Le Bénin expose pour la première fois ses 26 trésors restitués par la France

Le président béninois Patrice Talon a inauguré samedi soir 19 février avec "fierté" une exposition historique et hautement symbolique à Cotonou, où les 26 trésors royaux restitués en novembre par la France seront présentés dimanche pour la première fois au peuple béninois, 129 ans après leur vol.

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Le roi Glélé à tête de lion et le roi Behanzin à tête de poisson, parmi les œuvres restituées exposées à Cotonou le 18 février.

Cette exposition est "une fierté et une foi en ce que nous fûmes, en ce que nous sommes, et en ce que nous serons", a-t-il déclaré devant la presse. "Voilà, le Bénin révélé".

Avec ces restitutions, "c’est un tabou qui a été brisé (…) ce n’est plus une préoccupation de savoir si c’est possible ou pas, nous l’avons fait", a-t-il ajouté, précisant que le Bénin allait demander à la France d'autres œuvres toujours détenues par l'ancienne puissance coloniale.

Au sein du palais présidentiel à Cotonou, un espace muséal de plus de 2.000 m2 a été aménagé pour accueillir cette exposition intitulée "Art du Bénin d’hier et d’aujourd’hui, de la restitution à la révélation", qui ouvrira dimanche matin 20 février au public jusqu’au 22 mai.

Les 26 œuvres rendues par la France, après plus de deux ans de négociations entre Paris et Cotonou, sont la première importante restitution d'objets de collections publiques à un pays africain.

Plus tôt dans la journée le président Patrice Talon avait présenté les 26 trésors autrefois exposés au musée du quai Branly à Paris à la ministre de la Culture française Roselyne Bachelot, en déplacement à Cotonou.

"C'est une exposition absolument magnifique et elle rend encore peut-être mieux la majesté, la créativité, l’incroyable patrimoine historique, politique et esthétique que représentent ces 26 œuvres", a déclaré la ministre française après sa visite.

Ces trésors avaient été pillés en 1892 par les troupes coloniales françaises dans le palais d’Abomey, capitale du Royaume du Dahomey, au centre-sud du Bénin actuel, composé alors de plusieurs royaumes.

Ferment de l'unité nationale

L'espace muséal de la présidence béninoise, à Cotonou le 18 février.
Photo : AFP/VNA/CVN

Ces œuvres "ont quitté un royaume, mais elles reviennent dans une république, et nous voulons que ce soit le ferment de l’unité nationale", avait déclaré la veille le ministre béninois de la Culture, Jean-Michel Abimbola.

La première salle de l'exposition, dont les immenses murs peints en noir lui donnent un caractère solennel, met à l'honneur les trônes des souverains du Dahomey.

Et particulièrement, celui du roi Ghézo (1797-1818), majestueuse sculpture de bois aux motifs afro-brésiliens de près de deux mètres, surmontée d'une tablette incurvée.

"Depuis le début de l'installation, je ne cesse de le contempler", explique Théo Atrokpo, un des médiateurs de l'exposition, qui frémit d'impatience "d'en expliquer l'histoire" à ses compatriotes.

"Je l'avais déjà vu en France, mais le voir ici, chez nous, c'est retrouver une partie de notre âme, c'est nous connecter à notre histoire", ajoute ce guide culturel âgé de 42 ans.

De la statue mi-homme mi-lion du roi Glèlè à celle mi-homme mi-oiseau du roi Ghézo, en passant par les portes du palais royal, les invités, très émus, se pressaient pour admirer les trésors.

"C'est très émouvant de me retrouver face au trône du roi Ghézo, je ne l'avais pas imaginé aussi grand, aussi puissant", confie Laeila Adjovi, artiste franco-béninoise dont plusieurs œuvres sont aussi présentées lors de cette exposition.

Car à côté des trésors, 34 artistes béninois contemporains ont été sélectionnés pour y présenter plus d'une centaine d’œuvres.

Scène contemporaine

Le trône du roi Glélé exposé à Cotonou, le 18 février.
Photo : AFP/VNA/CVN

Une volonté du gouvernement de lier "l'histoire au présent", et montrer que le "génie artistique béninois a perduré", malgré la dépossession d'une partie de son patrimoine.

Des tapisseries monumentales d'Yves Appollinaire Pèdé mettant à l'honneur le vaudou, à l'installation réalisée à partir de cheveux de Dimitri Fagbohoun, en passant par les robots afro-futuristes d'Emo de Medeiros et les peintures monumentales et colorées de Moufouli Bello, cette deuxième partie montre la vitalité artistique de la scène contemporaine béninoise.

Plusieurs galeristes et acteurs du monde de l'art internationaux venus assister à cette exposition historique, ont confié avoir été épatés par la scénarisation, qui n'a rien à envier, selon eux, à celles des grands musées européens.

La France, mais aussi d'autres pays européens, possèdent toujours un nombre important d’œuvres pillées durant la colonisation en Afrique.

AFP/VNA/CVN

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