Aux dires de spécialistes, cette espèce vit essentiellement dans la réserve naturelle de Son Trà (ville côtière de Dà Nang au Centre), qui constitue un véritable "royaume" pour cette espèce de primate.
Dans le processus d'intégration et de développement du pays, Dà Nang est une ville motrice de la Région économique du Centre et s'oriente vers l'élaboration du label "Ville touristique". La réserve naturelle de Son Trà joue un rôle important dans sa stratégie de développement touristique.
Selon un rapport réalisé en 2010 par l'Office forestier de Dà Nang, la flore forestière de la réserve comprend quelque 1.000 espèces, laquelle prodigue un abri à 288 espèces animales, sans compter le récif corallien, le tapis d'algues marines et les nombreuses espèces de poissons et de crustacés... Elle recense également la plus riche population de doucs à pattes brunes d'Asie du Sud-Est.
Thai Van Quang, chef du bureau technique relevant du Service municipal de l'agriculture et du développement rural, indique qu'en 1977, le gouvernement a publié une décision concernant la création de dix réserves nationales dont Son Trà. Cette dernière s'étend sur plus de 4.400 ha. Le douc à pattes brunes a été reconnu en tant qu'espèce à part entière suite aux enquêtes menées en 1969 par le zoologiste américain Van Peenen puis de ses confrères, notamment celle de Dinh Thi Phuong Anh, scientifique de l'École normale de Dà Nang en 1997.
Avec l'aide de l'Organisation internationale en la matière (Douc Langur Foundation) implantée à San Diego (États-Unis), les scientifiques de l'École supérieure des sciences naturelles (Université nationale de Hanoi) et de l'École normale de Dà Nang, en collaboration avec l'Office forestier municipal, ont lancé en 2006 une étude sur cette espèce à la péninsule de Son Trà. Ils ont ainsi conclu que cette espèce était assez répandue dans les forêts de la réserve naturelle de Son Trà. Les observations directes ont permis de dénombrer 12 troupes regroupant près de 200 individus. Chaque troupe était constituée de 14 à 17 membres, adultes et petits confondus. Selon d'autres examens réalisés entre 2008 et 2010, 18 troupes avec environ 300 individus ont été recensées, soit six troupes et 102 spécimens de plus qu'en 2006. Ce qui signifie que la population de cette espèce à Son Trà se porte bien et jouit d'un environnement favorable.
D'après le groupe de scientifiques de l'École supérieure des sciences naturelles (Université nationale de Hanoi), le régime alimentaire de ce primate est varié, composé de 77 sortes de bourgeons, feuilles, fleurs et fruits que l'on peut trouver dans cette réserve.
Des risques cachés
Les menaces qui pèsent sur la biodiversité de la réserve naturelle de Son Trà risquent d'avoir un impact majeur sur la vie du douc. Le développement des infrastructures et des zones touristiques dans cette région appauvrissent peu à peu la biodiversité de cette péninsule.
Les cadres locaux partagent que la réserve de Son Trà se trouve dans un milieu particulièrement propice au développement économique, ce qui fait que la protection de cette réserve est difficile suite au boom de l'urbanisation et des activités touristiques.
Cependant, afin de mieux protéger la réserve naturelle de Son Trà, la mairie a publié une décision concernant le rajustement de cette zone à l'horizon 2020. Selon cette dernière, la superficie du territoire forestier de ce parc couvrira 2.591 ha, soit la moitié de la superficie totale de la péninsule de Son Trà.
Lors d'une récente séance de travail avec la mairie de Dà Nang, les représentants des services concernés ont discuté des menaces existantes pour cette réserve, essentiellement pour le primate. "L'option de la municipalité est de développer le tourisme, qu'il faut bien entendu relier à la protection de la biodiversité de la péninsule de Son Trà. En juin 2010, Dà Nang a approuvé le plan de protection de la biodiversité de la réserve naturelle de Son Trà période 2010-2020, pour lequel une enveloppe de 40 milliards de dôngs est allouée", souligne Phùng Tân Viêt, maire adjoint de Dà Nang. "Une décision indispensable pour empêcher l'appauvrissement de la biodiversité au sein de cette réserve en général et des populations de doucs", ajoute-t-il.
Il estime que l'harmonisation entre le développement touristique dura-ble et la protection du primate dans la péninsule de Son Trà contribuera efficacement à la réalisation de la stratégie nationale sur la protection de la nature.
La péninsule de Son Trà, une destination idéale
Son Trà est une faveur exceptionnelle que la nature offre à la ville côtière de Dà Nang (Centre). Si cette dernière investit massivement pour le développement touristique de cette péninsule, Son Trà pourra devenir une destination de renom.
Située à près de 10 km au Nord-Est du centre de Dà Nang , la péninsule de Son Trà s'étend sur 60 km² et culmine à environ 700 m d'altitude. Cette péninsule ressemble à une sorte de champignon : le mont de Son Trà constitue son chapeau et le pied est parsemé de dunes de sable jaune. On peut contempler cette montagne, quelque soit l'endroit où l'on se trouve à Dà Nang. Le panorama qui s'offre à nos yeux au sommet de Son Trà est tout simplement somptueux. On peut observer la ville de Dà Nang dans sa globalité, tout en profitant de la brise qui rafraîchit l'atmosphère et caresse nos visages.
Par le passé, Son Trà était une île composée de trois monts : Nghê situé au Sud-Est, Mo Diêu à l'Ouest et Cô Ngua au Nord. Au fil du temps, le banc de sable s'est modifié pour former une langue de terre reliant l'île de Son Trà à la terre ferme, donnant naissance à la péninsule éponyme. Au Nord, c'est un massif montagneux accessible par le col de Hai Vân. Le Sud de la péninsule de Son Trà abrite une baie au sein de laquelle les ports de Liên Chiêu et de Tiên Sa sont nichés.
Nam Phuong/CVN