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Hassan Ali Kasi, un "qari" ou réciteur du Coran, lors d'une interview à l'AFP, le 26 mars 2021. |
L'acharnement de Hassan Ali Kasi, a enfin payé. Il a récemment été sacré champion d'une compétition internationale, disputée en ligne, qui l'opposait à des hommes venus de 25 autres pays.
Révérés au Pakistan, les "Qaris", les récitateurs du Coran, sont chargés de mener la prière dans les mosquées ou d'enseigner le texte sacré aux étudiants des madrassas, les écoles coraniques.
Ils sont particulièrement demandés pendant le mois de jeûne du ramadan, qui vient de commencer.
"Cette charge revenait aux prophètes", déclare Hassan Ali Kasi à l'AFP dans la capitale Islamabad. "L'un des tout premiers éléments du prêche, c'était la récitation. C'est aussi vieux que l'islam."
Les "Qaris" doivent prononcer à la perfection l'arabe, un savoir parfois difficile à maîtriser pour un locuteur pakistanais, dont la langue nationale est l'ourdou.
La finesse du rythme et de l'intonation produit la mélodie lente distinctive de l'"adhan", l'appel à la prière, lancé cinq fois par jour au moyen de hauts-parleurs.
En compétition, la récitation peut durer jusqu'à 15 minutes. Pour l'aider à contrôler sa respiration, Hassan Ali Kasi recourt au yoga. Il exerce aussi constamment sa voix.
"Un Qari devrait être capable de réciter pour un minimum de 50 secondes sans reprendre sa respiration", observe celui qui suit un cursus en études islamiques dans une université d'Islamabad.
"Un don de Dieu"
"La gorge est très sensible. Un Qari devrait éviter l'eau froide et la nourriture grasse car elle produit trop de mucus, qui écorche la voix quand on touche les notes hautes", explique-t-il.
Il a appris son art de son père et il a très rapidement été reconnu au Pakistan, décrochant plusieurs récompenses avant d'aussi s'imposer sur la scène internationale.
Hassan Ali Kasi doit également travailler constamment sa forme physique et son souffle. |
De nombreux "Qaris" sont repérés dans des madrassas pakistanaises, où les jeunes garçons apprennent à mémoriser par cœur le Coran, le plus souvent sans comprendre la langue arabe ni le message véhiculé par le texte.
Cet enseignement se fait aussi souvent aux dépens des autres sujets d'étude, ce qui amène certains à accuser les madrassas d'endoctriner de la sorte leurs élèves.
Mais pour des millions de garçons, venant des recoins les plus pauvres de ce pays profondément conservateur, c'est souvent la seule voie d'accès à l'éducation, ces écoles coraniques fournissant un abri, des vêtements et de la nourriture. Très peu de madrassas sont ouvertes aux filles.
Les enfants qui vont au bout de leurs études peuvent devenir des enseignants ou diriger les prières dans des mosquées de par le monde entier, même si cela leur rapporte peu d'argent.
"Il faut travailler particulièrement dur", remarque Abdul Qudus, un représentant de Wafaq-ul-Madaris al-Arabia, le plus grand groupe de madrassas du pays. "La voix, c'est un don de Dieu. Mais il faut le polir", souligne-t-il.
D'après lui, des centaines de religieux en charge de mener les prières dans les pays du Moyen-orient sont passés par des madrassas, alors que d'autres diplômés enseignent le Coran sur internet à des Pakistanais vivant en Europe ou aux États-Unis.
Hassan Ali Kasi, qui s'entraîne pendant des heures avant chaque compétition, prête son succès à la qualité de ses professeurs. "Quand vous suivez un bon Qari, vous pouvez faire entendre votre voix dans le monde entier", dit-il.