>>La Nouvelle-Calédonie choisit la France
>>Dans une semaine, la Nouvelle-Calédonie choisit la France ou l'indépendance
Le drapeau indépendantiste Kanak dans la baie de Saint-Maurice, en Nouvelle-Calédonie, le 17 mai. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Le gouvernement veut essayer de relancer le dialogue. Ce n'est pas facile et ça dépendra des acteurs et de leur capacité à sortir de leurs postures (...) pour réellement aller dans le fond des échanges", assure Matignon qui estime que "probablement rien ne sera signé à l'issue de cette semaine". Mais ce n'est pas le but affiché.
Cette réunion doit permettre d'organiser la troisième consultation référendaire d'ici octobre 2022, et de travailler sur toutes les conséquences du "oui" et du "non", explique Matignon dans un communiqué. Le gouvernement présente comme l'une des possibilités un "accord d'association" en cas de "oui" à l'indépendance, dans un document de travail auquel l'AFP a eu accès.
Après le deuxième référendum d'octobre 2020, qui a vu le non à l'indépendance l'emporter une nouvelle fois, mais avec moins de marge que pour le premier, le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, avait mené de nombreuses réunions bilatérales tant avec les indépendantistes qu'avec les loyalistes.
Mais les personnalités politiques des deux bords ne souhaitaient pas se rencontrer.
Sébastien Lecornu avait alors invité cinq membres de chaque camp à une réunion tripartite en petit comité sur l'île Leprédour, au large de la Nouvelle Calédonie, pour réussir à renouer le dialogue.
Mais quelques jours plus tard, ce sont les tensions autour de la vente de l'usine de nickel de la province Sud qui avaient de nouveau "handicapé le dialogue", explique-t-on au ministère des Outre-mer. Et malgré l'accord trouvé en mars, les positions sont restées figées depuis.
"Un dialogue politique devait reprendre sur une base nouvelle, c'est le sens de l'invitation que le premier ministre a envoyé début avril aux membres du format Leprédour", ajoute le ministère.
Absence de l'UNI
Le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu en septembre 2020 à l'Élysée, à Paris. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le casting sera cependant un peu différent cette fois car l'Union nationale pour l'indépendance (UNI), l'un des deux courants du FLNKS, a annoncé qu'elle ne répondrait pas à l'invitation. Par ailleurs, les délégations présentes seront renforcées de pas mal d'accompagnants et d'élus.
Le gouvernement a cependant insisté sur le fait qu'il gardait la main tendue si l'UNI voulait participer aux discussions. Car le programme de cette semaine d'échange est fourni.
Ainsi, jeudi 27 et vendredi 28 mai les politiques calédoniens assisteront à des présentations des travaux menés par les services de l'État pour évaluer précisément les enjeux et les conséquences des deux issues possibles lors de la prochaine consultation : "une analyse presque clinique des sujets à traiter" dans les domaines juridiques, économiques et financiers, sur les politiques publiques du quotidien et sur l'exercice des compétences régaliennes.
Les discussions seront "plus politiques" lundi 30 mai en bilatéral et mardi 1er juin en plénière, et viseront à préciser les positions des uns et des autres dans cette dernière phase de l'accord de Nouméa, avec un enjeu majeur pour le gouvernement : que le dialogue soit maintenu dans la durée.
Le ministre des Outre-mer a déclaré mardi devant l'assemblée qu'il formait un vœu, "au nom du gouvernement de la République", celui de sortir du choix binaire "un peu obscur et stérile" entre le oui et le non, et essayer "de trouver un nouveau chemin qui permette non seulement la paix et la concorde, mais aussi le développement prospère de la Nouvelle-Calédonie". "C'est la promesse républicaine que nous formons".
"Cela ne veut pas dire que l'intention du gouvernement est d'éviter cette consultation", a précisé Matignon, mais qu'à l'issue de cette semaine de discussions toutes les conséquences de l'issue de la consultation aient été étudiées car "quelque soit le scénario, il faudra que les Calédoniens vivent ensemble dans la paix".