Géants du numérique
La taxe "à la française" définitivement adoptée malgré la "menace" américaine

Inspirée d'un projet européen avorté, une taxe "à la française" sur les géants du numérique a été adoptée jeudi 11 juillet au Parlement, sur fond de tensions avec les États-Unis qui menacent la France de représailles.

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Les logos des principaux Gafa, Facebook, Apple, Google et Amazon.
Photo: AFP/VNA/CVN

Après un ultime vote à main levée du Sénat, la France est "le premier État à introduire en Europe une taxation" des Gafa (Google, Amazon, Facebook et Apple) et autres Meetic, Airbnb, Instagram ou encore Criteo, a affirmé le ministre de l'Économie Bruno Le Maire.

Décidé à faire pression, Washington avait annoncé la veille avoir lancé une enquête sur les effets de cette taxe mise en place unilatéralement par la France dans l'attente d'un accord au niveau international. En fonction des conclusions auxquelles elle aboutit, cette enquête pourrait entraîner des mesures de représailles.

Une menace qui a provoqué l'ire de Bruno Le Maire: "Entre alliés, nous pouvons et nous devons régler nos différends autrement que par la menace", a-t-il lancé devant les sénateurs, soulignant que c'était "la première fois" dans l'histoire des relations bilatérales que l'administration américaine décidait d'ouvrir une enquête sous l'article de la loi du commerce dit "Section 301".

Pour M. Le Maire, la mise en place de la taxe française doit être pour les États-Unis une incitation "à accélérer encore les travaux sur une solution internationale de taxation du numérique à l'échelle de l'OCDE".

"Nous aurons d'ici dix jours le G7 des ministres des Finances, qui se tiendra à Chantilly, le secrétaire américain au Trésor sera présent. Accélérons les travaux au niveau international, trouvons une solution commune, trouvons une solution au niveau de l'OCDE et passons par des accords plutôt que par des menaces", a insisté le ministre.

La "taxe Gafa à la française" s'inspire largement d'un projet européen qui n'a pas abouti en raison des réticences de l'Irlande, de la Suède, du Danemark et de la Finlande.

Concrètement, elle vise les entreprises qui réalisent un chiffre d'affaires sur leurs activités numériques de plus de 750 millions d'euros dans le monde, dont 25 millions d'euros pouvant être rattachés à des utilisateurs localisés en France.

Mais cette solution unilatérale a vocation à n'être que temporaire, dans l'attente d'un accord au niveau mondial. M. Le Maire s'y est une nouvelle fois engagé.

"C'est une décision qui est juste, qui permet de rétablir de l'équité fiscale entre les grandes entreprises du numérique et les autres entreprises", a-t-il défendu devant la presse.

Le G20 Finances réuni début juin au Japon a enregistré des progrès sur ce dossier, même si Washington privilégie toujours une approche très large ne se limitant pas au secteur du numérique.

AFP/VNA/CVN

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