Le bilan des inondations près de Rio s'alourdit encore : 94 morts

Au moins 94 personnes sont mortes et 35 portées disparues dans les inondations et glissements de terrain provoqués par les pires pluies en près d'un siècle dans la ville touristique de Petropolis, près de Rio de Janeiro, a-t-on appris mercredi 16 février de source officielle.

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Des habitants évacuent le corps d'une victime après des glissements de terrain et des inondations à Petropolis, le 16 février au Brésil.
Des habitants évacuent le corps d'une victime après des glissements de terrain et des inondations à Petropolis, le 16 février au Brésil.
Photo : AFP/VNA/CVN

Le bilan toujours provisoire n'a cessé de s'alourdir d'heure en heure au lendemain des pluies torrentielles qui ont transformé les rues du centre en rivières de boue, aplati des maisons et renversé des dizaines de voitures en cette saison des pluies particulièrement meurtrière au Brésil.

Les autorités de l'État de Rio de Janeiro (sud-est du Brésil) l'ont réévalué mercredi soir à "94 décès confirmés", tandis que 24 personnes ont été déclarées sauvées par les secours. Le ministère public de Rio a établi que 35 personnes avaient été "enregistrées" comme disparues dans son service de localisation des personnes, même si les pompiers et les autres autorités chargées des sauvetages n'ont pas avancé de chiffre en ce domaine.

Le bilan risque en tout cas encore de s'alourdir dans cette localité de 300.000 habitants, située à 60 km au nord de la mégalopole carioca. Petropolis a reçu en quelques heures mardi soir davantage de pluies que la moyenne de tout un mois de février, selon l'agence météorologique MetSul. Le gouverneur de l'État de Rio de Janeiro, Claudio Castro, a estimé lors d'une conférence de presse que se sont abattues "les pires pluies depuis 1932".

Le Brésil a été frappé en cette saison des pluies par des précipitations particulièrement sévères - dans les États de Bahia (Nord-Est), Minas Gerais et Sao Paulo (Sud-Est) - que les experts ont liées au réchauffement climatique. Avec le réchauffement climatique, les risques d'épisodes de fortes précipitations augmentent, selon les scientifiques. Ces pluies, associées notamment au Brésil à une urbanisation souvent sauvage, favorisent inondations et glissements de terrain meurtriers.

"Zone de guerre"

Plus de 180 pompiers se trouvaient à Petropolis, avec quelque 400 militaires, fouillant la terre boueuse dans cette ville de montagne qui fut la résidence d'été de l'ancienne cour impériale fuyant la canicule de Rio au XIXe siècle. Le quartier le plus touché est Alto da Serra, une colline que de nombreuses familles descendaient mercredi en pleurant, emportant les maigres affaires qu'elles ont pu sauver, ont constaté des journalistes de l'AFP.

"Tous les gens dans la rue disent qu'on dirait une zone de guerre", a déclaré Wendel Pio Lourenço, un habitant de 24 ans qui participe depuis la veille aux secours. "J'ai retrouvé une petite fille engloutie dans la boue", dit le jeune homme, qui transporte un téléviseur vers une église servant de refuge. Les écoles de la ville ont été réquisitionnées pour abriter de nombreuses familles sans toit. La boue a enseveli des habitations et des toits en tôle arrachés jonchaient partout le sol.

Les dégâts provoqués par des glissements de terrain et des inondations à Petropolis, le 16 février au Brésil.

Des voitures, emportées par des rivières de boue, se retrouvaient les roues en l'air ou empilées sur d'autres véhicules. Des commerces ont été inondés par l'eau qui a dévalé dans les rues du centre historique de Petropolis. Mercredi 16 février, la quasi totalité des boutiques du centre-ville étaient fermées, à l'exception des pharmacies.

Nouveaux risques

L'église de Saint-Antoine, près de la zone la plus touchée, a ouvert ses portes à quelque 150 habitants qui ont abandonné des maisons déjà détruites ou menaçant de s'effondrer. "La plupart de ceux qui arrivent ici ont perdu des parents. C'est une situation difficile", déclare le père Celestino, curé de la paroisse. "Je ne veux plus voir de pluie de ma vie", a lancé Jeronimo Leonardo, 47 ans, qui a fui sa maison menaçant de s'écrouler.

Le gouvernement brésilien a mis en garde contre un risque "très élevé" de nouveaux glissements de terrain dans la région montagneuse de Rio, "notamment à Petropolis", en raison de nouveaux épisodes de pluie qui menacent ces prochains jours et pourraient provoquer de nouvelles "inondations". La mairie de Petropolis a décrété l'"état de calamité" et un deuil de trois jours.

Depuis Moscou où il se trouve en visite - et avant d'aller à Petropolis vendredi - le président Jair Bolsonaro a souhaité que "Dieu réconforte" ceux qui ont été endeuillés par "cette catastrophe". Petropolis, avec ses vieilles maisons cossues, est une destination qui attire un grand nombre de touristes en quête d'histoire, de randonnées dans une nature verdoyante et d'un climat tempéré.

L'écrivain autrichien Stefan Zweig s'y était réfugié pour fuir le régime nazi et y a mis fin à ses jours en 1942. En janvier 2011, plus de 900 personnes avaient péri en raison d'inondations et des glissements de terrain dans une vaste région proche de Rio comprenant Petropolis et les villes voisines de Nova Friburgo, Itaipava et Teresopolis.


AFP/VNA/CVN

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