Le chant des amateurs veut séduire l'UNESCO

Le Vietnam prépare son dossier sur le don ca tài tu (chant des amateurs) qui sera soumis à l'UNESCO en mars prochain, dans le souhait de le faire inscrire au patrimoine culturel immatériel de l'humanité.

Né à la fin du XIXe siècle, le don ca tài tu tire son origine du ca Huê (chant de Huê) et de la littérature populaire. Depuis sa naissance, le don ca tài tu a connu un développement fort dans le Sud et est entré dans le coeur de ses habitants.

D'abord, pourquoi ce nom curieux de "chant des amateurs" ? Selon le musicologue Trân Van Khê, "il s'agit de l'art des personnes talentueuses, et ces amateurs talentueux n'utilisent pas leur art comme moyen de gagner leur vie". Leur objectif, c'est de faire plaisir et de se faire plaisir, sans demander de rémunération. Le chant des amateurs porte ainsi comme caractères principaux les aspects communautaire et égalitaire. Un art d'amateurs certes, mais qui n'exige pas moins de la part des pratiquants des années de pratique.

Le chant des amateurs adoucit les mœurs

Le don ca tài tu est le rendez-vous des âmes qui cherchent l'amitié par le biais de la musique et du chant. Les musiciens et chanteurs talentueux peuvent interpréter leur art dans différents lieux : fêtes villageoises, cour des maisons communales, résidences privées, en plein champ à l'occasion d'une pause, sur une digue, sur la berge d'un fleuve ou encore sur une barque… Les nuits de pleine lune, les villageois se réunissent de manière informelle, vêtus de leurs habits de tous les jours, pour jouer ou écouter du don ca tài tu. Dans les temples, les maisons communales ou sur scène, bien évidemment, ils soignent plus leur mise. Tous ceux qui savent jouer de la musique et chanter peuvent participer à une séance de don ca tài tu.

Différent de ca trù (chant des chanteuses) du Nord et du ca Huê (chant de Huê) dont les paroles sont plus importantes que la musique, le don ca tài tu accorde la priorité à l'harmonie des instruments musicaux. Souvent on interprète le don ca tài tu avec le dàn kim (luth en forme de lune), le dàn tranh (cithare à seize cordes en laiton ou en acier), le dàn co (viole à deux cordes), le dôc huyên câm (monocorde).

Le don ca tài tu est non seulement un loisir comme un autre mais encore un patrimoine culturel des habitants des 21 provinces et villes du Nam Bô. Aujourd'hui, cet art est connu en dehors des frontières nationales et intéresse beaucoup de chercheurs et de touristes étrangers.

Le Vietnam prépare le dossier national sur le don ca tài tu qui sera soumis à l'UNESCO avant le 31 mars prochain, dans le souhait de le faire entrer dans la liste des patrimoines immatériel de l'humanité. Avec l'accord du Premier ministre, le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme a chargé l'Académie nationale de la musique de coopérer avec les Services de la culture, du sport et du tourisme de ces 21 provinces et villes pour la rédaction de ce fameux dossier. L'Académie nationale de musique a organisé des études de terrain dans 14 de ces 21 villes et provinces, a fait savoir l'ex-directeur adjoint de cette académie, Dang Hoành Loan, un membre du groupe d'étude. Les chercheurs de l'académie ont constaté le consentement de la communauté avec l'État de soumettre un tel dossier à l'UNESCO. Un autre point à remarquer, c'est que les artistes de don ca tài tu sont nombreux, dans différentes localités, notamment à Hô Chi Minh-Ville. Ils ont tous la même conception concernant les aspects théoriques du don ca tài tu, qui servira à la rédaction du dossier à présenter à l'UNESCO.

Plus de 2.000 clubs de don ca tài tu

Dans le cadre des activités de préparation de ce fameux dossier, un colloque international en la matière a eu lieu du 9 au 11 janvier à Hô Chi Minh-Ville. Cet évènement a été organisé par le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme, avec la participation de plus de 120 gestionnaires et artistes venus de 21 provinces et villes du pays, de chercheurs nationaux et étrangers (allemands, français, japonais, malaisiens, sud-coréens...). Notamment, ce colloque a accueilli quatre représentants de l'Association internationale de la musique traditionnelle, dont Yamaguti Osamu, de l'Université d'Osaka, qui ont eu de grandes contributions dans l'inscription du nha nhac cung dinh Huê (musique de la cour de Huê) dans la liste des patrimoines immatériels de l'humanité, et le Professeur-Docteur et musicologue de renommée internationale Trân Van Khê. Trente-trois interventions, dont sept de conférenciers venus de France, d'Allemagne, du Japon, de Malaisie, de Singapour, de Corée du Sud, ont été présentées.

L'objectif de ce colloque était de sensibiliser la communauté nationale et internationale à la conservation du chant des amateurs, de faire appel à la coopération étrangère dans la valorisation de ce patrimoine culturel.

Le colloque s'est concentré sur cinq contenus principaux : histoire de la naissance, du développement du don ca tài tu ; valeurs artistiques de ce patrimoine ; définition, termes de nomination du don ca tài tu ; comparaison avec d'autres chants de différentes nations (Corée du Sud, Inde, Japon…) ; état des lieux, existence de cet art et mesures de conservation, de valorisation dans la vie contemporaine. "À travers ce colloque, nous constatons l'intérêt des chercheurs, experts, artistes, décideurs du Nord au Sud pour le +don ca tài tu+. Ce qui témoigne de la fierté du Vietnam pour cet art national", a déclaré le Professeur Trân Van Khê, conseiller scientifique du dossier national sur le don ca tài tu. À noter que dès 1972, l'UNESCO a introduit le don ca tài tu dans sa collection de disques intitulée "L'origine de la musique", a fait savoir le Professeur Trân Van Khê.

Lors de ce colloque, de premières statistiques nationales sur la préservation du don ca tài tu, menées l'an dernier, ont été rendues publiques. Ainsi, "Le Vietnam recense plus de 2.000 clubs regroupant environ 22.643 membres (de 8 ans à plus de 90 ans), 120 publications de 14 provinces. Ces statistiques continueront d'être complétées avant la remise du dossier à l'UNESCO", a fait savoir Lê Van Toàn, directeur de l'Académie nationale de musique.

Truong Giang-Thuân Thiên/CVN

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