>>Europe : des milliers de migrants avancent, malgré les obstacles aux frontières
Le ministre autrichien de l'Intérieur, Herbert Kickl (gauche), et son homologue autrichien Matteo Salvini donnent une conférence de presse conjointe à Vienne, le 14 septembre 2018. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
Cette proposition, avancée au cours d'une conférence de presse aux côtés de son homologue italien Matteo Salvini vaudrait "pour ceux qui arrivent sur un bateau dans les eaux territoriales d'un pays de l'UE", a expliqué M. Kickl, membre du parti d'extrême droite FPÖ.
Il s'agirait d'"effectuer une procédure de clarification rapide pour identifier les migrants habilités à demander l'asile". Seuls ces derniers seraient conduits sur le territoire de l'UE tandis que les autres seraient renvoyés dans "des ports sûrs" dans des pays tiers.
"C'est une réflexion que nous devrions développer ensemble pour éliminer la problématique des retours", a expliqué M. Kickl car "une fois que les gens ont mis le pied sur le continent, on ne peut les en éloigner qu'au prix de grandes difficultés et à grands frais".
Le système actuel fonctionne "en dépit du bon sens", selon le ministre qui veut "le remettre à l'endroit" avec pour objectif d'arriver au "point où il ne sera plus possible de déposer sa demande d'asile ailleurs qu'en dehors de l'UE et c'est en dehors de l'UE que celle-ci sera décidée".
Matteo Salvini a dit soutenir la proposition de son homologue autrichien. Les deux hommes ont organisé une conférence de presse commune en parallèle à une réunion de ministres de l'Intérieur d'Europe et d'Afrique sur le thème de la coopération en matière de politique migratoire.
Tout comme le patron de l'extrême droite italienne Matteo Salvini, M. Kickl, dont le parti gouverne avec les conservateurs du chancelier Sebastian Kurz, veut accroître la pression sur les autres pays de l'UE en faveur de solutions plus radicales pour endiguer les flux migratoires.
Scepticisme
Il a ainsi critiqué à plusieurs reprises, face à la presse, le manque d'optimisme manifesté par le commissaire européen à la Migration, Dimitris Avramopoulos, sur la possibilité de créer des "plateformes de débarquement" en Afrique des migrants secourus en Méditerranée.
"Cette idée a environ deux mois et déjà le Commissaire européen baisse les bras", a déploré M. Kickl, estimant que cela envoyait un "mauvais signal".
Présent à la réunion de Vienne, M. Avramopoulos s'est pour sa part dit "un peu sceptique" sur cette piste lancée en juin par les États de l'UE pour éloigner du continent européen les rescapés des traversées clandestines. Aucun pays d'Afrique ne souhaite accueillir ces centres. L'Égypte, la Tunisie et le Maroc ont été sollicités, mais ont refusé.
Des représentants de ces pays, et d'autres pays d'Afrique, participaient vendredi 14 septembre à la réunion de Vienne. "On pourrait croire que les intérêts des uns et des uns divergent mais les problèmes sont communs" entre l'Europe et l'Afrique sur les questions migratoires, a soutenu le ministre autrichien de l'Intérieur. M. Avramopoulos est allé dans le même sens, plaidant pour plus de coopération UE-Afrique.
Malgré la chute considérable du nombre des arrivées sur les côtes européennes par rapport à l'afflux de 2015, les migrations continuent de provoquer de fortes tensions au sein de l'UE et la question devrait de nouveau être à l'ordre du jour du sommet européen prévu pour les 19 et 20 septembre à Salzbourg, en Autriche, pays qui assure actuellement la présidence tournante de l'UE.
L'antenne autrichienne de l'ONG Médecins sans frontières (MSF) a quant à elle estimé, dans un communiqué, que la proposition faite vendredi par le ministre autrichien de l'Intérieur n'était qu'"une nouvelle tentative de détourner l'attention du vrai problème, à savoir l'incapacité de l'Europe et de la présidence autrichienne de l'UE de trouver une solution durable à la crise humanitaire dans le centre de la Méditerranée et en Libye".