Le rapport d'enquête publié mardi 9 décembre par les élus démocrates de la Commission du renseignement du Sénat constitue l'examen le plus minutieux, et le plus officiel, d'un programme lancé en grand secret après le 11-Septembre sous la présidence de George W. Bush pour traquer et interroger hors cadre judiciaire des responsables d'Al-Qaïda.
Le président américain Barack Obama à Washingthon. Photo : AFP/VNA/CVN |
La réouverture de ce chapitre noir de la "guerre contre le terrorisme" a déclenché une controverse aux États-Unis sur les limites de la transparence, dans le contexte d'une montée des risques terroristes liés à l'organisation État islamique, et sur l'efficacité de la torture en général.
Dans 20 conclusions et 525 pages d'informations déclassifiées, la commission, contrôlée par les démocrates, accuse l'agence d'avoir soumis 39 détenus à des techniques brutales, dont certaines n'étaient pas autorisées par l'exécutif américain.
Barack Obama a réitéré que ces méthodes avaient "fortement terni la réputation de l'Amérique dans le monde". Il a avancé le besoin impérieux de transparence, afin de tourner la page.
Dans d'insoutenables détails, le rapport décrit comment les détenus ont été jetés contre les murs, dénudés, placés dans des bains glacés, privés de sommeil pendant une semaine, frappés. Le détenu Abou Zoubeida, après avoir subi des simulations de noyade à répétition, "avait des bulles sortant de la bouche", quasi-inconscient. Un autre a été menacé d'une perceuse. Au moins cinq ont subi des "réhydratations rectales" forcées et dans un cas de la nourriture a été administrée par voie rectale.
Khaled Cheikh Mohammed, cerveau présumé du 11-Septembre, ingérait et inspirait tellement d'eau pendant ses séances de "waterboarding" qu'il a fini "quasiment noyé".