivité, sa mère l’inscrit à des cours d’arts martiaux dans un unique but d’autodéfense. Il découvre et apprend le taekwondo, la boxe anglaise, thaïlandaise, la lutte, le judo, puis le jiu-jitsu brésilien et le sanshou, art pour lequel il excelle. Combattant complet, il montre sur le ring toute sa hargne et l’étendue de son talent. «Au début, je ne pratiquais qu’occasionnellement. C’est en 1994, quand j’ai gagné quelques compétitions aux États-Unis, que j’ai décidé de devenir pratiquant professionnel d’arts martiaux», nous dévoile Lê Cung.
Le parcours du combattant
En dehors des tatamis, Lê Cung montre un tout autre visage. Celui d’un homme simple au regard candide, avec une voix douce teintée de l’humilité d’un pratiquant digne de ce nom. Lors de sa rencontre avec ses fans vietnamiens le 11 septembre dernier au dojo Liên Phong dans le 7e arrondissement de Hô Chi Minh-Ville, il était bien difficile d’imaginer qu’on avait à faire à l’un des meilleurs compétiteurs de la planète en kickboxing ou en combat libre (Mixed martial arts ou MMA).
Lors d’un combat, il aime recourir à des techniques empruntées au karaté, au muay thaï, ses meilleures armes. Même si le travail au sol n’est pas ce qu’il affectionne le plus, ses bases très solides en jiu-jitsu brésilien et en lutte lui permettent de bien se comporter en toutes situations.
«Le parcours pour devenir un compétiteur respecté sur les rings internationaux est tout sauf simple. C’est entraînement, entraînement et entraînement, précise Lê Cung. J’ai débuté par le taekwondo, puis j’y ai ajouté le vovinam, la lutte, le muay thaï, le jiu-jitsu brésilien». Autant dire que lorsqu’il s’est mis au sanshou, il a été comme un poisson dans l’eau. En effet, la force du sanshou réside dans sa combinaison parfaite entre frappes empruntées au taekwondo, à la boxe anglaise mais aussi à l’utilisation de techniques issues de bien d’autres disciplines.
«J’essaye toujours de gagner avec style, nous dévoile le champion. Le fait de m’astreindre à un entraînement dur et rigoureux et la fierté d’être Vietnamien me permettent d’avancer dans ma carrière. Je monte toujours sur le ring dans l’idée que je défends l’honneur de la communauté vietnamienne. Cela me donne une grande confiance en moi. Je veux prouver que les Vietnamiens sont très forts malgré leur petite taille».
Son palmarès laisse rêveur. Couronné à trois reprises aux championnats du monde de sanshou, il a également remporté trois fois le tournoi américain élargi «US Open international martial arts championships». Il était aussi capitaine de la sélection américaine aux Championnats du monde de wushu en Italie en 1997, et à Hongkong (Chine) en 1999.
Lê Cung (droite) en compagnie de l’acteur Johnny Tri Nguyên. |
Sa carrière de combattant professionnel de sanshou affiche 17 victoires au compteur, dont 12 par KO technique. Sa plus belle est certainement celle obtenue face au géant chinois Nasun, surnommé «le meurtrier». Avec ses coups aussi puissants que spectaculaires et sa fameuse technique d’esquive dite «des ciseaux», les journaux américains l’ont appelé le «Cauchemar d’Asie». En tant que No1 incontesté du sanshou, il est admiré et respecté par l’ensemble du milieu des arts martiaux américains. Le magazine Inside Kung Fu l’a élu en 1995 “Compétiteur de l’Année”. Le plus grand magazine d’arts martiaux au monde, Black Belt, l’a gratifié du titre de “Plus grand combattant de Sanshou” en 2007. Et les chaînes de télévision Discovery channel, UPN San Francisco lui ont même consacré des documentaires. Sans oublier le Mixed Martial Arts (MMA), où il a remporté de prestigieux combats contre Mike Altman, Brian Warren, Jason Von Flue ou encore Frank Shamrock pour les plus connus.
Lê Cung a ouvert plusieurs dojos à San José où sont inscrits de nombreux pratiquants, enfants et adultes. Avec sa femme et ses trois fils, il gère deux centres d’entraînement pour former des combattants professionnels de sanshou, toujours à San José.
Le cinéma, son violon d’Ingres
Parallèlement à sa brillante carrière sportive, Lê Cung est un passionné de cinéma, où il a interprété tout un arsenal de rôles dans des films d’action : Dragon Le dans Fighting ; puis, dans le film Pandorum (2009), il a joué un Vietnamien expert en arts martiaux aux côtés de Dennis Quaid et Ben Foster. Son nom apparaît aussi dans le générique de plusieurs films d’action hollywoodiens. Il était face caméra avec la star des arts martiaux hongkongaise Donnie Yen dans le film Bodyguards and assassins en 2009, puis a joué dans Tekken l’année suivante, Dragon Eyes en 2011...
Lê Cung échange avec ses fans au dojo Liên Phong, dans le 7e arrondissement de Hô Chi Minh-Ville. |
Interrogé sur ce qui, pour lui, est le plus difficile entre sa carrière de combattant et d’acteur, Lê Cung répond : «Sur le ring, j’essaie toujours de gagner face à mes adversaires. Dans les films, je me concentre à bien interpréter mon rôle. Je rêve également de produire un film intéressant sur les arts martiaux au Vietnam, mon pays d’origine. Avec Johnny Tri Nguyên (NDRL : un Viêt kiêu pratiquant d’arts martiaux et acteur de films d’action au Vietnam), nous sommes en train d’écrire le scénario. J’espère que ce projet aboutira», révèle-t-il.
Diêu An/CVN