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Heurts entre manifestants et forces de police à Monimbo, près de Masaya, à 40 km de Managua, le 2 juin au Nicaragua. |
Cinq personnes, dont un jeune homme de 15 ans, ont été tués samedi 2 juin à Masaya, a rapporté le président de l'Association du Nicaragua pour la protection des droits de l'homme (ANPDH), Álvaro Leiva, selon qui la ville, autrefois un bastion sandiniste, a connu "une journée de deuil et de douleur". Plus d'une centaine d'habitants ont trouvé la mort dans tout le pays depuis la vague de manifestations déclenchées le 18 avril pour exiger le départ du président Daniel Ortega, un ancien guérillero sandiniste de 72 ans, au pouvoir depuis 2007, qui a dénoncé une "conspiration de l'opposition".
Samedi 2 juin, Masaya s'est transformé en champ de bataille dès les premières heures, quand les forces de l'ordre aidées de groupes de civils - apparemment mobilisés en milice par le pouvoir sandiniste - ont tenté de dégager les rues de la ville, l'une des principales du pays avec quelque 100.000 habitants, à 30 kilomètres au sud-est de Managua. Depuis une camionnette, une "attaque accompagnée de tirs vers les barricades" installées par les manifestants dans le parc San Miguel a été repoussée par ces derniers, qui ont fait usage de mortiers artisanaux, a indiqué à la presse un manifestant via la messagerie Whatsapp.
Snipers
La ville résonnait des coups de feu, des tirs de grenades lacrymogènes et des détonations des mortiers artisanaux, tandis que la population prévenait que plusieurs snipers étaient positionnés depuis le siège de la police locale, proche du parc en centre-ville. "Ils attaquent la population. Un voisin à moi s'est pris une balle dans la poitrine. Ça venait d'un franc-tireur, parce que c'était un tir d'AK-47, vu la taille de l'orifice" provoqué par la balle, a déclaré Jonathan José, un habitant de Masaya.
Le marché, deux fois incendié durant les manifestations - l’œuvre de "groupes de délinquants", selon la police - était jonché d'objets artisanaux en bois, de poupées de toile ou de fruits décoratifs en argile. La police a fait état de 11 arrestations et dénoncé des "actes terroristes" et l'usage d'"armes à feu" et de "mortiers".
"À aucun moment les habitants n'ont incendié le marché (...) C'est eux (les unités anti-émeute) qui sont venus tôt ce matin, ils ont embarqué un jeune qui était là" pour protéger son quartier, a raconté Jonathan José. La population "s'est organisée dans les quartiers pour protéger ses rues" des unités anti-émeute et des partisans du pouvoir, a-t-il expliqué.