Lampedusa : les arrivées en baisse, Macron tend la main à l'Italie

L'afflux de migrants à Lampedusa diminue peu à peu, vendredi 15 septembre, et les autorités italiennes transfèrent vers la Sicile et le continent des milliers de personnes arrivées cette semaine par la mer sur cette île de la Méditerranée proche des côtes nord-africaines.

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Jeudi 14 septembre, l'île italienne s'efforçait de faire face à l'afflux de migrants en provenance d'Afrique du Nord, après avoir accueilli plus de 7.000 personnes, soit l'équivalent de la population locale, entre mardi et mercredi 12 et 13 septembre.

Selon Matteo Villa, du centre de réflexion ISPI, le nombre d'arrivées en 48 heures est un "record absolu", poussant la commune à déclarer l'état d'urgence local après que des tensions ont éclaté mercredi 13 septembre lors de la distribution de nourriture par la Croix-Rouge italienne (CRI).

Des migrants attendent d'être transférés de l'île de Lampedusa, en Italie, le 15 septembre 2023.
Photo : AFP/VNA/CVN

Le président français Emmanuel Macron a défendu vendredi 15 septembre un "devoir de solidarité européenne" avec l'Italie, alors que l'Allemagne vient de suspendre l'accueil volontaire de demandeurs d'asile en provenance de ce pays en raison d'une "forte pression migratoire" et du refus de Rome d'appliquer des accords européens.

Les relocalisations prévues dans le "mécanisme volontaire de solidarité européen" pourront toutefois être remises en oeuvre "à tout moment si l'Italie remplit son obligation de reprendre les réfugiés" conformément aux règles de l'UE, a toutefois assuré vendredi 15 septembre un porte-parole du gouvernement allemand, selon lequel Berlin a ainsi voulu "envoyer un signal" à Rome.

Située à moins de 150 km du littoral tunisien, Lampedusa est l'une des premières escales pour les migrants qui franchissent la Méditerranée en espérant gagner l'Europe. Chaque année, pendant l'été, ils sont des dizaines de milliers à prendre la mer sur des embarcations souvent vétustes pour tenter cette traversée périlleuse. Plus de 2.000 d'entre eux ont déjà trouvé la mort depuis janvier.

126.000 arrivées depuis le début de l'année

La situation n'a cependant jamais été aussi tendue à Lampedusa où est arrivée la majorité des 11.000 migrants parvenus depuis lundi 11 septembre sur le territoire italien, selon le ministère de l'Intérieur, saturant le centre d'accueil géré par la CRI et dont la capacité est de seulement 400 places.

L'ONG a annoncé vendredi matin 15 septembre que 700 transferts avaient déjà eu lieu et que 2.500 autres personnes devaient quitter Lampedusa dans le courant de la journée. Des migrants continuaient d'y arriver vendredi 15 septembre, par leurs propres moyens ou secourus par les garde-côtes "mais nous les gérons", a assuré dans la matinée aux abords du centre Francesca Basile, la responsable des migrations à la CRI.

Faute de place dans le centre d'accueil, des centaines de personnes ont dû dormir dehors, dans la rue, bénéficiant parfois de la générosité de la population qui leur apporte de l'eau et de la nourriture.

Un jeune Gambien nommé Omar est assis à l'ombre, attendant un bus. "Ici, ce n'est pas facile", soupire-t-il. "Nous sommes tellement nombreux ici (...), même manger est un problème", explique-t-il, disant vouloir rejoindre son frère aux Pays-Bas après six mois d'un périple dangereux à travers le Sahel.

Près de 126.000 migrants ont débarqué sur les côtes italiennes depuis le début de l'année, contre 65.500 au cours de la même période l'année dernière. Les chiffres n'ont toutefois pas encore dépassé ceux de 2016, lorsque plus de 181.000 personnes, dont beaucoup de Syriens qui fuyaient la guerre, étaient parvenues en Italie.

Inquiétudes en Europe

Ces arrivées ont provoqué de nombreuses réactions politiques, tant en Italie que dans les pays voisins. La situation à Lampedusa montre que "les approches strictement nationalistes ont leurs limites", a lancé Emmanuel Macron vendredi 15 septembre, souhaitant ne pas "laisser seule l'Italie avec ce qu'elle vit aujourd'hui", sans dire si la France accueillerait des migrants de Lampedusa.

Les relations entre ces deux pays s'étaient crispées en novembre 2022, lorsque l'Italie avait refusé d'accueillir le navire humanitaire Ocean Viking et les 230 migrants à son bord, poussant Paris à le laisser accoster.  

La cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni, à la tête du parti post-fasciste Fratelli d'Italia, reproche aux autres États européens de ne pas prendre leur part dans l'accueil des migrants alors que l'Italie est en première ligne. Les Européens ne doivent "pas laisser l'Italie seule face à ce qu'elle vit", a insisté Emmanuel Macron, invoquant "la responsabilité de l'Union européenne tout entière".

Matteo Piantedosi, le ministre italien de l'Intérieur, a parlé vendredi 15 septembre avec son homologue français Gérald Darmanin et ils ont convenu qu'il fallait "avant tout un renforcement rapide de la coopération opérationnelle" avec les pays de départ afin de "bloquer" les nouvelles traversées de migrants.

L'UE et la Tunisie ont signé en juillet un accord en ce sens, en échange d'une aide financière pour ce pays nord-africain confronté à de graves difficultés économiques.

Le Haut commissariant de l'ONU aux réfugiés (HCR) a exhorté vendredi 15 septembre dans un communiqué les pays de l'UE à "un esprit de partage des responsabilités et de solidarité avec les pays de première arrivée".

AFP/VNA/CVN

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