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Le freerunner Johan Tonnoir s'entraîne au Trocadero, la Tour Eiffel en arrière-plan, le 11 mai à Paris. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Johan Tonnoir a claqué la porte de son petit appartement situé dans le Nord-Ouest parisien pour filer sur son skateboard électrique, un masque en tissu noir sur le visage. Direction d'abord l'un de ses spots préférés, celui de la passerelle Simone de Beauvoir, qui enjambe la Seine dans le 13e arrondissement.
C'est "assez bizarre" pour Johan Tonnoir de ne pas avoir à remplir une attestation justifiant de sa sortie. Mais il ne boude pas son plaisir, d'autant que la pluie a cessé et que le vent fort qui souffle sur Paris n'est qu'un défi supplémentaire dans sa pratique.
Le freerunning - discipline née au début des années 2000 consistant à se servir de son corps avec esthétisme pour passer des obstacles en milieu urbain - est sa vie depuis dix ans. Avec le confinement, il n'a pu s'entraîner à Paris durant deux mois. Inédit.
"J'ai toujours été m'entraîner sur le béton, le marbre, le dur. C'est clairement la première fois que je suis autant restreint", explique-t-il.
Sur la longue passerelle, il y a bien peu de monde. Johan Tonnoir reprend goût aux mouvements en extérieur : il se jette sur la rambarde, tourne le dos à la Seine et effectue une roue dans un exercice d'équilibre bluffant.
Après quelques figures, direction la Tour Eiffel. Ce n'est pas un spot qu'il fréquente souvent car d'ordinaire il y a trop de monde pour pouvoir y évoluer mais en ces temps si particuliers, l'Esplanade du Trocadéro est tentante.
Voir des gens
Le soleil inonde le marbre, la Tour Eiffel est ornée d'un grand drapeau bleu blanc rouge, quelques touristes se prennent en selfie, les crêpes de la petite maisonnée située près du musée de la Marine ne font pas vraiment recette.
Le freerunner n'a pas trop de mal à se faire une place, il effectue des saltos, grimpe sur les rebords pour se poser à l'envers sur une main, près des statues dorées, dont certaines ont un masque.
"C'est la première fois que je sors en milieu urbain depuis deux mois, ça fait du bien. Surtout de voir autant de gens, elle était plutôt glauque l'ambiance (avec le confinement). On voit beaucoup de vie", se réjouit Tonnoir, qui aime pratiquer au sol mais aussi sur les toits.
Le freerunner, qui a d'abord passé le premier mois du confinement dans sa famille dans les Hauts de France, a rejoint Paris il y a deux semaines mais il n'a pas pu profiter des aménagements des derniers jours pour pratiquer en extérieur en raison d'une blessure à un genou.
Le freerunner Johan Tonnoir s'entraîne au Trocadero, le 11 mai à Paris. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Ce lundi 11 mai a donc pour lui une double saveur.
"S'adapter", rappelle cet acrobate de la rue et membre de la French Freerun Family, tout en admirant "une aussi belle vue".
Autour de lui, de nombreux cyclistes traversent l'esplanade, de jeunes skaters tentent des figures accompagnés par un petit chien noir qui aboie à chaque envolée. Des enfants roulent sur leur trottinette. Tous se tiennent relativement à bonne distance les uns des autres. Rares sont ceux qui ne portent pas de masque.
La journée a été belle. Demain, Johan Tonnoir retournera s'entraîner dehors en attendant de savoir comment appréhender la suite : toutes les compétitions sportives auxquelles il devait participer sont en suspens et les spectacles qu'il devait jouer sont annulés.
AFP/VNA/CVN