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Le lancement du programme Vietnamica a été organisé le 4 novembre à Hanoï. |
Vietnamica est un projet scientifique financé par le Conseil européen de la recherche. Il est initié et dirigé par Philippe Papin, professeur à la section des sciences historiques et philologiques de l’École pratique des hautes études, titulaire de la chaire d’histoire du Vietnam classique. C’est un vietnamologue renommé "qui compte d’importantes contributions dans le but d’édifier un groupe de scientifiques vietnamologues autour de grands projets dont Vietnamica", a souligné Nguyên Kim Son, président de l’Université nationale du Vietnam lors du lancement de ce programme. Avant d’ajouter qu’il apprécie hautement les perspectives de ce projet qui associe recherche scientifique et formation.
Concrètement, Vietnamica se consacre en priorité aux inscriptions sur stèles dans les campagnes, et plus précisément aux inscriptions qui enregistrent les donations faites par des individus (90% des femmes) aux sanctuaires et aux habitants des villages. Autrement dit, il s’agit d’étudier ce qu’on appelle les "bia hâu".
Le projet Vietnamica sera consacré à l’étude systématique de ces stèles, par le biais de monographies détaillées qui permettront d’écrire une synthèse scientifique. En outre, il a pour objectif de fournir des instruments de travail informatiques (bases de données, outil de lecture automatique) et une bibliothèque de ressources numériques (livres, documentation conservée en Europe). "Si Vietnamica est un programme d’éducation historique, philosophique, elle accorde une grande place à l’application des technologies de pointe. Vietnamica va essayer de parvenir à une reconnaissance automatique des caractères", a informé Jean-Michel Verdier, président de l’École pratique des hautes études.
Vietnamica est mené du côté européen, par l’École pratique des hautes études (EPHE) et l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF) et du côté vietnamien, par l’Institut Han-Nôm (Académie des sciences sociales et humaines) et l’Université des sciences sociales et humaines (de l’Université nationale du Vietnam). "Le projet jouera le rôle de pont entre les scientifiques français, francophones et vietnamiens", a jugé Nguyên Kim Son.
Il est probable que le programme bénéficie des acteurs locaux, ce qui permettra d’accueillir les étudiants, les chercheurs et tous les collaborateurs vietnamiens et étrangers. Une série de cours pourrait être dispensée sous la forme de séminaires par des professeurs vietnamiens et étrangers (histoire, informatique appliquée, cartographie, humanités numérique, bouddhisme populaire, etc.). Des réunions de concertation et workshops auront lieu régulièrement. "La formation constitue un pilier très important de ce projet", a insisté Jean-Michel Verdier.
Le programme durera 5 ans. Il réunira une équipe composée d’une vingtaine de personnes. Des conférences et des tables rondes viendront rythmer l’avancée des travaux.
Dernier point important : la mobilité. Les missions vers l’Europe ou vers le Vietnam seront fréquentes, tant pour les étudiants que les chercheurs et, en général, pour l’ensemble des membres du programme. Le motif de la mobilité pourra être la recherche de documentation dans les bibliothèques et les centres d’archives mais aussi des séminaires ou la participation à des colloques internationaux.
Texte et photo : Vân Anh/CVN