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Après une attaque de drones, de la fumée s'élève au-dessus du site pétrolier d'Abqaiq du géant saoudien Aramco, à 60 km au sud-ouest de Dahran, dans l'Est de l'Arabie saoudite, le 14 septembre 2019. |
Après cette troisième attaque du genre en cinq mois contre des infrastructures du mastodonte pétrolier, le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane a affirmé que son pays avait "la volonté et la capacité de faire face et répondre à cette agression terroriste", au cours d'un entretien téléphonique avec le président américain Donald Trump.
Mais ces attaques ont conduit à "la suspension provisoire de la production" sur les deux sites touchés, ce qui représente environ 50% de la production totale d'Aramco. Ces installations temporairement mises à l'arrêt produisent en temps normal 5,7 millions de barils par jour, soit environ 5% de la production mondiale de brut quotidienne.
"Les États-Unis condamnent fermement l'attaque d'aujourd'hui contre d'importantes infrastructures énergétiques. Des actions violentes contre des zones civiles et des infrastructures vitales pour l'économie mondiale ne font qu'aggraver les conflits et la méfiance", a pointé la Maison Blanche après cet appel téléphonique entre "MBS" et Donald Trump.
Le secrétaire d'État américain Mike Pompeo a été encore plus explicite: "L'Iran a lancé une attaque sans précédent contre l'approvisionnement énergétique mondial", a-t-il affirmé.
"Nous appelons tous les pays à condamner publiquement et sans équivoque les attaques de l'Iran. Les États-Unis œuvreront avec nos partenaires et alliés pour assurer l'approvisionnement des marchés énergétiques et pour que l'Iran rende des comptes pour son agression", a-t-il ajouté.
Les équipes de sécurité d'Aramco sont intervenues pour éteindre des incendies à Abqaiq et Khurais, et "les deux incendies ont été maîtrisés", selon le ministère de l'Intérieur. Une enquête a été ouverte et les autorités ont renforcé la sécurité autour des deux sites visés, empêchant les journalistes de s'approcher.
"Puiser dans les stocks"
L'attaque n'a fait aucun blessé, a déclaré le porte-parole du ministère, Mansour al-Turki.
Le site d'Abqaiq, à 60 km au sud-ouest de Dahran, principal siège du géant pétrolier, abrite la plus grande usine de traitement du pétrole d'Aramco, selon son site internet. Khurais, à 250 km de Dahran, est l'un des principaux champs pétroliers de l'entreprise publique.
"En fonction de l'ampleur des dégâts et d'éventuelles pannes, Aramco utilisera ses plans d'urgence en puisant dans ses stocks", a expliqué Samir Madani, cofondateur du site de suivi du transport maritime Tanker Trackers. "Il pourrait y avoir des ruptures d'approvisionnement si les dégâts à Abqaiq sont importants".
L'attaque intervient alors qu'Aramco prépare son introduction en bourse qui doit avoir lieu "bientôt", selon son nouveau PDG Amin Nasser.
Dans un communiqué, les Houthis, faction yéménite soutenue politiquement par Téhéran, grand rival régional de Ryad, ont fait état d'"une opération d'envergure contre des raffineries à Abqaiq et Khurais".
Les Houthis, qui revendiquent régulièrement des tirs de drones ou de missiles contre des cibles en Arabie saoudite, affirment agir en riposte aux frappes aériennes de la coalition militaire menée par Ryad. Celle-ci intervient depuis 2015 dans la guerre au Yémen déclenchée en 2014 par une offensive des Houthis, qui se sont emparés de vastes pans du territoire dont la capitale Sanaa. Le conflit a provoqué la pire crise humanitaire au monde selon l'ONU.
Menace sérieuse
Capture d'écran à partir d'une vidéo de l'AFPTV montrant une colonne de fumée s'échappant d'une installation d'Aramaco à Abqaiq en Arabie Saoudite le 14 septembre. |
L'attaque a été condamnée par plusieurs pays arabes du Golfe et l'Égypte.
Dans un communiqué, l'émissaire de l'ONU pour le Yémen Martin Griffiths a jugé "la récente escalade militaire extrêmement inquiétante", appelant "toutes les parties à la retenue" et à "éviter de mettre en danger le processus de négociations engagées par l'ONU".
D'après des experts, les attaques des rebelles yéménites montrent qu'ils disposent d'armes sophistiquées et constituent une menace sérieuse pour l'Arabie saoudite et plus particulièrement pour ses installations pétrolières.
Le 17 août, les Houthis avaient dit avoir mené une attaque à l'aide de dix drones, "la plus massive jamais lancée en Arabie saoudite", contre le champ de Shaybah (Est), qui avait provoqué un incendie "limité" selon Aramco sur une installation gazière, sans faire de blessés.
Le 14 mai, les Houthis avaient revendiqué une attaque de drones dans la région de Ryad, contre deux stations de pompage d'un oléoduc reliant l'est à l'ouest du royaume, qui avait entraîné l'interruption temporaire des opérations sur cette installation.
Cette opération avait ajouté aux tensions grandissantes dans la région du Golfe, après des attaques et des actes de sabotage contre des pétroliers en mai et juin, imputés par les États-Unis et son allié saoudien à l'Iran, qui a nié toute implication.
La destruction d'un drone américain, entré dans l'espace aérien iranien selon Téhéran, avait fait craindre un embrasement général. Donald Trump avait alors affirmé avoir annulé à la dernière minute des frappes de représailles.
AFP/VNA/CVN