La vaccination anti-COVID-19 commence à faire des émules en Irak

Le militaire dégage son épaule du treillis et attend la piqûre, sous l'œil hilare de ses collègues qui immortalisent la scène avec leurs smartphones. Depuis quelques jours, les soignants vaccinent à tour de bras en Irak, où la dangereuse augmentation du COVID-19 commence à vaincre les réticences.

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Des Irakiens s'inscrivent dans un centre de vaccination anti-COVID-19 de Bagdad, le 27 juillet.
Photo : AFP/VNA/CVN

Dans un centre de vaccination d'un hôpital de Bagdad, où l'on administre du Pfizer, l'ambiance est à la fois chaotique et décontractée. Des dizaines d'hommes et femmes de tous âges défilent de façon ininterrompue dans la petite salle où officient des médecins, peu habitués à cette affluence.
Un vieux monsieur, les traits crispés par l'angoisse, ferme les yeux à l'approche de la seringue. Une jeune femme prend la pose pour ses copines. Soignants, vaccinés et spectateurs mènent un ballet désordonné, mais efficace. Les gens ressortent de la salle certificat en main, souvent une expression soulagée sur le visage.
"Ces dix derniers jours, le nombre de patients a grimpé, on est à 600 ou 700 personnes quotidiennement", contre 200 à 400 auparavant, constate le docteur Abbas Muhammed, selon qui "l'augmentation du nombre d'infections et de décès commence à vraiment effrayer les gens".
L'Irak a franchi cette semaine le cap des 12.000 nouvelles infections en 24 heures, un chiffre jamais atteint depuis le début de la pandémie en mars 2020. Mercredi 28 juillet, un nouveau record a été enregistré avec 13.515 cas, et le gouvernement multiplie les mises en garde et les incitations à se faire vacciner et à respecter les mesures sanitaires, très peu suivies dans le pays.
"Jusqu'à présent, j'avais peur. Mais l'aggravation de la situation m'a convaincu", commente un jeune homme, Ali, "très excité" à l'idée de recevoir sa première dose.
Mais l'attente peut durer plusieurs heures, grogne un quinquagénaire exaspéré, Adnan Abdelhamid, dénonçant le "manque d'organisation" et "les pistonnés qui connaissent quelqu'un et passent avant les autres".
Toutefois, la majorité des patients se disent satisfaits, à l'instar de Salima Mehdi, une vieille femme la tête voilée d'un foulard à carreaux, les yeux brillants derrière son masque : "Je suis si contente d'être vaccinée, dieu merci", lance-t-elle.
Selon le docteur Abbas, le nombre de personnes vaccinées dans le pays est passé ces derniers jours de 23.000 à 110.000 par jour.
Et les files d'attentes s'allongent, parfois sous un soleil à rendre fou, devant les centres de vaccination de la capitale, dans la province de Wassit (Est), ou au Kurdistan (Nord).
"Je fais le cobaye"
"Il y a un bond du taux de vaccination dans toutes les provinces", confirme le porte-parole du ministère de la Santé, Saif al-Badr, selon qui le nombre de personnes vaccinées avec deux doses a dépassé le 1,5 million cette semaine.
Un médecin irakien administre une dose du vaccin anti-COVID-19 à un homme âgé dans un centre de vaccination de Bagdad le 27 juillet.
Photo : AFP/VNA/CVN

Un chiffre encore très faible dans un pays de 40 millions d'habitants, où la défiance de la population face au vaccin demeure très forte.
Ali, un homme de 50 ans, confie avoir longtemps eu peur des effets secondaires, une angoisse alimentée par la désinformation, voire par certains professionnels de santé. "Mais de plus en plus de médecins à la télé expliquent pourquoi il faut se faire vacciner. On voit aussi les gens qui partent autour de nous. Alors j'ai franchi le pas", raconte le quinquagénaire, dont la famille n'est pas encore décidée. "Ils attendent de voir, je leur sers de cobaye", dit-il dans un grand rire.
"C'est une très bonne chose de voir cette prise de conscience. Mais trop de gens encore ne réalisent pas l'importance du vaccin et des mesures de prévention", nuance un médecin d'une clinique privée sous couvert de l'anonymat. Ses patients lui réclament des traitements, pas un vaccin. Toutefois, "les opinions changent facilement face à la gravité de la situation", ajoute-t-il.
L'Irak, qui a lancé sa campagne de vaccination en mars dernier, injecte du Pfizer, de l'AstraZeneca, ou du Sinopharm.
En visite à Washington cette semaine, le Premier ministre irakien Moustafa al-Kazimi, a rappelé que quelque 500.000 doses de Pfizer devaient être livrées dans les prochaines semaines.
Plus de 18.000 personnes sont mortes du COVID en Irak depuis un an et demi, et le pays compte près d'1,6 million de contaminations.


AFP/VNA/CVN

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