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Organisée annuellement durant les 11e, 12e et 1er mois lunaires, la cérémonie câp sac marque le passage de l’adolescence à l’âge adulte. Cette tradition, perpétuée de génération en génération, symbolise les valeurs culturelles de cette minorité ethnique, dont les membres habitent près des frontières Vietnam-Chine et Vietnam-Laos, dans les provinces montagneuses du Nord (Thai Nguyên, Lai Châu, Hà Giang, Tuyên Quang et Lào Cai).
Selon le Pr.-Dr Bùi Hoài Son, directeur adjoint de l’Institut de la culture et des arts du Vietnam, les autorités de la province de Tuyên Quang, où vivent un grand nombre de Dao, ont proposé au gouvernement et au ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme d’élaborer un dossier national sur le câp sac pour le soumettre à l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO).
D’après des statistiques de 2010, le Vietnam compte plus de 800.000 personnes appartenant à l’ethnie minoritaire Dao. La plupart vivent à Tuyên Quang et à Hà Giang. Le rituel câp sac a été reconnu patrimoine culturel immatériel national le 29 mars 2016. «C’est la cérémonie rituelle la plus importante dans la vie d’un homme Dao», a indiqué la Docteur Nguyên Thi Song Hà, de l’Académie des sciences sociales du Vietnam.
Le câp sac est obligatoire
Pour les hommes de l’ethnie Dao, ce rituel est obligatoire. C’est seulement après celui-ci qu’un homme est considéré comme tel. Selon la légende, les ancêtres des Dao vivaient dans des régions montagneuses lorsque des démons sont apparus et commencèrent à tuer des gens, à manger tout le bétail et à détruire les maisons et les récoltes.
Pour les Dao, seules les personnes qui ont passé le câp sac peuvent devenir chefs de famille ou chefs de village. |
L’Empereur de Jade a alors envoyé des combattants célestes sur Terre pour les anéantir, en vain, étant donné leur trop grand nombre. Comme les simples mortels sans magie ne pouvaient se défendre contre la force des démons, l’Empereur de Jade a donc demandé aux divinités de transmettre la magie aux villageois et de leur accorder le titre de «sorcier».
Ces sorciers et les combattants célestes ont ainsi finalement neutralisé tous les mauvais esprits. Depuis, l’Empereur de Jade a donné l’ordre d’accorder le titre de sorcier aux hommes mariés pour protéger les gens des mauvais esprits. Le rituel câp sac a été formé depuis lors et perdure.
Ce n’est qu’après avoir passé le câp sac qu’un homme Dao est considéré comme mature. Pour les Dao, seules les personnes qui ont passé le câp sac peuvent devenir chefs de famille ou chefs de village. Désormais, ils sont considérés comme des hommes à part entière et bénéficient d’un crédit considérable auprès de leur famille, lignée et communauté pour se charger d’affaires importantes. Ils peuvent devenir enseignant, médecin ou sorcier. Ce sont les trois emplois considérés importants pour les Dao.
Pour ces raisons, peu importe s’il est riche ou pauvre, un homme Dao doit être initié. Il passe généralement le rituel câp sac quand il a entre 10 et 16 ans. Le rituel doit être tenu dans l’ordre de la position d’un homme dans la famille : un père doit passer le rite avant son fils et un frère aîné doit le faire avant son frère cadet.
Leçons de morale du sorcier
La cérémonie est préparée par la famille des jeunes hommes et par tout le village un an avant le jour du rituel. Ce travail nécessite l’aide de la famille, des amis et des voisins. Les Dao préparent des mets pour le repas suivant la cérémonie. Il se compose généralement de poulet, d’alcool, de viande et de riz. Ils s’assurent aussi que les participants sont en forme pour accomplir l’ensemble des rites qui les attendent.
Le +câp sac+ marque l’entrée dans la vie d’adulte d’un jeune homme Dao. |
Photo : Quang Dân/VNA/CVN |
Lors de la cérémonie, les villageois exécutent des danses traditionnelles pendant des heures rythmées au son des cymbales et des tambours. Ces danses représentent des événements historiques, des travaux agricoles, la construction de maisons et d’autres activités de la vie quotidienne des Dao.
La cérémonie débute par une présentation des garçons aux ancêtres, qui se voient offrir un cochon tué par les organisateurs. Le sorcier (thây cung), spécialisé dans les cérémonies de culte, doit ensuite purifier l’espace avant de frapper sur un tambour pour inviter les ancêtres à assister à la cérémonie. Après les prières et autres demandes adressées aux divinités, les jeunes hommes écoutent attentivement les leçons de morale qui leur sont données.
Chaque participant reçoit un nom, qui ne sera utilisé que pendant les rites religieux. Les prières et les offrandes, principalement des cochons et des poulets dont le nombre et la taille dépendent de la richesse de la famille, se succèdent.
Finalement, chaque garçon reçoit un sac (brevet sacré), qui prouve qu’il appartient par le sang à l’ethnie. Il est désormais considéré comme un homme, membre à part entière de la communauté. Il bénéficie d’un grand crédit auprès de sa famille, de sa lignée et peut dès à présent se charger d’affaires importantes. Les rites laissent ensuite la place aux réjouissances, avec un grand banquet réunissant tous les invités. Ce rite de passage est une fierté pour l’ethnie. Son sens spirituel est fort.
Auparavant, une cérémonie câp sac durait le plus souvent sept jours. Aujourd’hui, il s’agit plutôt de trois jours et deux nuits, au minimum.