>> Le breakdance confirmé aux JO-2024, paritaires et resserrés
Entraînement de l'équipe de France de breaking à l'Insep à Paris, le 28 septembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"L'objectif, c'est les JO. Devenir le premier breaker a gagné la médaille d'or", annonce Danis Civil, alias Danny Dann, 33 ans. Le 1er septembre, le Bboy est devenu pensionnaire de l'Insep, dans le sud-est de Paris, et répète dans une salle de danse dédiée avec 5 autres des meilleurs breakers français.
Face au miroir, il enchaîne les figures : pas de danse, contorsions debout, figures bloquées (freeze) en poirier, saltos, rotations au sol. La séquence dure une minute environ, avant qu'un cri de satisfaction ne vienne couvrir la musique hip-hop qui s’échappe de l'enceinte à proximité.
Les autres danseurs observent et jugent la performance. Bboy Mounir, 25 ans, suggère de changer un mouvement de la routine et relève que Danny Dann manquait "un peu de patate" sur un autre.
"La prépa physique d'hier soir m'a tué", acquiesce-t-il. "Chez moi, je travaillais mon cardio avec la danse. Là on a fait du rameur, du vélo, du gainage à un rythme de fou", explique ce père de 2 enfants, qui a mis en pause son travail d'aide-soignant à Perpignan en vue des JO.
"Une marche énorme"
À l'Insep, les danseurs s'entraînent jusqu'à 3 fois par jour, cinq jours par semaine. Préparation physique, affrontements en 1 contre 1 (battle), répétitions des routines, analyse vidéo... Le week-end, ils se reposent ou participent à des compétitions internationales. Un programme inédit pour des sportifs autodidactes, qui évoluaient jusque-là avec peu ou pas d'encadrement.
"C’est une marche énorme pour nous. Quand j’ai commencé dans les années 2000, on s'entraînait dans les gares et les cages d’escalier, c’est fou de se retrouver dans cet environnement", se réjouit Omar Remichi, 35 ans, entraîneur de l'équipe de France. En plus des structures – salle de danse, musculation, balnéothérapie...-, les six breakers peuvent solliciter les préparateurs physiques, kinés et médecins de l'Insep.
"On va se servir de ça pour passer à une autre dimension. Aujourd'hui, j'ai passé une heure avec des apnéistes sur la respiration avant l’effort. On est beaucoup en apnée dans nos mouvements, donc il faut essayer d'incorporer leurs techniques à notre préparation", commente Remichi.
Né dans les ghettos du Bronx dans les années 1970, le breaking en France est longtemps resté un domaine sans diplôme, ni modèle fédéral. Il a été reconnu sport de haut niveau en 2019 seulement, un an avant son inscription officielle au programme des JO de Paris.
Authenticité
Le lancement du pôle à l'Insep ainsi que la création d'un diplôme d'entraineur en septembre sont les derniers développements d'une discipline qui souhaite toutefois "éviter au maximum d'être dénaturée".
"Le breaking c'est surtout la personnalité. Parfois en tournoi un mouvement maladroit avec beaucoup de caractère est mieux noté qu'un geste parfait", selon Remichi, également juge lors de compétitions internationales.
Les danseurs espèrent donc installer rapidement une table de mixage, des instruments et une décoration qui correspondrait à l'atmosphère d’une battle. "Ce que l'on veut garder, c'est l'originalité, mais c'est aussi important d'être dans une structure", estime Carlotta Dudek, 20 ans et grand espoir de médaille à Paris.
Elle a quitté Montpellier à l'été pour s'installer dans un appartement à quelques centaines de mètres de l'Insep. "C'était une évidence à deux ans des Jeux pour mettre toutes les chances de mon côté", dit-elle.
"On avait un peu perdu la +French Touch+. À l'international, les Français sont connus pour être les breakers avec le plus d'attitude, ceux qui parlent le plus pendant les battles. Ici, on prend notre élan et ça va envoyer à Paris", prédit la Bgirl.
AFP/VNA/CVN