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Neels Havenga pratique le bodysurf à Noordhoek près du Cap en Afrique du Sud. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Il est un peu plus de 06h00 (19 mars). Un bandeau rose habille l’horizon au-dessus de Noordhoek, près du Cap. "Howzit bru?" (Ça va, frère ?) Anthony se dépêche, après il va travailler. Neels lui s’en fout, il est plongeur sur des plateformes offshores. Quand il n’est pas en mission, il a tout son temps. Il scrute l’écume, cherche les conditions idéales, loin de la foule des surfeurs. "Parfois, je me dirige vers des vagues moins bonnes, pourvu que je ne me retrouve pas en tas. Je tourne peut-être vieil acariâtre, mais j’évite absolument la foule", confie le nageur de 45 ans au physique sec, qui a passé l’âge de se bagarrer pour le meilleur emplacement.
Sur les rochers, des groupies observent les petits bonhommes chahutés par les rouleaux. À gauche, ils se hissent sur leurs planches, redessinant la vague de façon élégante pour les meilleurs, chutant dans des cascades maladroites pour d’autres. Un peu plus loin, les "sans planche" épousent la vague, profondément immergés. Moins spectaculaire mais épuré et physique.
"Ta cage thoracique devient la coque d’un bateau", raconte Cobus Joubert, beau gosse juvénile de 50 ans. Planchettes sur les mains pour améliorer la glisse et la stabilité, ou à mains nues, ils semblent tomber en diagonale dans les tunnels du ressac, le corps cambré pour limiter le contact avec l’eau qui freine.
"Rien n’est sérieux"
Le bodysurf, "tu le pratiques gamin, intuitivement, avant même de savoir que ça porte un nom", dit-il. "On en a tous fait. C’est amusant et tu ne peux pas vraiment te faire mal", acquiesce Liam Kilbride, 19 ans, qui a grandi à 20 minutes de la plage.
Neels Havenga lors d’une session de bodysurf à Noordhoek près du Cap en Afrique du Sud |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Cobus se dit "plus détendu" sans planche. "Je me sors de situations dangereuses facilement, il suffit de passer sous la grosse vague, de descendre dans l’eau. Tu es plus mobile" qu’avec une planche qui s’accroche à la surface. Il faut être bon nageur, prêt à donner des coups de pied énergiques "comme dans le ventre de ta mère", plaisante Cobus, descendant "à la dixième génération de huguenots français". "Ça te ramène à l’enfance, il n’y a rien de sérieux dans le bodysurf, c’est juste du plaisir". "T’as de bonnes pensées ou la tête vide", dit-il.
"C’est joyeux, très joyeux, renchérit Neels, l’impression de voler dans l’eau, d’être bien vivant". Évidemment, sans planche, "tu intéresses beaucoup moins les filles", plaisante-t-il. C’est une pratique de niche, solitaire, zéro frime. "La liberté absolue", respire Anthony, compact et charpenté, en se frictionnant à sa sortie de l’eau. "Prendre les vagues, épouser le mouvement. Rien de technique, tu te positionnes et tu kiffes".
Ce spot est "l’un des plus beaux" de la péninsule du Cap, la "définition même du surf" dans ce bout du monde", guide Cobus, amoureux de son mode de vie, que certains comparent parfois à celui de la Californie. Une vie saine, largement passée dehors, en "confrontation régulière avec la nature".