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La docteure Dang Thiêu Ngân. Photo : CTV/CVN |
La docteure Dang Thiêu Ngân, rédactrice en chef adjointe du journal KOREA.net et vice-présidente de l’Association vietnamienne pour la recherche sur la République de Corée, a accordé au journal Nhân Dân (Le Peuple) une interview sur ce sujet.
De nombreux pays, dont plusieurs grandes puissances de l’influence culturelle, ont estimé exemplaire la stratégie sud-coréenne de promotion de l’image nationale. À partir de vos recherches et de vos expériences, pourriez-vous analyser les facteurs clés permettant à la République de Corée d’enregistrer de tels succès ?
Il y a une phase qui s’avère très pertinente pour répondre à votre question : "Le succès ne s’obtient pas du jour au lendemain". Je l’ai lu dans un article apparu sur le quotidien The New York Times en novembre 2021. La République de Corée était résolue dès le but que l’exportation de la culture, autrement dit, l’exportation du soft power, serait un long chemin à parcourir, si elle voulait se rétablir fortement après la dépression économique.
Son gouvernement a pris différentes politiques culturelles autant diverses que ses politiques de développement économique. Durant les années 1990, le Conseil consultatif de la Présidence sur la science et la technologie a produit un rapport au président sud-coréen démontrant l’équivalence des recettes de la superproduction hollywoodienne Jurassic Park aux ventes à l’étranger de 1,5 million de voitures de Hyundai, la fierté de la République de Corée. Cette comparaison de ventes a incité le gouvernement sud-coréen à étudier et à élaborer des politiques visant à promouvoir la production de médias en tant qu’industrie stratégique nationale.
Depuis 1998, la République de Corée a promulgué son plan de développement de la "vague coréenne", Hallyu, dans le but d’augmenter la diffusion de la culture sud-coréenne. Ses dépenses budgétaires injectées dans l’industrie culturelle ont passé de 14 millions d'USD en 1988 à 84 millions d'USD en 2001.
Son gouvernement a par ailleurs accordé des assistances financières aux entreprises culturelles et aux initiatives de développement du secteur, tout en mettant en place des lois protégeant son industrie culturelle, telle que la loi-cadre sur la promotion des industries culturelles, la loi sur le développement de l’industrie du contenu numérique et la loi sur la promotion de la cinématographie.
La vague culturelle sud-coréenne Hallyu. |
Photo : Habkorea/CVN |
La vague sud-coréenne Hallyu a de fortes répercussions sur le développement de l'économie sud-coréenne en contribuant à stimuler son tourisme et ses exportations d’autres produits tels que des jeux en ligne, des produits de beauté et des produits de la mode.
Profiter de la culture pour promouvoir l’image nationale constitue une priorité du Vietnam depuis longtemps. Cependant, les résultats de nos efforts demeurent modestes. Qu’en pensez-vous ?
Je pense que chaque pays et chaque société visent des publics différents avec des goûts différents. Au Vietnam, les produits de divertissement qui font simplement rire attirent un plus grand public que les ouvrages transmettant une philosophie profonde sur l’existence humaine.
C’est dommage que nous n’ayons pas assez de ressources économiques pour aider nos créateurs de culture à créer des œuvres riches en valeur culturelle au lieu de suivre les goûts de la majorité en vue de protéger leurs recettes commerciales.
Le deuxième facteur est les ressources humaines. Il est difficile pour les jeunes qui sont diplômés dans les métiers artistiques à trouver un emploi propice qui leur permet de gagner leur vie. Ces gens n’ont pas un environnement de travail idéal pour devenir excellents.
Un programme d’échange culturel entre le Vietnam et la République de Corée. |
Photo : NDEL/CVN |
Troisièmement, il est nécessaire de promulguer davantage de politiques favorisant le développement de l’industrie culturelle et d’élaborer un cadre juridique qui régit les produits culturels pour s’assurer qu’ils soient autochtones et qu’ils satisfassent aux goûts du public.
Quelles leçons le Vietnam pourra-t-il tirer de l’expérience sud-coréenne?
Si le Vietnam vraiment souhaite faire de la promotion culturelle une stratégie de développement du pays, il faut que le gouvernement renforce ses investissements dans la création des contenus et la formation des ressources humaines, avec une vision à long terme. Il faut s’imprégner des modèles de réussite d’autres pays, tout en préservant les traits authentiques de la culture vietnamienne. En outre, il ne faut pas oublier que l’important est d’établir un cadre juridique fort favorisant le travail des créateurs de culture.
Par ailleurs, j’espère que le public vietnamien sera plus accueillant vis-à-vis des œuvres sérieuses pour contribuer à ce processus de promotion de la culture nationale à l’international.
Qu’est-ce que le Vietnam doit faire pour exporter ses produits culturels?
Dans sa stratégie de l’exportation culturelle, la République de Corée a discerné des segments phares et les a développés selon différentes phases.
Le spectacle “La quintessence du Nord” se produit dans la commune de Sài Son, district de Quôc Oai, en banlieue de Hanoï. |
Photo : Thuy Hà/CVN |
Au cours de la première phase, Hallyu 1.0, elle s’est concentrée sur la production cinématographique, avec des films et des téléséries à destination des pays asiatiques, étant donné une proximité géographique et des racines culturelles analogues.
La deuxième phase, Hallyu 2.0, a vu des investissements massifs dans la musique K-Pop qui commence à s’élargir vers l’Europe, les États-Unis et l’Amérique du Sud avec l’aide des plateformes telles que YouTube et des réseaux sociaux tels que Twitter, Facebook et Instagram.
Durant la troisième phase, Hallyu 3.0, qui a été déclenchée depuis 2010, la République de Corée entend faire de la K-Culture une arme pour conquérir le monde à travers des chaînes de télévision locales, sur internet et particulièrement à travers des services par contournement (OTT) tels que Netflix et Disney+.
Pour définir les phases de développement et les produits phares de chaque phase, il est primordial de mener des recherches sur le marché, sur les ressources existantes et sur les tendances de l’avenir. Si vous exercez de telles actions consciencieuses à l’instar de la R. de Corée, je suis convaincue que vous suivrez le bon chemin.
NDEL/VNA/CVN