La Une du quotidien populaire The Sun le 14 juin 2016 appelant ses lecteurs à voter contre le maintien dans l'UE, jouant sur les mots "quitter" (leave) et "croire (believe) dans la Grande-Bretagne". |
Face à la perspective d'une sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, l'inquiétude continue à gagner les marchés financiers à neuf jours du référendum britannique.
La Bourse de Londres a terminé en chute de 2%, celle de Paris a signé sa cinquième séance consécutive de baisse mardi 14 juin (-2,29%). Wall Street a terminé en légère baisse de 0,33%.
"À chaque fois qu'il y a un sondage" en faveur du Brexit ou "une rumeur", "le marché recule à nouveau", expliquait Alexandre Baradez, un analyste d'IG France, qui constate "une défiance envers l'Europe" de la part des investisseurs.
La livre sterling était particulièrement sous pression sur les marchés des changes. Les derniers sondages pèsent "encore plus lourdement", commentait dans une note Simon Smith, analyste chez FXPro.
Le camp du maintien dans l'UE, mené par le Premier ministre conservateur David Cameron, doit composer depuis quelques jours avec une succession de sondages donnant le Brexit en tête.
Mardi 14 juin encore, les troupes du "Leave" comptaient six points d'avance (53%) dans les intentions de vote, selon une enquête d'opinion ICM publiée par le Guardian, et sept dans un sondage YouGov pour le Times.
Vent de panique
Résultat : un vent de "panique" souffle désormais sur le camp du maintien, ont expliqué au Times et au Guardian des sources au sein de la campagne en faveur de l'UE, même si le porte-parole de "Britain Stronger in Europe" cherche à relativiser.
"Je ne prêterais pas trop attention aux sondages, ils montent, ils baissent et on sait qu'ils avaient tout faux l'année dernière" pour les législatives, a assuré James McGrory.
Même s'il n'a rien d'une surprise, le ralliement du Sun au camp du Brexit n'en constitue pas moins un nouveau coup dur pour les pro-européens.
"BeLEAVE in Britain", pouvait-on lire en toutes lettres en une du tabloïd aux 4,5 millions de lecteurs. Un jeu de mots qui phonétiquement signifie "croire en la Grande-Bretagne" tout en comprenant le terme "sortie (de l'UE)".
Entravé par "l'expansion sans relâche de l'État fédéral allemand", l'avenir du Royaume-Uni serait "bien plus sombre" au sein du bloc des 28, a poursuivi le journal, propriété du magnat australo-américain Rupert Murdoch.
Pour tenter d'inverser la tendance, les partisans du statu quo ont déclenché une nouvelle offensive mardi 14 juin avec un rassemblement au siège de la grande confédération syndicale, le Trade Union Congress (TUC).
"Trou noir dans nos finances publiques"
Le chef du Parti travailliste Jeremy Corbyn y a défendu "le travail des syndicats en Europe pour offrir de meilleures conditions de travail, des vacances plus longues, des congés de maternité et de paternité et moins de discriminations".
Dans un communiqué commun, de hauts responsables travaillistes ont mis en garde contre les conséquences d'une éventuelle sortie de l'UE, qui pourrait coûter selon eux 525.000 emplois dans le secteur public. "Le choc ressenti par notre économie pourrait se traduire par un trou noir de 40 milliards de livres dans nos finances publiques", ont-ils écrit.
Le ministre des Finances, George Osborne, a de son côté affirmé qu'une sortie de l'UE pourrait déclencher la mise en place d'un "budget d'urgence" qui entraînerait hausse d'impôts et réduction des dépenses. Les écoles, les hôpitaux et l'armée verraient leurs financements se réduire a mis en garde M. Osborne. "Quitter l'UE toucherait les investissements, nuirait aux familles et à l'économie britannique", a-t-il averti.
Le vice-président du Labour, Tom Watson, a lui déclaré que l'UE devrait réfléchir rapidement à une réforme du principe de libre circulation des travailleurs, histoire de prendre en compte les manifestes réticences de l'opinion britannique.
AFP/VNA/CVN