La stratégie climatique de Biden au cœur du plan de transformation des infrastructures

Avec son plan de 2.000 milliards d'USD d'investissements dans les infrastructures, le président américain Joe Biden a du même coup dévoilé le cœur de sa stratégie climatique, en détaillant ses grandes orientations pour atteindre les objectifs environnementaux fixés pour le pays.

>>Biden propose un plan dont l'Amérique se souviendra "dans 50 ans"

>>États-Unis : Biden veut investir 2.000 milliards dans les infrastructures et "voir grand"

Le président américain Joe Biden prononce un discours à Pittsburgh, en Pennsylvanie, le 31 mars.
Photo : AFP/VNA/CVN

Le vaste projet doit notamment mettre les États-Unis sur le bon chemin pour tenir deux promesses phares du démocrate : ramener à zéro les niveaux de pollution dans le secteur énergétique américain d'ici 2035, et que l'économie du pays atteigne une neutralité carbone d'ici 2050.

"Nous pensons qu'avec ces investissements (...), nous pouvons faire de (ces engagements) une réalité", a déclaré jeudi 1er avril Gina McCarthy, conseillère nationale sur l'environnement. "Oui, c'est audacieux, et nous pensons que c'est exactement ce qu'il faut faire."

Le plan de Joe Biden met d'abord l'accent sur la transformation du secteur automobile, en investissant 174 milliards d'USD pour "gagner le marché des véhicules électriques", par exemple en stimulant les chaînes d'approvisionnement du pays ou le rééquipement des usines.

Il prévoit de construire un réseau national de 500.000 stations de recharge d'ici 2030, et le passage à l'électricité pour 20% des célèbres bus jaunes de ramassage scolaire.

Ensuite, le plan s'attaque au secteur énergétique (100 milliards d'USD d'investissement).

Il comporte une extension d'avantages fiscaux visant à inciter à la production d'énergie renouvelable, notamment solaire et éolienne. Et l'utilisation par les bâtiments fédéraux d'énergie "propre" uniquement.

Surtout, il propose l'instauration d'une mesure obligeant les fournisseurs d'électricité à ce qu'une proportion donnée de l'énergie vendue provienne de sources n'émettant pas de CO2 (Clean Electricity Standard).

"Une mesure politique incroyablement efficace", selon Lindsey Walters, de l'organisation Third way, notamment pour "susciter une demande de long terme pour des technologies d'énergie propre". Ce mécanisme est déjà utilisé localement, par exemple en Californie.

"C'est l'une des meilleures méthodes pour obtenir les réductions (d'émissions) que nous recherchons", a souligné Gina McCarthy.

La conseillère a par ailleurs rappelé l'annonce la semaine dernière par l'exécutif de l'accent mis sur l'éolien en mer, pour lequel il a fixé l'objectif de produire 30 gigawatts (GW) d'ici 2030, via des milliards d'investissements par an sur les côtes atlantiques et pacifiques.

"Pierre angulaire"

"Les deux plus grosses sources de pollution aux États-Unis sont les transports et la production d'énergie, et ce plan a des engagements forts sur les deux", a commenté pour l'AFP Dan Lashof, directeur de l'organisation World Resources Institute aux États-Unis. "C'est ambitieux. Je pense que c'est le bon plan, au bon moment", a-t-il ajouté, qualifiant le projet de "pierre angulaire de la stratégie climatique" de Joe Biden.

Des éoliennes en Californie.
Photo : AFP/VNA/CVN

Pour Amol Phadke, scientifique à UC Berkeley, se concentrer en priorité sur la production d'électricité est la bonne chose à faire : "vous décarbonez le secteur énergétique, puis vous électrifiez les autres secteurs". Ainsi, les voitures roulent avec de l'électricité elle-même produite sans émettre de gaz à effet de serre. "C'est très logique", dit le chercheur, auteur d'un rapport sur la façon dont les États-Unis peuvent atteindre 100% d'énergie propre en 2035.

Selon ce document, 90% de l'électricité du pays pourra être produite avec les technologies déjà existantes - éolien et solaire notamment. Pour les 10% restants, de nouvelles innovations seront nécessaires, et Amol Phadke se félicite donc des investissements annoncés dans la recherche.

Le plan Biden veut soutenir des projets dans l'hydrogène, le biocarburant, le nucléaire... Il appelle le Congrès à consacrer 35 millions de dollars "à des percées technologiques" pour "réduire les émissions".

L'une des solutions mentionnées est le captage de carbone, pour les industries de l'acier ou du ciment par exemple, qui permet de le stocker, au lieu qu'il ne s'échappe dans l'atmosphère.

Actuellement, 37% de l'électricité aux États-Unis est déjà produite sans émission de gaz à effet de serre (20% nucléaire, 17% renouvelable, dont une bonne part d'énergie hydraulique).

Bataille politique en vue

Tous ces investissements vont créer des emplois bien payés, martèle l'exécutif.

Mais les négociations avec les républicains s'annoncent très difficiles.

Le chef de la minorité républicaine au Sénat Mitch McConnell a promis jeudi 1er avril de "combattre à chaque étape" le plan, qui prévoit "plus d'argent pour les voitures électriques que pour les routes et les ponts", a-t-il décrié.

La présidente démocrate de la Chambre des Représentants, Nancy Pelosi, a elle déclaré vouloir le faire adopter d'ici début juillet. Des mois de bataille en perspective.


AFP/VNA/CVN

Rédactrice en chef : Nguyễn Hồng Nga

Adresse : 79, rue Ly Thuong Kiêt, Hanoï, Vietnam.

Permis de publication : 25/GP-BTTTT

Tél : (+84) 24 38 25 20 96

E-mail : courrier@vnanet.vn, courrier.cvn@gmail.com

back to top