Un sommet de l'Alba, réuni à Cochabamba (Centre de la Bolivie) a lancé le SUCRE (Système unique de compensation régionale), vouée à rester pour des années une "monnaie virtuelle", un système de compensation d'échanges commerciaux entre les pays adhérents, via les Banques centrales.
Si le SUCRE doit être mis en place graduellement à partir de 2010, aucun échéancier n'a été suggéré à Cochabamba pour un passage à terme à une monnaie unique, processus qui génère le scepticisme d'économistes et de milieux entrepreneuriaux de la région.
Les pays de l'Alba n'en ont pas moins salué "un pas vers la souveraineté monétaire, pour nous libérer de la dictature du dollar", comme a lancé en citant l'exemple de l'euro le président Hugo Chavez du Venezuela, la locomotive qui pèse 70% du bloc économique mineur qu'est l'Alba.
Fondé par le Venezuela et Cuba en 2004, l'Alba réunit leurs principaux alliés antilibéraux en Amérique latine : Nicaragua, Équateur, Bolivie. Honduras, Dominique, Saint-Vincent, Antigua et Barbuda complètent l'Alliance. Le Paraguay évalue une éventuelle adhésion.
Chavez a invité d'autres pays, l'Argentine et les États d'Amérique centrale, à se joindre à l'intégration monétaire.
Le principe du SUCRE avait été adopté à un précédent sommet de l'Alba en avril au Venezuela. Il doit son nom au héros de l'indépendance sud-américaine Jose Antonio Sucre (1795-1830).
Quant à l'éventuelle monnaie unique, la Bolivie a suggéré cette semaine le nom de "pacha" ("Terre", en indien quechua).
Le Sommet de Cochabamba a aussi réfléchi à un mécanisme régional d'arbitrage pour se substituer au Centre international de règlement des différends relatifs à l'investissement (Cirdi), dépendant de la Banque mondiale. La plupart des pays de l'Alba s'en sont retirés ces dernières années.
Par ailleurs, les pays de l'Alba se sont engagés à "des sanctions économiques et commerciales contre le régime putschiste" du Honduras, pour son refus de rétablir le président déchu Manuel Zelaya. Zelaya avait rejoint l'Alba près son élection en 2005. Zelaya, renversé le 28 juin dernier par un coup d'État, avait demandé la semaine dernière des mesures économiques et commerciales "plus fortes" de la communauté internationale et notamment "des pays voisins" contre le régime de fait de Roberto Micheletti.
Les États-Unis et l'UE ont suspendu plus de 120 millions de dollars d'aide au Honduras. Le Fonds monétaire international (FMI) et d'autres organismes internationaux ont gelé leurs crédits. À Tegucigalpa, les négociations butaient toujours le 16 octobre pour une sortie de la crise de plus de 3 mois : Zelaya a rejeté la proposition de Micheletti que la Cour suprême -et non le Congrès- décide d'un éventuel retour au pouvoir du président déchu. Le camp Zelaya a laissé un nouveau délai jusqu'au 19 octobre.
AFP/VNA/CVN