Vu Huu Tinh est très connu à Cat Bà, notamment en raison de ses talents de chasseur. Il a en effet capturé des centaines d’animaux dans les forêts et montagnes karstiques de Cat Bà, et ce même après la création du parc national...Mais, depuis 12 ans, il participe activement au programme de préservation de la forêt en s’appuyant sur la communauté, relevant du projet de conservation du langur de Cat Bà. «Avant, je piégeais les langurs et les autres animaux. Mais après avoir discuté avec les cadres du projet, j’ai compris l’importance de les protéger. Cette espèce de singe ne se trouve qu’à Cat Bà, et c’est un symbole de l’île. J’ai donc décidé de devenir gardien», a-t-il expliqué.
Le travail préféré de Vu Huu Tinh : sensibiliser les jeunes à la nécessité de protéger l’environnement. |
Selon Pham Công Tuyên, animateur du projet de protection du langur de Cat Bà (Trachypithecus poliocephalus poliocephalus), ce programme de préservation de la forêt en s’appuyant sur la communauté, créé en 2000, compte plus de 200 membres, tous salariés. «Il s’agit pour la plupart d’anciens chasseurs. Ils connaissent comme leur poche les habitudes des singes et des autres animaux. Ils savent où et comment les trouver», a-t-il dit.
La mission de Huu Tinh et des autres membres du programme est de parcourir le parc national pour suivre le déplacement des singes et, le cas échéant, désamorcer des pièges, car les «bracos» sont encore à l’oeuvre, en dépit des risques non négligeables de se faire «pincer» par les gardes. Un travail de terrain au service de la recherche scientifique.
Fondé en 1989, le parc national de Cat Bà, ville portuaire Hai Phong, figure dans la liste des réserves mondiales de biosphère. |
Un autre volet important de sa mission est la sensibilisation. Car du fait de son appartenance à la communauté locale, sa parole a plus de poids que celle d’«étrangers» venus du continent, voire de pays lointains. Le travail préféré de Huu Tinh, c’est le programme d’éducation à l’environnement. Créé en 2001, il vise princi-palement les jeunes. La sensibilisation se fait de manière ludique, notamment par des jeux dont l’un s’intitule «À la découverte des pièges». Par la peine de préciser que Huu Tinh adore ce jeu... Selon lui, «ce programme de sensibilisation vise à faire prendre conscience aux jeunes de la nécessité de protéger l’environnement, la forêt en particulier».
Autrefois chasseur talentueux, Huu Tinh est désormais un gardien de parc, un «ranger» comme disent les anglo-saxons, tout aussi talentueux. C’est ce que disent de lui ses collègues. «Grâce à ses années de chasse, il a découvert des pièges posés par des braconniers. Il est l’un des membres les plus actifs du programme de préservation de la forêt», s’est réjoui Hoàng Van Thâp, directeur du Parc national de Cat Bà. «Je veux protéger le parc national pour les générations futures». Des paroles qui viennent du fond du cœur.
Cat Bà, une réserve mondiale de biosphère
Fondé en 1989, le parc national de Cat Bà, ville portuaire Hai Phong, figure dans la liste des réserves mondiales de biosphère. L’île de Cat Bà présente une grande diversité de milieux : forêt tropicale sur calcaire, mangroves, récifs coralliens, vasières... Elle abrite plus de 3.100 espèces animales et végétales, dont plus de 1.560 espèces de végétaux, 53 de mammifères, 160 d’oiseaux, 45 de reptiles, 21 d’amphibiens et plus de 1.300 organismes maritimes. Beaucoup d’entre elles sont inscrites dans le Livre Rouge du Vietnam et le Livre Rouge du monde.
Le langur de Cat Bà est une espèce endémique de cette île. Son habitat comprend les montagnes karstiques inaccessibles recouvertes de végétation, où il se nourrit de feuilles, d’écorce et de fruits. On ne compte plus que 70 individus à l’état sauvage, et sa population n’a cessé de décliner ces dernières décennies. La principale menace est le braconnage, et non la destruction de son habitat. Le programme de conservation du langur de Cat Bà est piloté depuis 2000 par l’Association de conservation des espèces et des populations animales (ZGAP Munich) et le zoo de Münster en Allemagne. Cette espèce est considérée par l’Union pour la conservation de la nature (UICN) comme l’une des deux espèces de primates les plus menacées au monde.
Tùng Chi/CVN