La réserve de biosphère mondiale à l'Ouest de Nghê An est devenue l'une des huit réserves de ce genre reconnues par l'UNESCO au Vietnam.
Elle englobe le Parc national de Pù Mát et les réserves naturelles de Pù Huông et Pù Hoat, implantés sur neuf districts montagneux de cette province du Centre. C'est la plus grande réserve de biosphère d'Asie du Sud-Est, avec une superficie totale de plus de 1,3 million d'hectares, divisée en trois zones : zone centrale (191.922 ha), zone tampon (503.270 ha) et zone périphérique (608.093 ha). Ce couloir vert, qui s'étend sur plus de 500 km de long, abrite la majorité des catégories de forêts denses au Nord de la cordillère de Truong Son. En particulier, cette zone est l'unique du Nord du pays où subsiste une vaste forêt primitive en bon état, en majeure partie le long de la frontière vietnamo-lao. Un lieu idéal pour mener des programmes d'étude des écosystèmes, selon Nguyên Thanh Nhàn, directeur du Parc national de Pù Mát.
L'harmonie rêvée entre nature et culture
M. Nhàn a participé, avec un groupe de scientifiques du Centre de recherche et d'éducation en environnement de l'École normale supérieure de Hanoi, à l'élaboration du dossier remis à l'UNESCO.
"En 2006, nous nous sommes rendus sur le terrain pour prendre des photos et rassembler des documents afin de rédiger le dossier adressé au Comité national des programmes sur les êtres humains et la biosphère du Vietnam (qui l'a envoyé ensuite à l'UNESCO). Ce travail, bien que difficile, a été extrêmement intéressant", raconte-t-il.
Le premier jour, en remontant la rivière Giang, les scientifiques ont été surpris par la beauté des milieux naturels : "Que de beautés cette forêt primitive à l'Ouest de Nghê An doit receler !", se sont-ils exclamés. À 1.500 m d'altitude, ils sont tombés sur une forêt d'arbres nains de seulement 3-4 m de hauteur (pour résister aux vents des sommets), fort différente des massifs de Cunninghamia de 60-70 m de haut qui poussaient en dessous. La végétation comprenait aussi bien des forêts à feuillage persistant dans les zones basses exposées à la mousson que de féeriques forêts brumeuses à plus de 2.300 m d'altitude.
Les "explorateurs" y ont découvert une étonnante diversité floristique et faunistique. Les scientifiques y ont dénombré près de 1.300 espèces végétales et 130 de mammifères, dont l'éléphant. Parmi les espèces animales, 80 sont listées dans le Livre Rouge du Vietnam des espèces menacées de disparition, comme le saola (Pseudoryx nghetinhensis), le douc langur (Pygathrix nemaeus), le lapin tigré de Truong Son (Nesolagus)…
Et 70 végétaux font aussi partie de cette liste comme le sa mu dâu (Cunninghamia konishii), qui couvre des milliers d'hectares…
Ce site abrite encore 295 espèces d'oiseaux, 54 d'amphibiens et de reptiles, 83 de poissons, 39 de chauve-souris. En particulier, les éléphants constituent actuellement une question centrale parce que le Nghê An occidental est l'une des trois zones du pays, avec Dak Lak (hauts plateaux du Centre) et Ðông Nai (Sud), où existent de bonnes populations d'éléphants d'Asie.
D'après M. Nhàn, une autre particularité de cette réserve de biosphère mondiale, ce sont les sept ethnies qui y vivent : Kinh, Thái, Kho Mú, Thô, H'mông, Ðan Lai et O Ðu (cette dernière ne compte plus que 340 personnes). Leurs particularismes culturels sont encore bien préservés : tissage de la brocatelle, danse Xoè et gongs des Thái ; instruments de musique à lèvres (dàn môi - sorte de guimbarde), syrinx ou flûte de Pan (khèn) des H'Mông ; coutume de dormir... assis des Ðan Lai ; danse de célébration de la nouvelle maison, instrument de musique tangbu et chant tom des Kho Mú... "Les quelque 884.000 +éco-citoyens+ vivant dans cette réserve de biosphère sauvage et grandiose aideront la communauté internationale à découvrir divers métiers et arts traditionnels du Vietnam, contribuant à présenter sa diversité culturelle auprès des amis étrangers", a insisté le directeur du Parc national de Pù Mát.
À ses yeux, grâce à l'harmonie entre nature et culture, ce site devrait jouer un rôle important dans le développement socio-économique et l'augmentation du niveau de vie des nombreux groupes ethniques qui l'habitent. Bien qu'elle possède une riche biodiversité, la partie Ouest de Nghê An est en effet l'une des régions les plus pauvres du pays, avec un revenu moyen per capita de seulement 513 dollars en 2010.
Le Cunninghamia konishii Hayata, un arbre patrimonial du pays
Le 29 avril, le prof.-Docteur Pham Bình Quyên, secrétaire général de l'Association de protection de la nature et de l'environnement du Vietnam (VACNE), a remis à la province de Nghê An le certificat de reconnaissance du Sa mu dâu (Cunninghamia konishii Hayata, appartenant à la famille des Taxodiaceae), une espèce proche de l'if que l'on trouve dans le Parc national de Pù Mát, comme l'un des "Arbres patrimoniaux du Vietnam" à préserver et à développer.
Un spécimen d'environ 70 m de haut, de 5,5 m de diamètre et de 23,7 m de périmètre a été trouvé fin novembre 2009 dans une zone reculée du Parc national de Pù Mát, province de Nghê An (Centre). C'est le plus grand d'une population qui couvre plus de 30.000 ha dans quatre districts (Con Cuông, Tuong Duong, Kì Son et Quê Phong) de la réserve de biosphère mondiale à l'Ouest de Nghê An.
Pour l'instant, les experts de Nghê An cherchent à reproduire ces conifères, dont le bois est très apprécié en ébénisterie.
La notion de biosphère désigne à la fois un espace vivant et un processus dynamique et auto-entretenu (jusqu'à ce jour et depuis près de quatre milliards d'années) sur la planète Terre. Le processus est évolutif et correspond à l'entretien et à la complexification de la vie sur Terre. Les milieux produits, adaptés et/ou entretenus par les organismes vivants, font partie intégrantes des écosystèmes présents dans la lithosphère, l'hydrosphère et une partie de l'atmosphère. On y ajoute parfois la cryosphère.
vLa biosphère résulte pour l'essentiel de l'action ancienne, présente et conjointe d'une très grande variété de phénomènes, d'organismes et d'espèces vivantes en relation et en interdépendance plus ou moins grande. C'est ce qui constitue l'évolution et la diversité biologique des écosystèmes.
vPour le biologiste, la biosphère est un vaste espace de vie et d'étude. Pour le physicien, la biosphère est un espace de vie et d'étude d'un vaste système thermodynamique ouvert aux influences extérieures, qui tire l'essentiel de son énergie du rayonnement solaire, via la photosynthèse. Fixant chaque année, en énergie chimique, quelque 500 milliards de milliards de calories, soit près de 10 fois plus que n'en utilisent toutes les formes de l'industrie humaine.
(Source : Wikipédia)
Hông Nga/CVN