Entre le 25 et le 27 janvier 2013, au Musée américain d’histoire naturelle de New York - l’un des plus grands musées des Etats-Unis -, auront lieu deux manifestations où le Vietnam est à l’honneur : une exposition des estampes populaires de Dông Hô, et un défilé d’ao dài (la tunique traditionnelle des Vietnamiennes). Défilé qui s’inscrit dans le cadre de la Fête des costumes traditionnels, organisée par ce musée à l’occasion du Têt du Serpent (Nouvel An lunaire), avec la participation de plusieurs pays asiatiques, dont la Chine, le Japon, la Corée du Sud, et le Vietnam.
Le styliste Lê Thanh Phuong. |
Le styliste Lê Thanh Phuong aura la charge de montrer, par le biais de sa collection de 30 ao dài, toute la beauté et la sensualité du Vietnam. «Je suis heureux d’être invité par le Centre d’éducation et d’échanges culturels vietnamien aux États-Unis (IVCE) pour représenter mon pays à cette manifestation internationale», confie le styliste.
La tunique ao dài, un nom qui se mérite
Un des modèles d'ao dài de Lê Thanh Phuong. |
Photo : CTV/CVN |
Mais concrètement, qu’est-ce qu’un «ao dài purement vietnamien» ? Explication du styliste : la tunique ao dài traditionnelle des Vietnamiennes est connue de par le monde pour sa beauté et son charme sans pareils. Un costume à la fois simple, pudique et suggestif, qui valorise celle qui la porte. Au Vietnam, n’importe quelle femme, et ce quelle que soit son âge ou sa condition, peut porter fièrement l’ao dài.
À l’heure actuelle où la modernisation prend le pas sur toute autre considération, quitte à balayer du revers de la main les traditions que l’on croyait ancrée pour des siècles et des siècles, la tunique traditionnelle vietnamienne devient, elle aussi, l’objet d’une rénovation excessive. Chez certains stylistes contemporains, la tunique ao dài apparaît plus «maniérée» qu’autrefois, agrémentée souvent de détails somptueux. Une tendance au faste à laquelle s’oppose Lê Thanh Phuong, arguments à l’appui : «Par nature, l’+ao dài+ doit sa beauté à sa simplicité, sa sobriété. Son créateur doit être un styliste doté d’une parfaite connaissance en esthétique. Il s’agit indéniablement d’un produit impeccable. Et toute fioriture ne le rendra que moins joli».
Une conclusion que Lê Thanh Phuong n’a tirée qu’après de longues années d’études et de pratique. En effet, au Vietnam, il n’existe plus aucune tunique ao dài des anciens temps. Pour la restituer, Thanh Phuong a dû étudier d’anciennes photos et tester d’innombrables modèles. Petit à petit, l’oiseau fait son nid. Ce styliste consciencieux, patient, doué d’une dextérité et d’un esprit créatif, a enfin réussi à réaliser son rêve : faire surgir des tréfonds de l’oubli la tunique ao dài classique, avec comme qualités ces trois critères de simplicité, d’élégance et de charme suggestif.
C’est pour cette raison que sa collection a été «choisie par le IVCE pour parader à la
Un des modèles d'ao dài de Lê Thanh Phuong. |
Photo : CTV/CVN |
future manifestation culturelle internationale», s’enorgueillit-il.
Une «maison de mode» ne meurt jamais
Né en 1970 à Bên Tre, dans le delta du Mékong (Sud), Lê Thanh Phuong est diplômé de l’Université des beaux-arts de Hô Chi Minh-Ville. Sa carrière de styliste a commencé en 1999, après qu’il ait obtenu le Prix de «la plus forte impression» au concours de mode «Vietnam Collection Grand Prix». «Dans une certaine mesure, je n’ai pas de chance dans ma vie professionnelle», avoue-t-il, avec un léger sourire aux coins des lèvres. Quatre fois déjà, il a dû mettre la clé sous la porte et a été contraint cinq fois de changer de métier. Un triste constat qu’il explique aisément : «Comme mon ami, le metteur en scène Vu Ngoc Dang me l’a dit : je cherche à vendre les modèles que j’aime, et non ceux que les clients recherchent. Force est de constater qu’il avait raison. Car, plutôt que de me soucier à faire fortune avec mes affaires, je ne me suis intéressé qu’à la recherche de la beauté». Et de citer comme exemple la fois où il a fait et refait à maintes reprises une robe commandée par une cliente. «J’ai utilisé au total 150 m de tissu avant d’être satisfait de ma création. La seule dépense pour le tissu utilisé était déjà beaucoup plus élevée que le prix de la robe… Cette anecdote suffit à expliquer mes échecs successifs dans le métier, ne pensez-vous pas ?».
Ce perfectionniste, guidé par sa passion, n’a toutefois jamais renoncé à abandonner sa carrière de styliste et de couturier. Et de révéler que son actuelle «maison de mode», la cinquième en treize ans, a été montée il y un an seulement. «J’espère que tout ira bien mieux cette fois-ci» s’exprime-t-il. Auparavant, le styliste a travaillé durant cinq ans en tant qu’accessoiriste et costumier pour un studio de films télévisés.
Nghia Dàn/CVN