>>Le corps du chef de l'EI Abou Bakr al-Baghdadi immergé en mer
>>La communauté internationale reste prudente après la mort présumée du chef de l'EI
Dorothee Maquere, épouse du jihadiste français Jean-Michel Clain, dans la province de Deir Ezzor (Syrie), le 5 mars. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
L'époux religieux de Fabien et Jean-Michel Clain, le Tunisien Mohamed Amri, a quant à lui été condamné à dix ans de prison, la peine maximale. Leurs peines ont été assorties d'une période de sûreté des deux tiers.La présidente du tribunal correctionnel, Isabelle Prévost-Desprez, a pointé leur "acharnement à vouloir passer en Syrie".
"Ce projet a échoué contre votre volonté, jamais vous n'y avez renoncé volontairement", a souligné la magistrate à l'attention des prévenus, pas même après les attentats du 13 novembre 2015 revendiqués depuis la Syrie par les frères d'Anne Diana, Jean-Michel et Fabien Clain, devenus propagandistes de l'organisation État islamique (EI).
"Vous avez entraîné vos enfants dans ce périple mortifère jusqu'à votre interpellation en Turquie à la frontière syrienne", a insisté la présidente, dénonçant des faits "d'une extrême gravité".
Le parquet avait requis dix ans contre tous deux pour ce projet "réfléchi", inscrit dans une trajectoire familiale "incontestablement jihadiste", à une époque où l'EI "enchaîne les attentats meurtriers" que les frères Clain "revendiquent clairement".
Anne Diana Clain, 44 ans, avait quitté la France en août 2015 avec Mohamed Amri, leurs trois enfants et son fils issu d'une précédente union, tous mineurs.
Ils avaient échoué à atteindre les zones tenues par l'EI, où se trouvait déjà toute la famille d'Anne Diana, notamment ses frères, sa demi-sœur, ses filles aînées. Sa mère y était morte récemment.
Interceptés en juillet 2016, ils avaient été expulsés de Turquie en septembre 2016.
Détenus depuis plus de trois ans, Anne Diana Clain et Mohamed Amri ont livré des récits divergents.
Mohamed Amri, un Tunisien de 58 ans qui a joué un rôle central dans la conversion à l'islam des Clain, a assuré qu'il n'était pas question de s'établir en Syrie mais de rendre visite à leur famille.
Le tribunal a sanctionné une attitude de "déni, voire de provocation" - il avait notamment indiqué ne pas savoir à quoi correspondait la date du 13 novembre - et l'a condamné à une interdiction définitive du territoire français.
"Prise de distance"
Anne Diana Clain, quant à elle, a expliqué qu'il s'agissait de partir vivre en famille dans une "utopie" islamiste, à une époque où elle soutenait la charia.
Cette femme déscolarisée en 4e, mère de six enfants, affirme aujourd'hui avoir été aveuglée par ses frères et l'idéologie de l'EI, dont elle assure être "sortie".
Pour le tribunal, sa "prise de distance" "peut être un préalable à une évolution positive". Elle a été condamnée à un suivi socio-judiciaire de trois ans assorti d'obligations. La procureure avait dit "douter de sa totale sincérité".
Aux yeux du tribunal, le couple, en prenant la route, connaissait pertinemment les exactions commises par l'EI et les hautes fonctions de propagandistes occupées par Fabien et Jean-Michel Clain.
Mme Clain, décrite comme influençable et vivant "dans un monde déformé par une idéologie romantique adolescente" dans un rapport psychologique de 2017, a affirmé avoir mené un long "travail" en prison pour comprendre qu'il s'agissait d'une "idéologie fanatique" qui a "anéanti" sa famille.
Elle a expliqué avoir ressenti de la tristesse en apprenant la mort de ses frères en février 2019, puis un "choc énorme" en réalisant qu'ils "sont vraiment des terroristes".
La défense avait demandé au tribunal de juger le couple pour ce qu'il est, "des vélléitaires", pas pour le parcours mortifère des frères Clain.
Tous deux vont faire appel. Les avocats de Mme Clain, Martin Desrues et Xavier Nogueras, ont critiqué une peine "plus élevée que la jurisprudence habituelle", qui "ne tient pas compte" de son évolution.
En fin d'audience, Anne Diana Clain, émue, avait "demandé pardon" à ses enfants pour leur avoir "gâché la vie". Ceux-ci ont fondu en larmes à l'énoncé du jugement.
AFP/VNA/CVN