La saison Nobel 2018 s'ouvre sans la littérature

La médecine ouvre lundi 1er octobre une saison Nobel 2018 privée de son prix de littérature après son retentissant report, pour la première fois depuis près de 70 ans, par une Académie suédoise en lambeaux.

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L'une des médailles d'or gravées à l'effigie d'Alfred Nobel, lors d'une conférence de presse avant la remise du prix Nobel de médecine, à Stockholm en Suède le 5 octobre 2015.

Après la médecine annoncée à 11h30 (09h30 GMT) à Stockholm suivront la physique mardi, la chimie mercredi et l'économie lundi 8 octobre. Entretemps à Oslo, le 5, sera dévoilé le lauréat du Nobel de la paix.

L'annonce du ou des lauréats du prix de "physiologie ou médecine" est attendue quelques minutes après le prononcé du verdict dans le procès de Jean-Claude Arnault, considéré comme le fossoyeur du prix de littérature.

Ce Français installé depuis le début des années 1970 à Stockholm encourt plusieurs années de prison pour le viol en 2011 d'une jeune femme, révélé dans la foulée du mouvement #MeToo en novembre 2017.

Le scandale a mis au jour les liens étroits entre Jean-Claude Arnault, marié à une académicienne, et l'Académie suédoise qui finançait son club stockholmois et observait le mutisme complet sur ses écarts de conduite pourtant notoires, selon ses accusatrices.

Les 18 académiciens se déchirent depuis sur la façon de gérer la crise. Plusieurs d'entre eux se sont mis en congé de l'institution, incapable dès lors de fonctionner et en particulier de sélectionner un Nobel.

Pour la première fois depuis 1949, le prix de littérature est donc reporté et sera annoncé l'an prochain en même temps que le prix 2019. Si tout va bien...

"Je croise les doigts mais telles que sont les choses à l'heure actuelle, je ne suis pas certain", s'inquiète ainsi Hakan Bravinger, éditeur chez Norstedts, deuxième plus grande maison suédoise.

Un prix de la paix ouvert

Sans la littérature, il n'y aura guère que la paix pour faire pleinement briller l'éclat des Nobel cette année. L'Institut Nobel a reçu cette année 329 candidatures --valides--, y compris celles avancées par les cinq membres du comité attribuant le prix, eux aussi autorisés à proposer des noms.

Celui du président américain Donald Trump a été évoqué pour ses efforts en faveur de la réconciliation sur la péninsule coréenne et sa main tendue au dirigeant nord-coréen Kim Jong Un.

Mais de l'avis de Dan Smith, directeur de l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), récompenser le locataire de la Maison Blanche serait "inopportun" après son retrait d'accords multilatéraux sur le climat et l'Iran notamment.

Le président sud-coréen Moon Jae-in a également été cité. "Prématuré", poursuit Dan Smith qui rappelle les désillusions après l'attribution du prix de la paix à son prédécesseur Kim Dae-jung en 2000.

Parmi les autres noms avancés figurent le célèbre chirurgien congolais, le Dr Denis Mukwege, et la Yazidie Nadia Murad, qui combattent tous deux les violences sexuelles.

Deux agences des Nations unies, le Programme alimentaire mondial (PAM) et le Haut-commissariat aux réfugiés (HCR), sont également nommés parmi les favoris, de même que le blogueur saoudien Raif Badawi et des associations de défense des médias et des droits de l'Homme en Russie.

Du génome aux batteries

Comme chaque année depuis 1901, les spéculations font rage pour départager les prix scientifiques dont le palmarès fait la part belle aux savants américains.

Selon la radio publique suédoise SR, le prix de médecine décerné par l'institut Karolinska pourrait aller à deux femmes, la Française Emmanuelle Charpentier et l'Américaine Jennifer Doudna, ayant mis au point un outil révolutionnaire de modification du génome, au nom barbare de "CRISPR-Cas9".

Elles ont reçu en 2015 pour leurs recherches le prix "Breakthrough in Life Sciences" créé par les fondateurs de Google et Facebook.

Un autre chercheur, l'Américain d'origine chinoise Feng Zhang, revendique la paternité de la découverte.

D'autres innovations sont citées pour le prix de médecine, dont l'implant cochléaire qui se substitue à l'oreille interne déficiente, et le séquençage du génome qui ne cesse de se perfectionner.

Le quotidien Svenska Dagbladet cite aussi des recherches sur les vertus antidouleur des opiacées, le rôle des vaisseaux sanguins dans la lutte contre les tumeurs, la création d'une base de données génétique géante.

Pour le prix de physique, SR avance que l'Académie royale des sciences pourrait par exemple récompenser des travaux sur les boîtes quantiques, des nanostructures de semiconducteurs utilisés dans l'informatique, la composition de cellules photovoltaïques, l'imagerie médicale...

Pour le prix de chimie, un éternel favori de 96 ans, John Goodenough, pourrait enfin se voir récompensé pour l'invention des batteries lithium-ion présente dans les smartphones, les ordinateurs et les véhicules électriques. Chaque prix Nobel est doté de 9 millions de couronnes (871.000 euros).


AFP/VNA/CVN

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