Le courage face à la fatalité

Paralysée suite à une grave maladie, Nguyên Thi Huong a réussi à s’extraire de ce à quoi son handicap aurait dû la confiner : l’assistanat. À 24 ans, elle est devenue patronne d’un atelier d’art et d’artisanat qui emploie une trentaine d’ouvriers.

Nguyên Thi Huong est née en 1970 dans une famille pauvre de la commune de Van Diêm, district de Thuong Tin, en banlieue de Hanoi. À l’âge de quelques mois, sa santé s’est dégradée de jour en jour malgré des soins médicaux attentifs. Un an plus tard, ses parents ont appris la terrible nouvelle que leur fille ne pourrait pas marcher.

Huong est la gaieté incarnée. Elle a partagé ses expériences avec humour et sincérité.

Juste travailler «comme tout le monde»

Le village de Huong est spécialisé dans la production d’articles d’art et d’artisanat, notamment la décoration de meubles en bois et l’incrustation de nacre. Depuis les années 1990, ce métier a retrouvé une certaine vigueur, et la plupart des jeunes du village ont comme principale perspective de se faire embaucher dans un atelier.

Désireuse d’acquérir une certaine autonomie, Huong a commencé très tôt à essayer de se mouvoir sur les mains. Après un an d’efforts, elle a réussi à se déplacer toute seule, chez elle mais aussi aux quatre coins du village. En 1992, à 22 ans, la jeune femme a demandé l’autorisation à ses parents d’apprendre un métier artisanal. Demande refusée, à plusieurs reprises. Raison invoquée : «Tu es handicapée, reste à la maison, c’est mieux pour toi !». Mais, devant la détermination de leur fille, les parents ont cédé.

Jambes paralysées mais volonté de fer.

Ses débuts n’ont pas été faciles. Outre le fait d’avoir à se déplacer plus que d’accoutumée, elle a dû aussi affronter les quolibets de certains travailleurs à l’ouverture d’esprit aussi étroite qu’un trou de serrure. Elle a dû en faire deux fois plus pour montrer qu’elle était autant capable que les gens dits «valides». Car après tout, l’incrustation de nacre, c’est moins une affaire de dextérité de pieds que de mains !

Au fil des semaines, Huong s’est révélée être l’un des meilleurs éléments du groupe d’apprenants. «Elle est intelligente et très travailleuse. Le matin, quel que soit le temps, elle était à l’atelier la première», se souvient Dô Khac Hoàng, qui l’a formée.

Après un an d’apprentissage, Huong est recrutée dans un atelier du village. Quand elle reçoit son premier salaire, elle éclate en sanglots.

Viser encore plus haut

En 1994, à l’âge de 24 ans, avec ses dizaines de millions de dôngs mis de côté, Huong décide de monter sa propre affaire..., et ce en dépit, encore une fois, des réticences de sa famille qui n’arrive décidément pas à se défaire de l’image de «l’handicapé à la maison». Elle embauche d’abord quelques ouvriers afin de satisfaire de petites commandes de sous-traitance d’autres ateliers du village. Mais, de jour en jour, grâce à la qualité des produits, son établissement se taille une certaine réputation, si bien qu’elle commence à recevoir aussi des commandes d’autres localités.

Actuellement, son atelier fait vivre une trentaine de travailleurs. «J’ai formé 70 ouvriers, dont huit handicapés. Trois d’entre eux ont même ouvert leur propre atelier», confie-t-elle, non sans fierté. Car aider les autres, notamment ceux partageant le même sort qu’elle, est une autre de ses motivations.

L’incrustation de nacre, c’est moins une affaire de dextérité de pieds que de mains !

En 2008, son établissement de production a dégagé 500 millions de dôngs de chiffre d’affaires, puis 700 millions de dôngs en 2009. «Pour favoriser les activités de Huong, la commune de Van Diêm va lui louer à un tarif préférentiel 100 m² dans la zone industrielle de la commune», informe Nguyên Tiên Hoat, vice-président de la commune de Van Diêm.

En 2005, Huong a reçu un satisfecit du Premier ministre. Deux ans plus tard, en 2007, elle a été récompensée par l’Association vietnamienne de patronage des handicapés et des enfants orphelins. Questionnée sur ce qui fait sa force, cette femme souriante a répondu simplement : «L’important, c’est de croire en soi. Il y a en moi le désir de m’en sortir et aussi celui d’aider les autres. Je suis une handicapée, donc je comprends bien les gens comme moi. Je veux faire quelque chose pour eux. Je suis prête à les aider à apprendre un métier qui leur redonnera de la fierté et de l’autonomie».

Linh Thao/CVN

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