L'art du phap lam renaît de ses cendres

Lors du Festival des métiers traditionnels 2009 récemment organisé à Huê (Centre), l'art du phap lam a été interprétée et valorisée. Les produits du phap lam furent présentés dans la rue piétonnière Nguyên Dinh Chiêu, au bord de la rivière des Parfums.

Nguyên Nhân Duc, Docteur en pharmacie, Dô Huu Triêt, master en physique, et Trân Dinh Hiêp, technicien spécialisé dans le silicate, se sont rencontrés par hasard, unis par leur passion pour l'art du phap lam, une technique d'émaillage du cuivre qui ne se pratiquait que dans l'ancienne cité impériale de Huê mais qui a mystérieusement disparu il y a une centaine d'années.

Il y a une décennie, nombreux sont ceux qui doutaient de voir un jour réapparaître l'art de l'émaillage qui tenait cher au cœur de Nguyên Nhân Duc, doyen adjoint du Département de pharmacie de l'Université de Huê. Pourtant, faisant fi des moqueries, il persévérait dans ses recherches et dans sa passion. "Lors de visites aux palais royaux en Chine, je me suis aperçu que l'art de l'émaillage n'existait pas dans les décorations extérieures. Pourtant, à Huê, cet ornement y est très courant. J'ai alors décidé de m'y consacrer", confie-t-il.

Sa détermination ne fut pas vaine. En 2002, la province de Thua Thiên-Huê lançait une étude scientifique intitulée "La technologie de la production de l'émaillage au service de la restauration des vestiges de Huê". Choisi pour ses connaissances et compétences, Nguyên Nhân Duc fut en charge du projet et de son budget de 133 millions de dôngs.

Depuis, avec ses collaborateurs, ils ont décoré la pagode Thiên Mu, le pont Trung Dao, l'arrière-cour du temple Thai Hoà. Pourtant, les résultats ne satisfont pas encore Duc. "Les motifs décoratifs et les couleurs de mes produits sont encore trop raides. Les artisanaux d'antan arrivaient à leur donner une âme", déplore-t-il.

Dô Huu Triêt est lui aussi un passionné de cette technique, virus qu'il contracta il y a une dizaine d'années. En 2005, il soutient avec succès sa thèse "Émaux et couleurs pour les céramiques dans les vestiges de Huê". Par la suite, il a approfondi ses recherches sur les émaux utilisés dans l'art du phap lam jusqu'à créer la société Thai Hung, spécialisée dans les produits en la matière. Actuellement, elle produit plusieurs modèles bien appréciés.

Enfin, le technicien Trân Dinh Hiêp vient compléter ce curieux tiercé. Séduit par la quintessence des produits de phap lam, il a consacré beaucoup de temps aux objets présentés dans le Musée des beaux-arts royaux de Huê. "Chaque jour, je réalise environ 3 nouvelles expérimentations, soit près de 2.000 en un an", raconte- il. Il s'est aussi rendu en Chine pour découvrir les secrets de ce pays.

Car sous le règne du roi Minh Mang (1820-1841), l'art du phap lam arrive au Vietnam par l'intermédiaire des artisans chinois qui participaient à la construction des palais de Huê. La dynastie des Nguyên décidait alors de créer des ateliers à Quang Tri et Quang Binh. "Mais, les secrets de fabrication sont jalousement gardés par les artisans chinois", affirme-t-il. Par ténacité, il en découvre peu à peu la clé et connaît aujourd'hui un certain succès pour ses couleurs indélébiles.

Trân Dinh Hiêp a d'ailleurs l'intention de lancer des calligraphies sur l'utilisation de l'art du phap lam. Aussi, il désire coopérer avec les voyagistes pour qu'ils lancent des tours de découverte de cet art. Les visiteurs seront alors invités à réaliser eux-mêmes des émaillages.

Phan Anh/CVN

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