Ce dernier, issu d’une économie marxiste de planification centralisée, tient évidemment une place éminente au Vietnam. Aujourd’hui, dans le cadre d’une transition vers une économie de marché à orientation socialiste, il est appelé à jouer un autre rôle tout aussi essentiel, sur le plan macroéconomique cette fois, en tant qu’outil de régulation de l’économie nationale pour le gouvernement. Et cela en assurant toujours ses fonctions originales. Sa prévalence demeure, en effet, puisqu’il comprend majoritairement des industries lourdes ou des services qui nécessitent de grands investissements difficilement réalisables par des acteurs privés, ou, plus simplement, de grands services publics qui, socialement, ne peuvent être pris en charge que par l’État... Ses entreprises sont toujours, enfin, des pionniers dans leurs secteurs d’activité : construction, infrastructures, recherche fondamentale et appliquée, énergie - pétrole, gaz, électricité, pétrochimie et chimie, télécommunications, transport...
Le Service de transactions boursières de Hanoi (HNX) a réalisé une série d’IPO de grandes entreprises. |
Tenir les rôles qui lui sont dévolus implique une restructuration en profondeur de l’ensemble du secteur, dans le sens d’un retrait partiel de l’État afin de répondre aux impératifs d’une économie de marché. L’outil majeur de cette restructuration - il y en a d’autres - est l’actionnarisation. Une telle opération est le moyen le plus sûr de désengager l’État de l’entreprise au profit d’autres acteurs économiques, mais aussi de changer de culture d’entreprise afin de tenir son nouveau rôle. L’actionnarisation permet également de rentrer au capital des investisseurs, notamment stratégiques, qui vont lui apporter financement, nouvelles technologies et savoir-faire. Elle permet aussi de liquider les filiales et unités non rentables ou accusant de trop lourdes pertes. Enfin, ces opérations donnent lieu généralement au bénéfice de politiques gouvernementales de soutien dans la formation et l’apprentissage professionnel, y compris de reconversion pour le personnel surnuméraire.
Une tâche d’ampleur
Ces entreprises actionnarisées accèdent alors à un niveau supérieur de rentabilité et de compétitivité, tel que cela a été constaté depuis le lancement de la restructuration du secteur, qui a donné lieu à l’actionnarisation de 4.065 entreprises. Après quelques débuts laborieux, elle s’est poursuivie en prenant son rythme de croisière puisque, dans la période 2011-2013, 180 entreprises publiques ont été restructurées, majoritairement dans le secteur du transport et des communications en raison du rôle stratégique de ces infrastructures, avec un total de 99 entreprises. Sur ces 180 entités, 99 ont été actionnarisées, les autres ayant fait l’objet d’autres mécanismes, selon un rapport du Comité de pilotage du renouvellement et du développement des entreprises étatiques.
L’IPO de Vietnam Airlines suscite l’intérêt de nombreux investisseurs. |
Pour les deux années qui restent du plan quinquennal en vigueur, Nguyên Tân Dung a exigé que la restructuration du secteur soit accélérée en privilégiant les actionnarisations dans les secteurs de l’industrie, du commerce, du transport et de la construction, tout en veillant à un renouvellement effectif des technologies comme des capacités en termes de ressources humaines. Enfin, d’ici 2015 et afin de désengager davantage l’État, l’étude des entreprises publiques susceptibles de faire l’objet d’une actionnarisation doit être poursuivie.
Cette tâche revient aux ministères et collectivités de tutelle qui devront actionnariser un total de 432 entreprises publiques durant cette période de deux années, sous la supervision du Comité de pilotage pour le renouvellement et le développement des entreprises étatiques, conformément aux projets agréés par ledit comité et le Premier ministre Nguyên Tân Dung.
Une tâche d’ampleur, car il s’agit de traiter 216 entreprises par an... Pour ce, ledit comité a précisé dans son dernier rapport les ministères, villes et provinces, les groupes économiques publics et compagnies générales qui n’ont obtenu que de modestes résultats. Sont concernés, notamment, le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme, Hanoi, Hô Chi Minh-Ville et Hai Phong, Binh Dinh, le groupe du charbon et des ressources minérales du Vietnam, et la Compagnie générale de navigation maritime du Vietnam.
À eux seuls, ils représentent 183 des 432 entreprises à actionnariser d’ici fin 2015, et dont le succès dans les délais impartis est impératif pour celui de la restructuration du secteur tout entier, selon Pham Viêt Muôn, chef adjoint du Bureau du gouvernement et vice-président du Comité de pilotage. Enfin, parmi les tâches à mener d’ici 2015, ce dernier a souligné la nécessité d’élaborer de nouvelles réglementations sur la gestion, le contrôle et la supervision de l’activité et de la gouvernance de ces entreprises publiques.
En particulier, l’an 2014 fera une percée dans l’actionnarisation des entreprises étatiques, suite à la promulgation de l’arrêté N°15 sur les mesures à doper l’actionnarisation des entreprises étatiques et le retrait des fonds d’État dans les entreprises. Parmi les mesures adoptées, les experts soulignent particulièrement l’autorisation de vendre les fonds étatiques au prix inférieur à la valeur estimée.
Faire une percée dans les actionnarisations
En sus de ces 432 entreprises, d’autres actionnarisations complexes aboutissent cette année, dans le cadre d’appel public à l’épargne. Ainsi, le gouvernement mène l’introduction en bourse - en l’occurrence, des IPO, de grandes entreprises relevant du ministère de la Construction, et celui des Transports et des Communications, lesquelles pèsent 1.100 milliards de dôngs, soit plus de 52 millions de dollars.
Dinh La Thang, ministre des Transports et des Communications, a indiqué que onze compagnies générales du secteur de la construction seraient ainsi actionnarisées cette année. Il s’agit des Compagnies générales de construction d’ouvrages de communication N°1, N°4, N°5, N°6 et N°8, celle de construction Thang Long, celle de construction d’ouvrages des voies navigables, celle d’industrie automobile du Vietnam (Vinamotor), celle de transport fluvial, celle de conseil et de design en transport et communications et, enfin, la Compagnie aérienne du Vietnam (Vietnam Airlines). S’agissant de Vietnam Airlines, l’IPO interviendra au troisième trimestre. Elle a réalisé l’an dernier un chiffre d’affaires de plus de 72.550 milliards de dôngs (environ 3,45 milliards de dollars), soit 8,5% au-delà de ses objectifs annuels, en transportant près de 15 millions de passagers.
Texte et photos : Thê Linh/CVN