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Le Premier ministre australien Malcolm Turnbull. Photo : AFP/VNA/CVN |
Le Premier ministre australien Malcolm Turnbull a expliqué dimanche 30 octobre à des journalistes qu'il espérait soumettre au plus vite au parlement un projet de loi en ce sens, qui aurait un effet rétroactif et s'appliquerait ainsi aux centaines de migrants relégués depuis des années par l'Australie dans des camps de détention offshore.
Aux termes de ce texte, les personnes ayant tenté illégalement d'entrer en Australie ne pourront jamais prétendre à un visa, qu'il soit de tourisme ou d'affaires.
Le chef du gouvernement a présenté cette mesure comme "un message absolu, inflexible et sans équivoque" aux candidats à l'entrée illégale en Australie.
"C'est un combat entre les Australiens, représentés par son gouvernement, et les gangs criminels de trafiquants humains", a-t-il dit lors d'une conférence de presse avec son ministre de l'Immigration, Peter Dutton.
"Personne ne doit sous-estimer l'ampleur de la menace de ces trafiquants qui sont les pires criminels que l'on puisse imaginer et qui gèrent un business de plusieurs milliards de dollars".
Au nom de la lutte contre les gangs de passeurs et de la nécessité de dissuader les migrants tentant la périlleuse traversée vers l'Australie, Canberra mène depuis des années une politique très dure vis-à-vis des migrants et repousse systématiquement les bateaux tentant de gagner illégalement ses côtes.
L'Australie a récemment relevé le quota de réfugiés qu'elle accepte chaque année, de 13.750 à 18.750 personnes. Photo : AFP/VNA/CVN |
"Pousser les gens à bout"
Les migrants qui y parviennent sont relégués pour des durées indéterminées dans des camps de rétention sur l'île de Manus, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, sur la minuscule île du Pacifique de Nauru, ou sur l'île Christmas, dans l'océan Indien, le temps que leur demande d'asile soit instruite.
Même si leur requête est jugée fondée, ils ne sont pas autorisés à s'installer sur le sol australien. Ils ont le choix entre les îles, un pays tiers ou rentrer dans leur pays.
Les organisations de défense des droits de l'Homme ont multiplié les rapports pour dénoncer les conditions de détention dans ces camps, et le "désespoir absolu" de ses occupants, selon l'organisation Amnesty International.
Le projet de loi prévoit son applicabilité à partir du 19 juillet 2013, quand l'ex-Premier ministre travailliste Kevin Rudd avait annoncé : "À partir de maintenant, tout demandeur d'asile qui arrivera en Australie par bateau n'auraaucune chance d'être autorisé à rester dans le pays comme réfugié".
Une exemption est prévue dans le texte pour les enfants. Un peu plus de 400 hommes, femmes et enfants sont détenus à Nauru. Celui de Manus compte 800 hommes et l'île Christmas plusieurs centaines d'autres demandeurs d'asile.
Plusieurs ONG se sont inquiétées dimanche 30 octobre des effets de ce projet de loi sur ces migrants. "C'est le genre d'annonce qui va pousser les gens à bout", a jugé Mat Tinkler, un des responsables pour l'Australie de l'ONG Save the children.
"Le gouvernement doit agir de toute urgence pour redonner de l'espoir à ces personnes, pas pour continuer de le leur enlever". Pour David Manne, avocat du Centre légal pour les réfugiés et l'immigration, le texte punit les candidats légitimes à l'asile.
"Cela ne répond en rien à la question fondamentale qui est de savoir où ils iront recontruire leur vie dans la sécurité et la dignité", a-t-il dit à l'Australian Broadcasting Corporation.
Le gouvernement australien affirme que sa politique a depuis 2013 permis de réduire le flot de réfugiés tentant de toucher les côtes australiennes, et d'empêcher les dramatiques naufrages que l'Australie avait auparavant connus.
L'Australie a récemment relevé le quota de réfugiés qu'elle accepte chaque année, de 13.750 à 18.750 personnes. Elle a également accepté d'accueillir à titre exceptionnel 12.000 migrants de Syrie et d'Irak.
"Nous avons l'une des politiques humanitaires les plus généreuses au monde", a assuré M. Turnbull. "Mais c'est en contrôlant nos frontières que nous pouvons nous la permettre".
AFP/VNA/CVN