Attentat
La Turquie commence à enterrer ses morts

La Turquie sous le choc enterrait le 11 octobre les premières victimes de l'attentat le plus meurtrier de son histoire, qui a fait au moins 95 morts à Ankara dans une manifestation pour la paix prokurde à trois semaines des élections législatives anticipées.

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Sur fond de fortes tensions politiques, le Premier ministre islamo-conservateur Ahmet Davutoglu a décrété trois jours de deuil national après l'attaque qui, en l'absence de revendication, suscite de nombreuses questions dans le pays."Une bombe dans nos cœurs", a titré le 11 octobre le quotidien Hürriyet. "Profondément en colère, le public attend de savoir qui est derrière l'attaque". Tous les drapeaux du pays ont été mis en berne et les premiers morts rendus le soir du 10 ocobre à leur famille par les médecins légistes devaient être inhumés dans la journée. Un rassemblement était également prévu dans la matinée sur le sitede la double explosion qui a ravagé samedi matin aux abords de la gare centrale d'Ankara.

L'attentat s'est produit le 10 octobre à 10h04 (07h04 GMT).

Le dernier bilan, encore provisoire, rendu public dans la nuit par les services de M. Davutoglu a fait état de 95 morts et de 246 blessés, dont 48 se trouvaient toujours le 10 octobre dans un état jugé critique.Le principal parti prokurde du pays, le Parti démocratique des peuples (HDP), a parlé sur son compte Twitter d'un bilan de 128 morts, non confirmé par les autorités.L'attentat s'est produit le 10 octobre à 10h04 (07h04 GMT). Deux puissantes déflagrations ont secoué l'esplanade de la gare de la capitale turque, où des milliers de militants venus de toute la Turquie se rassemblaient à l'appel de plusieurs syndicats, d'ONG et partis de gauche pour dénoncer la reprise du conflit kurde.Quelques heures plus tard, le chef du gouvernement a affirmé détenir de "fortes preuves" que l'attentat avait été commis par deux kamikazes.

À Istanbul et dans plusieurs villes du pays, des milliers de personnes ont conspué le 10 octobre le gouvernement aux cris de "Erdogan meurtrier".

- '11 septembre turc' -

Le président Recep Tayyip Erdogan a dénoncé une "attaque haineuse" contre
"l'unité et la paix" du pays et promis "la réponse la plus forte" contre ses auteurs.
Comme de nombreux autres chefs d'État, le président américain Barack Obama
a exprimé la "solidarité" des États-Unis avec la Turquie contre le "terrorisme". Cet attentat est le plus meurtrier jamais commis sur le sol turc.
"Il pourrait bien être le 11 septembre de la Turquie", a jugé Soner Cagaptay, du Washington Institute en référence à la série d'attentats qui a visé les États-Unis en 2001. "Il s'est déroulé au coeur de la capitale turque, en face de la gare centrale, symbolique de l'Ankara d'Ataturk", le fondateur de la République turque.En l'absence de revendication, M. Davutoglu a pointé du doigt trois mouvements susceptibles, selon lui, d'en être l'auteur: le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), le groupe Etat islamique (EI) et le Parti/Front révolutionnaire de libération du peuple (DHKP-C) d'extrême gauche. Mais le chef de file du HDP, Selahattin Demirtas, a lui mis en cause la responsabilité directe du gouvernement, dénonçant un "État meurtrier qui s'est transformé en mafia".À Istanbul et dans plusieurs villes du pays, des milliers de personnes ont conspué le 10 octobre le gouvernement aux cris de "Erdogan meurtrier". Des manifestations prokurdes similaires se sont déroulées en Europe, notamment en France et en Allemagne.

AFP/VNA/CVN

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