France
Le chausseur San Marina disparaît, entraînant 650 salariés dans sa chute

L'hécatombe se poursuit dans le prêt-à-porter avec la fin d'une autre enseigne, celle du chausseur San Marina, placée lundi 20 février en liquidation judiciaire, entraînant dans sa chute brutale quelque 650 salariés dans environ 160 boutiques.

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Une boutique San Marina, à Marseille, le 14 février.
Photo : AFP/VNA/CVN

Le tribunal de commerce de Marseille, la ville où a été créée la marque en 1981, estime qu'"aucun projet de reprise sérieux n'a pu être soutenu et les dirigeants actuels n'ont pu faire aboutir leur projet d'offre de réserve, faute d'investisseur". Dans une décision que l’AFP a pu consulter, il prononce donc la cessation immédiate d'activité, face "à une situation qu'il n'est plus possible de redresser et qui s'aggrave de jour en jour".

Samedi soir 18 février, les rideaux des magasins se sont ainsi baissés pour la dernière fois, et les coups de fils entre salariés se sont multipliés face à cette liquidation devenue inéluctable. La "détresse" était palpable, raconte Helmi Farhat, secrétaire du Comité social d'entreprise (CSE) et représentant CGT des salariés. "C'est tellement un choc, on ne s'est jamais retrouvé au chômage", avait réagi mercredi 15 février une vendeuse d'un magasin des Bouches-du-Rhône.

Le plus dur, "c'est pour les collègues plus âgés, qui ont trente ans de boîte” : "Quand on voit des enseignes françaises qui ferment, ça fait peur. Le web, ça nous a tués, et puis une mauvaise gestion aussi", analysait-elle. Sur le site marchand, l'enseigne spécialisée dans les chaussures pour femmes et la maroquinerie indique sobrement aux clients qu'"une page se tourne" après "42 années".

L'espoir d'un sauvetage de San Marina s'était éloigné début février. Stéphane Collaert, qui avait racheté l'enseigne à Vivarte début 2020, et Laurent Portella avaient envisagé de reprendre un peu moins du tiers des magasins en France, en cédant leur part majoritaire pour attirer d'autres investisseurs, notamment des fournisseurs de l'enseigne, mais sans y parvenir.

Gilets jaunes, COVID-19, inflation

Sur la dizaine d'offres de reprise ensuite déposées, seules trois avaient été soutenues le 10 février, dont aucune ne remplissait "les conditions de la loi pour être retenue en redressement judiciaire", avait expliqué Bernard Bouquet, l'avocat de San Marina. Elles ne permettaient pas non plus de sauver l'emploi des quelque 650 salariés du groupe, selon Helmi Farhat.

Désormais, les salariés tentent de négocier une "prime" de départ et une réunion est fixée jeudi 16 février. La CGT réclame deux mois de salaire par salarié, sachant que la dernière proposition était à hauteur de 1.000 euros, ajoute le syndicaliste. Les dirigeants ont assuré dans un communiqué qu'ils concentreront désormais leur "énergie" à accompagner les salariés, avec les services de l'État, "afin qu'ils retrouvent un travail dans les meilleures conditions".

À l'instar d'autres enseignes du secteur, San Marina, avec un chiffre d'affaires estimé à 79 millions d'euros en 2022 (contre 63 millions d'euros en 2021) mais un passif proche de 56 millions d'euros, a notamment pâti des mouvements sociaux comme les gilets jaunes puis de la crise sanitaire de 2020 et ses conséquences.

À celles-ci, mais aussi à la concurrence de la vente en ligne et à l'essor du marché de la seconde main, sont venues s'ajouter ces derniers mois l'inflation ainsi que la hausse des coûts des matières premières et de l’énergie, portant le coup de grâce à plusieurs groupes de prêt-à-porter déjà fragilisés, notamment dans le milieu de gamme.

Ce fut notamment le cas du chausseur André, première entreprise de la distribution textile à faire les frais de la crise sanitaire. Moins de trois ans après son placement en redressement judiciaire et la reprise partielle de ses magasins, l'enseigne de chaussures a repris le chemin du tribunal de commerce début février.

Et la liste ne cesse de s'allonger, avec la liquidation de Camaïeu en septembre, le placement en redressement judiciaire de Go Sport en janvier, suivi de ceux de Gap France et Kookaï en février.

"Cela devient triste parce qu'il y a plusieurs enseignes qui ont fermé et cela va continuer peut-être. Est-ce parce que les gens achètent sur internet ? Moi, je veux voir et toucher avant d'acheter", commentait mercredi 15 février, devant un magasin San Marina de Marseille, Pierre Scopelliti, 67 ans, un client fidèle de l'enseigne.

AFP/VNA/CVN


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