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Une femme H’mông de Sa Phin tisse des brocarts. |
Une trentaine de femmes travaillent ensemble dans une coopérative du hameau de Sa Phin A, afin de développer le tissage de brocart à partir du lin blanc - un métier traditionnel des H’mông.
Issues toutes d’ethnies minoritaires, H’mông en majorité, elles sont handicapées, victimes de violence familiale ou de trafics humains transfrontaliers.
D’après Sung Thi Sy, présidente de la coopérative, de génération en génération, les H’mông tissent du lin. Sous leurs mains habiles, l’écorce rude de lin est transformée en étoffes douces et colorées pour fabriquer les jolis costumes de cette ethnie minoritaire du haut plateau karstique de Dông Van.
"La coopérative a été fondée en 2017 avec le soutien financier des autorités du district de Dông Van, afin de réduire le taux de pauvreté et créer des moyens des subsistances stables", informe Dinh Chi Thành, président adjoint du Comité populaire du district.
"Grâce au tissage de brocart, beaucoup de familles de Dông Van sont sorties de la pauvreté. En moyenne, une femme de cette coopérative gagne de 4 à 6 millions de dôngs (175-260 USD) par mois, soit dix fois plus qu’à l’époque d’avant la création de la coopérative", ajoute-t-il.
"Pour fabriquer des produits artisanaux à partir de lin blanc avec de belles couleurs, des lignes délicates et une grande durabilité, plus de 40 étapes sont nécessaires. On n’utilise aucun produit chimique dans la teinture. Tout vient de la nature : feuilles, fruits, plantes et cire d’abeille…", confie Vàng Thi Câu, chef du groupe de production de la coopérative.
Les membres de cette dernière améliorent toujours le processus de production afin de créer des tissus plus beaux et de meilleure qualité. Outre des costumes traditionnels, les femmes créent du tissu en lin naturel, d’un format de 70 x 75 cm, pour répondre aux besoins d’une clientèle désireuse de confectionner rideaux, oreillers, nappes...
Grâce aux touristes, vietnamiens comme étrangers, les produits artisanaux de la coopérative ont traversé mers et montagnes. Des voyageurs du monde entier en ramènent dans leurs valises.
"Ces tenues, sacs, nappes en lin… sont magnifiques. Je vais en ramener quelques-uns à la maison", confie Pierre Gourmet, un Belge.
Emplois stables, artisanat préservé
Pierre Gourmet (droite), un touriste belge, avec un produit de brocart de Sa Phin. |
Cette coopérative a déjà reçu des commandes de plusieurs entreprises d’import-export de différentes régions du pays et même de partenaires étrangers. Elle a créé des emplois stables à une centaine de montagnardes aux conditions de vie difficiles, tout en préservant un artisanat séculaire menacé.
Selon Vàng Thi Câu, la production limitée de la coopérative ne peut pas répondre aux grosses commandes. C’est pourquoi l’établissement a noué des alliances avec des femmes des communes voisines du district de Dông Van pour étendre la superficie de culture du lin.
Il ouvre aussi des boutiques de présentation des produits dans des sites touristiques de Dông Van, dont le Palais du roi H’mông ou "résidence de la famille Vuong", ou encore la maison de Mua Sua Pao, un descendant de familles H’mông nobles de l’extrême-Nord du Vietnam.
En outre, la coopérative renforce la promotion des brocarts de Sa Phin, en enregistrant des informations sur l’origine et l’indication géographique.
Ses responsables préparent également un projet de développement du brocart à partir de lin naturel pour bénéficier d’aides financières d’organisations vietnamiennes et étrangères, dont l’Union des femmes vietnamiennes.
Enfin, les autorités locales apportent aussi leur soutien en ouvrant des cours de formation. Elles allouent également des ressources financières aux pauvres et handicapés de la coopérative.