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Le secrétaire d'État britannique aux Transports, Jo Johnson, le 9 novembre à Londres. |
La Première ministre conservatrice fait en même temps face à l'opposition du parti nord-irlandais DUP, indispensable à sa majorité absolue au Parlement. Il l'accuse de vouloir sacrifier l'unité britannique pour obtenir un accord avec Bruxelles, et la menace de voter contre l'accord en cours de négociation lorsqu'il sera présenté au Parlement.
"Il m'est apparu de plus en plus clair que l'accord de retrait, en train d'être finalisé, serait une terrible erreur", a écrit Jo Johnson dans un texte publié en ligne intitulé "Pourquoi je ne peux pas soutenir l'accord de Brexit proposé par le gouvernement".
Il y déplore "le choix laissé au peuple britannique", entre un accord qui "affaiblirait économiquement" le pays, et une sortie sans accord, qui infligerait des "dommages indicibles" au Royaume-Uni.
Jo Johnson, qui avait lui voté pour le maintien dans l'UE, se dit "tout aussi mécontent" de la proposition du gouvernement britannique que son frère Boris, et reprend des arguments souvent utilisés par son aîné.
"Au lieu de +reprendre le contrôle+, nous allons céder le contrôle à d’autres pays européens", affirme-t-il. "Les propositions du gouvernement feront de nous un pays hors de l'Europe mais encore dirigé par l'Europe, tenu de respecter des règles que nous ne pourrons pas rédiger".
Londres et Bruxelles tentent actuellement de s'entendre sur un accord de divorce incluant la mise en place d'une période de transition après la date de sortie britannique, le 29 mars 2019, pour se laisser le temps de négocier un accord sur leur relation future.
Estimant que le Royaume-Uni est au bord de "la plus grande crise depuis la Seconde Guerre mondiale", Jo Johnson appelle à un second référendum pour que les Britanniques "confirment leur décision" de quitter l'UE et, le cas échéant, se prononcent sur l'accord.
Un porte-parole de Theresa May a immédiatement répliqué qu'un second référendum était exclu, en remerciant Jo Johnson pour son travail au sein du gouvernement.
Son départ et sa prise de position contre la stratégie du gouvernement ont été salués aussi bien par son frère Boris, leader du camp pro-Brexit, que par Anna Soubry, député conservatrice favorable au maintien dans l'UE.
Menaces du DUP
Étapes de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
Les négociations entre Londres et Bruxelles continuent de buter sur la manière de maintenir une frontière invisible entre la province britannique d'Irlande du Nord et la République d'Irlande.
Mais des signes de compromis ont émergé cette semaine, laissant envisager la conclusion d'un accord dans les prochains jours.
Néanmoins, le parti nord-irlandais unioniste DUP, allié du gouvernement, a menacé de ne pas voter l'accord au parlement si l'Irlande faisait l'objet d'un traitement particulier, qui distinguerait la province du reste de la Grande Bretagne.
"Il semble que la Première ministre s'accroche à l'idée d'une frontière en mer d'Irlande", a tempêté vendredi Arlene Foster sur Twitter.
Or Theresa May, qui espère conclure rapidement les négociations avec Bruxelles pour permettre au parlement britannique de voter le texte avant la pause parlementaire de fin d'année, a besoin des dix voix du DUP, faute de majorité absolue à la chambre des Communes.
Cette épine dans le pied de la dirigeante britannique complique sa position dans les discussions avec Bruxelles.
Objet de féroces critiques au sein de son Parti conservateur, en particulier des partisans d'une rupture nette avec l'UE, sur sa manière de mener à bien le Brexit, Theresa May a déjà essuyé plusieurs démissions au sein de son gouvernement.
En juillet, David Davis, ministre en charge du Brexit, et Boris Johnson, le ministre des Affaires étrangères avaient claqué la porte, en désaccord avec sa stratégie.