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Le nouveau concept de café-librairie attire largement les jeunes hanoïens. |
Photo : NVCC/CVN |
Dissimulé au fond d’une toute petite ruelle à la rue Nguyên Quang Bich au bord du Vieux quartier de Hanoï, le café Tranquil porte très bien son nom. Avec sa toute petite taille adorable et sa cours intérieure des plus lumineuses, les lieux invitent à la quiétude et à une certaine sérénité. Dès que l’on franchit le pas de la porte, on est immédiatement saisi par l’immense bibliothèque murale, et invité à prendre place dans les petits coins confortables.
Lu, l’instigateur de cette perle à la fois littéraire et gourmande lancée en juillet 2015, raconte son histoire. Il gérait depuis un moment le Nhà Sàn, un café réputé de la capitale et qui a fermé ses portes en juillet dernier. Fanatique de lecture depuis sa plus tendre enfance, il s’était mis en tête de combiner ses deux passions. Pour lui, les cafés-librairies qu’il avait visités ne répondaient pas au simple besoin d’un espace minimum pour la lecture, ou lorsque les livres n’étaient utilisés qu’à des fins décoratifs. Surtout, il voudrait avoir à la fois un café et une librairie, un concept complémentaire, a-t-il dit.
Non loin de là, le Blue Birds’ Nest a connu une toute autre histoire. Thanh Binh, sa gérante, a quitté son emploi dans une banque pour ouvrir son café-librairie en 2015, dans la cour d’un ensemble d’immeubles à Hanoï. «J’étais pourtant bien rémunérée, mais je me sentais mal à l’aise. J’ai donc ouvert ce café afin de réaliser mes rêves», s’exclame-t-elle.
Le nouveau concept venu de l’étranger
L’espace de lecture lumineuse à l’intérieur de +Blue Birds’ Nest+. |
Photo : CTV/CVN |
Le point commun entre ces lieux ? Ils misent sur le besoin d’«intimité». À la différence des autres cafés, ces gargotes littéraires fuient le brouhaha et l’atmosphère tapageuse, et préfèrent des ambiances mêlant délicatesse et élégance. «En outre la tranquillité, la propreté est aussi un trait caractéristique. Nous apprécions la simplicité et le confort, de sorte que les clients aient conscience d’être dans un espace de lecture», insiste Lu. La musique est également un élément essentiel pour créer l’ambiance et elle doit être la plus juste possible.
La sélection des livres est des plus variées, et les gérants n’hésitent pas à apporter leurs propres griffes et goûts dans les rayons. Les ouvrages mis à disposition proviennent d’achats hebdomadaires, de la propre collection des propriétaires, des dons de fans ou tout simplement, via des bourses d’échange «livre contre boisson» organisées occasionnellement. Les romans ainsi que les livres d’art restent tout de même les genres de prédilections, mais il n’est pas rare de tomber sur un livre de science ou écrit dans une langue étrangère.
Mais il ne faut pas oublier également l’autre part essentielle : les boissons. Le menu se compose majoritairement de café et de thé, breuvages d’excellence pour accompagner toutes lectures. Les produits sont pour la plupart naturels et certifiés, venant d’amis et de connaissances qui soutiennent sans faille ces cafés-librairies.
Un avenir entre difficultés et ambitions
La soirée de rencontre «Symposium on Education» avec deux auteurs J. C. Michaels et Linh Tran à +Tranquil+, le 10 juin 2016. |
Photo : CTV/CVN |
Régulièrement, des petits événements sont organisés pour attirer les clients. Tous les dimanches matins, le café Tranquil propose par exemple le «Pop-up readings», où tout est gratuit. Le Blue Birds’ Nest prépare chaque semaine des soirées de rencontre, avec entre autres, des auteurs.
Mais l’esprit de ces jeunes amoureux de littérature et de bon café ne s’arrête pas là. Ils souhaitent offrir un espace culturel pour les habitants de la capitale. Leur but : venir en aide aux jeunes artistes et écrivains, et de ce fait, n’organisent que des événements gratuits en guise de coup de pouce. «Nous souhaitons que +Tranquil+ constitue une petite communauté. Nous considérons nos clients, invités et collaborateurs, tout comme nos baristas, comme amis à vie», partage Lu.
Un idéal qui se heurte malheureusement à une certaine réalité : la survie d’un établissement. En misant sur le principe d’«intimité», par une communication qui ne passe que par Facebook et les adresses parfois un peu trop bien cachées pour assurer un espace de silence total, le modèle ne permet pas toujours de générer autant de revenu que les concurrents classiques.
«Les problèmes viennent d’ici, et d’ailleurs. Les clients ne sont pas toujours gentils, les livres sont parfois très usés, le menu se doit d’être actualisé à chaque saison, le staff va et vient, partage Thanh Binh. Mais le travail le plus compliqué reste de conserver son propre style».
Pour ces gérants, ils reconnaissent que la taille d’un café-librairie ne permet pas d’organiser quelque chose de géant. «Notre nouvelle succursale a été ouverte en dernier décembre avec certaines innovations, mais l’esprit reste toujours le même», confie Lu. Un succès qui confirme que la page n’est pas prête d’être tournée pour ces cafés.
Dang Duong/CVN