Le café au secours de la forêt tropicale du Mozambique

Les dégâts sont visibles de loin. Les pentes du mont Gorongosa, situé au centre du Mozambique dans le parc national du même nom, étaient jadis recouvertes d'une forêt tropicale d'altitude, unique dans le pays. Désormais, ce beau manteau vert sombre est constellé de trous.

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Des ouvriers agricoles dans la plantation de café de Gorongosa, le 20 mai.
Photo : AFP/VNA/CVN

Des kilomètres de coteaux ont été défrichés, laissant place à une terre desséchée où ne poussent que des herbes et des arbustes rabougris. Mais depuis quelques années, la forêt renaît grâce à une culture pratiquement inconnue jusqu'ici au Mozambique : le café.

Tandis qu'il arpente les plantations à mille mètres d'altitude, Juliasse Samuel Sabao mesure les progrès accomplis. D'un côté de la piste, un paysage quasi désertique. De l'autre, une forêt touffue et des hectares de plants de café sagement alignés.

"Le café a besoin d'ombre pour pousser. Alors pour chaque plant de café, on plante un autre arbre", explique cet employé du parc. Fuyant la guerre civile (1975-1992) qui a fait un million de morts après l'indépendance du Portugal, Juliasse a découvert la culture du café au Zimbabwe voisin.

Depuis dix ans maintenant, il veille sur les plantations du mont Gorongosa resté inaccessible pendant des années. Vingt ans après la guerre civile, le Mozambique a connu un nouveau conflit, entre rebelles et gouvernement, qui a duré jusqu'en 2019.

Le site a été un bastion des rebelles. Et pendant toutes ces années, le massif leur a servi de réservoir en ressources naturelles. Les combattants ont défriché la forêt pour y cultiver la terre et assurer leur subsistance, certains vivent encore dans la montagne.

"Les miliciens sont descendus nous voir, et nous ont ordonné d’arrêter l'exploitation", se souvient Juliasse.

"Nomadisme agricole"

Les testeurs de café de la plantation de Gorongosa, le 20 mai.
Photo : AFP/VNA/CVN

À la veille des derniers combats, le directeur du parc, Pedro Muagara, agronome de formation, avait planté les premiers caféiers. À son retour, les plants avaient prospéré dans l'indifférence des occupants des lieux, majoritairement des miliciens et leur famille.

"Ces personnes dépendent de l'agriculture de subsistance, parce qu'elles n'ont pas les moyens d'acquérir des machines comme des tracteurs, et cela crée du nomadisme agricole", explique M. Muagara.

"Ils défrichent plusieurs zones et la déforestation prive le sol de ses nutriments. La terre s'appauvrit, ils vont alors défricher une autre terre", poursuit-il. Mais "lorsqu'ils perdent un arbre, c'est leur propre subsistance qu'ils perdent avec".

Pour tenter d'inclure les habitants de la montagne, le projet entremêle culture du café, qui nécessite plusieurs années avant de donner les premières graines, avec des cultures vivrières indispensables.

Quelque 300.000 caféiers, 400.000 anacardiers ont ainsi été plantés, créant 300 emplois et bénéficiant à 200.000 habitants de la région, selon la Banque mondiale.

Le café de Gorongosa, dont les ventes sont intégralement reversées au projet soutenu par le millionnaire et philanthrope américain Greg Carr, s'exporte désormais aux quatre coins du monde.

Près de 70% des Mozambicains travaillent dans le secteur agricole, selon l'agence américaine de développement (USAID), mais seulement 16% des terres arables sont cultivées.

Avec le conflit en Ukraine, "l'inflation du prix des produits de base touche aussi le Mozambique. Nous devons alléger cette pression sur les familles, et notre seule solution est d'augmenter la production", explique le ministre de l'agriculture, Celso Correia.

Un des grands défis du secteur local, qui souffre d'un manque de mécanisation et de technologie, est sa modernisation. "L'agriculture est un secteur essentiel, nous ne pouvons pas dépendre des projets internationaux, nous devons être autosuffisants", conclut M. Correia.

AFP/VNA/CVN

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